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Le visage comme concept philosophique

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Par   •  3 Octobre 2022  •  Dissertation  •  5 049 Mots (21 Pages)  •  486 Vues

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Meunier Romane                                                                                                                                              Travail Personnel S5

Meunier

Romane                                                                                                    Licence 3 Philosophie

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Travail personnel – semestre 5

Le visage comme concept philosophique 

Enquête sur son utilisation dans l’histoire de la philosophie et de l’art

Semestre 5- année 2021/2022                                                                 Paris IV-Sorbonne université


A la fois perçu comme le support des émotions, et comme le prolongement du corps humain, le visage avant tout la première[a] image que nous avons d’une personne. C’est le biais par lequel nous percevons en premier lieu la personne que nous rencontrons. Si l’on peut avoir l’impression que le visage s’expose au regard d’autrui, il n’en n’est cependant pas le responsable. Ce n’est pas lui qui s’expose mais il est exposé. Cette exposition au jugement d’autrui peut être perçue comme ce qui crée une injonction à la beauté du visage, car l’exposition ouvre le besoin d’être le mieux perçu.e possible.

 Telle est l’idée que nous avons quotidiennement et intuitivement lorsque nous pensons au visage. Ce rapport a d’ailleurs été remis en question ces derniers temps, le masque étant perçu comme un élément venant troubler la perception de la personnalité d’autrui, en privant du regard une partie de chaque visage. Mais cette perception du visage n’a-t-elle pas été différente au cours du temps ? Quels sont les enjeux philosophiques derrière cette réflexion intuitive à propos du visage ?

En effet, la problématique du visage a été questionnée dans l’histoire de la philosophie dès l’antiquité, [b]quand on a commencé à se demander si les traits de caractères des êtres humains pouvaient être figés sur le visage, un argument que la physiognomonie s’est attaché à démontrer. Nous reviendrons en détails sur les questionnements que cette doctrine a suscité. Outre les débats de la physiognomonie, nous allons donc vois à présent quels enjeux philosophiques se cachent derrière la notion de visage, et quels axes majeurs de réflexion ont pu intéresser les philosophes au cours du temps à propos de ce sujet.

Levinas a été le philosophe le plus influent sur cette problématique en particulier, puisque sa philosophie apporte une nouvelle notion, celle du visage comme vraie problématique, notre analyse portera en grande partie sur lui, cependant, sa réflexion n’étant pas la seule et ne couvrant pas tous les domaines, nous allons donc nous servir de l’analyse d’autres auteurs.

  1. Comment penser le rapport entre le visage perçu et l’individu qui le perçoit ?

Réfléchissons dans un premier temps au rapport qui met en confrontation l’individualité du visage exposé, et le regard d’autrui qui fait face. Qu’il soit perçu par une personne seule ou par une collectivité, le visage est le support de la reconnaissance de l’humanité chez autrui, nous apprend D. Le Breton dans « note anthropologique sur la physiognomonie » (Le Visage, édition autrement) Il est la justification première de l’humanité d’autrui. Voyons ce qu’il se passe quand le visage est perçu.

  1. Si la personne qui regarde est une personne seule

Le visage est donc avant tout la première chose que nous percevons quand nous regardons quelqu’un, ce qui est source de jugement, on est ensuite susceptible d’apprécier ou de ne pas apprécier celui-ci. Tout du moins il nous permet d’avoir une première impression sur la personne.

Cependant, se fier aux apparences ne suffit pas : on peut avoir pour première impression que quelqu’un a une « bonne tête » ou au contraire ne pas être à l’aise, et se rendre compte après une discussion avec cette personne que sa personnalité ne correspond pas avec l’idée que l’on s’est fait. A l’inverse, on peut avoir une impression fidèle à la personnalité de l’individu dès la 1ère perception. Le visage est donc la preuve que l’on ne peut jamais vraiment connaître autrui, et que l’esthétique visible du visage ne dit pas pleinement l’intériorité d’une personne. Que cela nous apprend-il ?

Le visage est donc le signe qu’autrui possède quelque chose qui relève de la pure individualité, quelque chose à laquelle même en se liant d’une quelconque relation avec lui, nous ne pourrons pas avoir accès.

Il y a une ambivalence car le visage est la partie la plus exposée au regard des autres de notre corps alors même que c’est la plus intime, c’est l’accès à notre personnalité la plus profonde. Ici intervient une des idées de Levinas : il pense que le visage, certes, est exposé, mais qu’il faudrait chercher au-delà de notre simple perception par le regard de celui-ci car ce que nous voyons peut n’être qu’une figure que l’individu se donne, il n’est qu’une extériorité masquant l’intériorité de la personne, son « vrai » visage se trouverait caché.

L’idée de Levinas est que dès que le visage apparaît, il s’expose devant moi et s’impose à moi. E. Kovak en déduit donc que je ne peux plus me dérober, si je détourne le regard, « il me poursuit » il veut dire ici que le visage d’autrui qui me regarde reviendra alors dans ma tête, que j’y penserai toujours et que cette image reviendra dans ma tête même une fois le visage de l’autre parti. Cette poursuite ne peut être que momentanée cependant selon moi car si ce contact avec visage d’autrui a été furtif, l’image sera oubliée quelques jours après, la mémoire l’aura effacée (car celle-ci ne garde que ce qui est répétitif et signifiant)

Le terme d’ « image » utilisé plus haut est incorrect, puisque E. Kovak nous apprend justement que le visage d’autrui ne doit pas être pensée comme tel, mais plutôt en opposition à celle-ci : il se manifeste plutôt comme une parole, il est en mouvement et ne peut donc pas être figé. Même si le visage ne bouge pas, une parole passe à travers lui. Cette parole n’est pas une parole dont la signification tient uniquement à moi, elle était déjà présente avant ma compréhension. Autrui déjà joyeux, triste, soucieux avant que je ne le rencontre.

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