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En quoi le roman de Montesquieu, Les Lettres Persanes, et le parcours associé illustrent-ils ce propos?

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Par   •  4 Novembre 2020  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 220 Mots (5 Pages)  •  734 Vues

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Lila ARNOUX

Dissertation de français

 

 La Littérature française, dynamique et histoire tome II, Michel Delon écrit à propos de la littérature du XVIIIème siècle : "Le décalage, le changement de point de vue, l'ironie bouleversent l'ordre du monde et la société". 

En quoi le roman de Montesquieu, Les Lettres Persanes, et le parcours associé illustrent-ils ce propos?

Première œuvre littéraire de Montesquieu, publiée anonymement à Amsterdam pour éviter la censure, les Lettres persanes sont un roman épistolaire composé de 161 lettres écrites par des Persans. Dans l'introduction de l'œuvre, l'auteur prétend avoir été logé avec des Persans séjournant en France, qui lui auraient communiqué les lettres échangées avec leurs amis restés à Smyrne, en Perse. Ainsi l'auteur aurait recopié ces lettres pour les offrir au public. Le subterfuge ne trompera pourtant personne, mais lui permettra d’éviter la censure. Le « décalage » comme le dit Michel Delon a en soit plusieurs sens. Le premier, le décalage dans l’espace : le fait d’être décalé par rapport aux autres, être éloigné. Le second est autour de la notion ‘d’être décalé’ c’est-à-dire «  de ne pas être  conforme aux attentes ».  Comment ce roman est-il construit autour d’un « décalage » ? Nous verrons dans un premier temps les procédés utilisés pour créer un effet « décalé » et dans un second temps le décalage physique dans le roman.

Montesquieu peut être considéré comme un écrivain décalé lorsqu’il écrit les Lettres Persanes. En effet, les critiques subtiles qu’il va laisser paraitre sous l’identité de ses personnages et de la forme épistolaire du roman ne sont pas communes  pour l’époque. Considérées comme inappropriées, elles étaient susceptibles d’être victimes de la censure. Pour pouvoir faire passer ses messages discrètement,  Montesquieu utilise des procédés littéraires qui lui permettent de se décaler de la réalité (la contourner). L’ironie est le procédé qui est le plus présent dans le récit. Montesquieu en  fait preuve dans la lettre 37 pour décrire la superficialité vaniteuse et dépensière du règne finissant de Louis XIV : d’abord dans ses priorités car « Le roi de France est vieux » ; « il n’est occupé depuis le matin jusqu’au soir qu’à faire parler de lui » puis  dans ses "contradictions qu’il m’est impossible de résoudre" : ses choix personnels « il a un ministre qui n’a que dix-huit ans, et une maîtresse qui en a quatre-vingts » , dans le favoritisme au profit de ses courtisans « Il aime à gratifier ceux qui le servent » et dans sa folie ostentatoire « Il est magnifique, surtout dans ses bâtiments : il y a plus de statues dans les jardins de son palais que de citoyens dans une grande ville. » Cela lui permet de se moquer en ne donnant pas aux mots leur valeur réelle ou complète, et en faisant entendre le contraire de ce qu’il dit.

Montesquieu utilise aussi des apologues, courts récits narratifs démonstratifs et fictifs, à visée argumentative et rédigé principalement en vers dont on tire une morale pratique, pour créer  un décalage avec la réalité. Il fait passer son message à travers une histoire. Par exemple, dans l’histoire de la fille de Soliman, Zélis raconte à Usbek que la fille de Soliman, un ami, se trouve mariée à Suphis, mais au cours de la nuit de noces, il la mutile et la rejette prétendant qu’elle n’est pas vierge : « Suphis lui coupa le visage en plusieurs endroits, soutenant qu’elle n’était pas vierge, et la renvoya chez son père. » Soliman est alors déshonoré et ne peut rien faire : « je plains Soliman  d’autant plus que son mal est sans remède et que son gendre n’a fait que se servir de la liberté de la loi ». Ce récit est un exemple de l’autorité et la violence masculine renforcée par la loi qui avantage les hommes et montre qu’en Orient et en Occident, la pudeur et la virginité étaient des vertus absolues.

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