Peut-on apprendre à mourir?
Dissertation : Peut-on apprendre à mourir?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar eva.pere1 • 28 Janvier 2021 • Dissertation • 2 039 Mots (9 Pages) • 1 482 Vues
Dans notre monde aujourd’hui, la peur du temps qui passe empêche un grand nombre de personnes à jouir pleinement de leur vie. Nous sommes, cependant, tous des condamnés à mort, alors faire face à cette finitude et à cette peur irrationnelle d’un évènement inévitable pourrait permettre au monde d’évoluer pour partir en paix, et pour mieux vivre. Mais y-a-t-il une méthode pour se préparer à la mort, ou bien avant cela ; y a-t-il un réel apprentissage à acquérir ? Nous pouvons donc nous demander : « peut-on apprendre à mourir ? » sachant qu’« apprendre » peut aussi bien être l’acquisition d’une connaissance, d’un savoir-faire que d’une disposition. Avons-nous par conséquent la capacité ou même la légitimité d’apprendre ce qu’est cesser de vivre ?
C’est ce à quoi nous allons tenter de répondre en analysant dans un premier temps les différentes visions de la mort dans la société moderne. Dans un second, nous nous demanderons ; comment la science interprète-t-elle l’apprentissage de la mort. Et enfin, quelle est cette « mort expérimentale » dans nos vies qui nous donne une conscience de notre finitude ?
Dans la société actuelle, la mort peut être interprétée de différentes manières. Mais l’entièreté de ces interprétations se rejoignent sur la même base d’interrogation : « apprendre à mourir » n’est-ce pas apprendre à apprivoiser l’idée de sa propre fin et la crainte qui l’accompagnent ?
Premièrement, quand la mort est taboue, c’est comme une sorte de déni de la réalité, et on ne peut, par conséquent, apprendre quoi que ce soit sur l’acceptation de la mort si on refuse d’être dans la conscience de ce fait. Notre société occidentale, particulièrement, semble avoir rendu la vision de la mort quelque peu étonnante, dans sa quête de la vie à tout prix. En effet, en ce qui concerne la mort, notre société est essentiellement basée sur le désir irrésistible d’immortalité. Ce mythe est d’actualité grâce à l’avancée importante de la médecine, domaine dans lequel l’humain ne cesse de progresser, qui nous permet aujourd’hui d’avoir une espérance de vie moyenne de 81 ans. Le rêve d’humain augmenté, via les nouvelles technologies, nous aide d’autant plus à atteindre un jour ce fantasme, qui semble si profondément irrésistible, que l’homme risque d’être prêt à tout au moment venu. De nombreuses fictions ont déjà abordé le sujet de l’immortalité, cependant, il est plus intéressant de parler des traces concrètes dans l’histoire, qui continuent à en faire rêver certains. Au Moyen-Âge par exemple, un alchimiste du nom de Nicolas Flamel créa ce qu’il appela « la pierre philosophale ». Au-delà de ses propriétés presque magiques de pouvoir transformer le plomb en or, elle avait la faculté, disait-on, de rendre immortel. Mais le déni, les mythes et les rêves sur le sujet de la mort, empêchent évidemment un quelconque apprentissage alors que, comme le disait Sénèque dans son livre philosophique « Lettres à Lucilius » ; « Savoir mourir est la seule chose qu’un jour on exigera forcément de nous ».
Deuxièmement, l’apprentissage de la mort peut se faire à travers celle des autres, car apprendre à faire le deuil, c’est apprendre à accepter la mort de ceux qu’on aime et apprendre sur le sujet de la mort de façon indirecte. Chaque deuil est unique car chacun le vit à sa manière, cependant, tous les deuils nous obligent un face à face brutal avec la mort, permettant ainsi une prise de conscience qui rompt le déni et les mythes, que nous avons évoqué plus tôt, possibles. Le deuil est un processus normal et universel auquel nous serons tous confronté un jour ou l’autre, ce qui nous fera donc tous avancer dans cet apprentissage difficile d’accepter que l’homme tende vers une fin certaine. L’écrivain Robert Baillie dit « Le deuil est une convalescence. Le repos de l’être absent devient notre propre repos. Il y a de la contagion dans la mort. », donc la mort d’autrui ne permet pas seulement un apprentissage du sujet mais permet d’expérimenter indirectement la mort puisqu’elle est dépeinte ici comme contagieuse.
Enfin, la préparation à l’idée de la mort pourrait être une des fonctions de la religion. Pour la plupart des religions, elles permettent en effet d’apprivoiser la mort en élaborant une parole divine, des épisodes divins et des rituels religieux, de manière à vaincre cette peur omniprésente dans la société. Tout en dirigeant la façon de vivre dans le but de donner le meilleur de nous-même, l’enfer et le paradis créent un futur après la mort. C’est une manière d’apprendre la mort et d’être rassurée par la certitude d’une suite ; une grande partie des religions sont persuadées que la mort n’est que le début de quelque chose de nouveau. Le philosophe Brice Parain écrit dans « Petite métaphysique de la parole » que « Dieu est, essentiellement, le postulat de notre appartenance à une communauté qui nous protégerait de la solitude et de la mort. »
Cependant, les différentes visions de la société, sur les manières d’aborder la mort, ne sont pas suffisantes pour traduire l’entièreté des interprétations d’« apprendre à mourir », c’est pourquoi nous allons analyser l’aspect scientifique pour répondre à cette question.
« Peut-on apprendre à mourir ? » vu par la science est une approche bien différente qui nous donne un point de vue et une dimension au problème tout aussi intéressant que les visions de la mort au travers de la société.
Acquérir un savoir-faire sur la mort semble a priori difficile étant donné que l’on ne meurt qu’une unique fois. On pourrait faire un parallèle entre mourir est naître, comme le fait Bruno Lagrange avec « La naissance est le miroir de la mort » car ce sont tous deux des évènements sur lesquels nous n’avons aucune emprise. Puisqu’elle se produit qu’une seule foi dans notre vie, nous ne pouvons expérimenter le phénomène de mort et s’améliorer les fois prochaines car celles-ci n’existeront pas. Car mourir c’est ne plus être, phénomène qui semble au premier abord inenvisageable lorsque l’on est, et c’est-à-dire lorsque l’on vit.
D’un autre côté, le corps vivant est l’ensemble
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