N'existons-nous que par le regard d'autrui ?
Dissertation : N'existons-nous que par le regard d'autrui ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar YlSE • 1 Avril 2020 • Dissertation • 2 334 Mots (10 Pages) • 5 248 Vues
DEVOIR DE PHILOSOPHIE
Ysée LEBEL
TL2
N’existons nous que par le regard d’autrui ?
« La vie d’un Homme n’est qu’une lutte pour l’existence avec la certitude d’être vaincu », dans cette citation des Pensées et fragments, Schopenhauer montre la soif d’existence des hommes, alors même qu’ils sont certains d’échouer. En effet il semble que les Hommes fassent tout pour se sentir exister alors que rien ne paraît plus élémentaire que d’être. Merleau-Ponty définit l’existence comme « le mouvement par lequel l’homme est au monde, s’engage dans une situation physique et sociale qui devient son point de vue sur le monde. ». L’existence peut donc être définie comme la simple manifestation d’un être dans le réel ; du latin exitencia qui signifie l’ensemble des événements d’une vie humaine, c’est la présence d’une chose ou d’un être dans le monde.
L’Homme semble chercher l’approbation de son existence par le regard d’autrui puisque sa seule subjectivité ne suffit pas à lui fournir de preuve. En effet c’est en reconnaissant un être qui est à la fois distinct et le même comme existant qu’il l’admet et qu’il peut s’admettre lui même. Pourtant si la subjectivité d’un autre m’apporte une assurance de mon existence il me semble je ne disparaît pas quand on ne me regarde plus.
Le regard de l’autre est-t-il donc vraiment nécessaire à notre existence ?
Dans un premier temps nous verrons en quoi le regard de l’autre semble nécessaire à notre existence ; puis, dans une seconde partie, nous montrerons que l’existence semble évidente et indépendante du regard des autres ; enfin, dans une dernière partie nous nous demanderons pourquoi l’Homme cherche désespérément à exister dans le regard des autres alors même que son existence est évidente.
Le regard d’autrui est un rempart contre le doute de notre existence. En effet l’Homme ne vit qu’à travers son propre point de vue, il est donc condamné à une perception subjective du monde et de lui même. Dés lors, comment ne pas douter de ce qui est ? Depuis sa propre subjectivité comment reconnaître le rêve de la réalité ? C’est pourquoi l’Homme a besoin de l’autre et de son regard pour confirmer la tangibilité des choses. Michel Tournier dans Robinson Crusoé et les limbes du pacifique explique qu’autrui et sa subjectivité est un rempart contre la démence puisqu’il apporte une preuve que le monde n’est pas qu’une hallucination. En effet Robinson perd une perception du monde dans la solitude, il est réduit à la partialité de son unique point de vue et ainsi il n’est plus convaincu de la réalité de ce qu’il voit. Il en va de même pour lui même, le regard de l’autre qui nous reconnaît comme réel nous assure de notre propre existence : si un autre que moi peut me voir alors je suis réel. Le croisement de plusieurs points de vue subjectifs objective l’existence de l’être.
En outre la crédulité du regard de l’autre peut même rendre réel des choses fausses ; donnons un exemple : un acteur de théâtre peut finir par croire à son propre rôle si tous les autres ne voient en lui que le personnage qu’il joue. Ainsi si l’autre croit en ce qu’il voit alors nous aussi nous pouvons croire en ce qu’il voit donc en notre existence.
Le regard de l’autre non-seulement nous empêche de douter de notre existence mais semble nécessaire à notre existence. En effet Sartre dans l’Être et le néant affirme que « l’autre est indispensable à (s)on existence », sous le regard d’autrui nous fait prendre la distance par rapport à nous même et nous permet de nous rendre compte de ce que nous sommes. En effet, pour Sartres si l’Homme n’est rien seul le regard étranger peut nous donner une nature, il nous renvoie à ce que les autres voient de nous. Ainsi le regard des autres nous donne une nature, en cela il nous aliène, c’est pour cela que l’on ressent un sentiment de honte mais il est indispensable puis qu’il est le seul à donner une nature et donc à faire exister le néant. Pour Husserl l’existence implique immédiatement l’existence d’autrui. Il explique que chaque conscience reconnaît l’existence d’autres consciences, c’est « le sentiment originaire de coexistence ». Selon lui le « je » implique forcément le « nous » et seul « l’intersubjectivité » peut permettre à la conscience d’exister. Si l’existence d’autrui est nécessaire à la mienne alors je suis nécessaire à la sienne. Le regard d’autrui, qui manifeste sa conscience est nécessaire à mon existence.
Enfin il semble que le regard d’autrui soit nécessaire à la connaissance que j’ai de moi. En effet Sartres affirme que non seulement est indispensable à son existence mais aussi « à la connaissance qu’(il a) de (lui) même. Comme le regard de l’autre est le seul moyen de nous découvrir une nature et de nous regarder avec distance, alors il nous permet de nous connaître. Selon Aristote, un homme ne peut se connaître lui même car il rencontrerait un problème d’objectivité, « tout homme a besoin d’un ami pour se connaître soi même ». L’ami pourra révéler objectivement la nature de l’homme. L’Homme peut aussi et doit selon Platon apprendre à se connaître par la raison et donc par le dialogue. Le regard de l’autre permet donc à l’Homme d’exister d’être certain de son existence et même de connaître sa nature.
Pourtant si en première analyse le regard d’autrui semble révéler et assurer mon existence, j’observe un décalage entre celui-ci et ce que je suis.
Mais ai-je réellement besoin de qui que ce soit pour découvrir tout simplement que je suis là. Je peux observer ma présence dans le monde, je peux voir mes mains, voir mon ombre voir l’impacte que j’ai sur la réalité si je pousse une porte. En effet je ne disparais pas lorsqu’on ne me regarde plus, je me sens toujours respirer, je peux encore avoir un impact sur le monde. De plus autrui se trompe parfois sur moi, il ne me comprend pas il nie une partie de moi, est-ce pour autant que cette partie de moi n’existe pas ? Il me semble que même si mes pensées ou mes souvenirs échappent au regard d’autrui elles existent.
Il me semble même que parfois les autres m’empêchent d’exister, un être plongé dans une foule peut être étouffé par le banal, Heidegger dans Être et Temps affirme qu’il subira une déchéance dans l’impersonnalité de la vie anonyme. Freud, lui aussi dans Psychologie des foules et analyse du moi explique que les foules anonymes et passives tendent à détruire
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