Le rapport de l’Homme à la nature
Dissertation : Le rapport de l’Homme à la nature. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar celiaenc • 14 Mai 2018 • Dissertation • 1 420 Mots (6 Pages) • 2 164 Vues
Le rapport de l’Homme à la nature a évolué au cours du temps. Cependant, il est certain que la nature peut vivre sans l’homme mais l’homme ne peut pas vivre sans la nature. Même si l’homme est issu de la nature et que les hommes disent depuis des siècles que ce qui est naturel est bien, peut-on considérer qu’obéir à la nature constitue le fondement de la morale? Ne faut-il pas se réjouir des interventions humaines sur la nature ayant permis à l’homme d’échapper aux rigueurs de sa condition primitive? Dans ce texte, extrait de La Nature, John Stuart Mill soulève la question de l’opposition entre l’art et la nature. Contre l’idée d’une nature toute puissante, parfaitement ordonnée, Mill propose ici une éloge de la technique. Il souligne l’attitude souvent paradoxale de l’homme, qui accorde beaucoup de valeur à l’ordre naturel des choses en étant par ailleurs très admiratif des productions humaines qui viennent pourtant le perturber. Comment comprendre cette contradiction qui oppose la nature à ce qui est « artificiel », créé par l’homme ? Si l’ordre naturel était parfait, il n’y aurait nul besoin de le transformer. Si la nature est parfaite, pourquoi ne cesse-t-on d’intervenir sur elle? Les stoïciens ont une morale selon laquelle la sagesse est de vivre conformément à la nature, faire en sorte que l’ordre que l’on peut mettre en soi dans sa vie soit analogue à celui du cosmos. Les actions et les oeuvres de l’homme, loin d’imiter la nature, la dépassent pour constituer un autre ordre, celui de l’art. Cette problématique, qui oppose l’art à la nature, apparait dans le texte comme une démonstration.
Ainsi dans le premier paragraphe, Mill analyse les conséquences de l’hypothèse d’une nature assimilée à un ordre parfait auquel il faut obéir, l’action humaine serait inutile voire même elle dégraderait cet équilibre parfait. Cette perfection de la nature reviendrait à dévaloriser la technique car pourquoi transformer la nature si elle est si parfaite? « Le cours naturel des choses » désigne l’ordre du monde que l’homme subit à la naissance : est naturel ce qui est donné à la naissance. Mill considère que l’action humaine ne fait que gêner voir dégrader cet équilibre par ses constructions, ses édifices et ses inventions qui sont une « violation de cet ordre parfait » et mènent peu à peu à son extinction. La seule action humaine possible qui soit en conformité avec la nature est celle qui « obéit directement aux instincts ». L’instinct, étant inscrit dans l’homme dès la naissance, peut être considéré comme naturel. Il ne peut donc pas contredire « l’ordre spontané de la nature ». Les actions intentionnelles de l’homme peuvent être qualifiées d’ « artificielles » impliquant quelque chose de différent à ce qui est naturel. Mill considère que la valeur des « arts de la vie », c’est-à-dire de l’ensemble des actions que l’homme peut exercer sur la nature (« bêcher, labourer, bâtir… ») n’est pas supérieure à celle de la nature. En somme, dans ce premier paragraphe, Mill fait l’hypothèse que la nature est bonne et satisfaisante telle qu’elle est et que l’homme n’a pas à intervenir dans son cours, car cela ne ferait qu’aggraver les choses et la détruire. L’homme étant conscient que la nature est déjà parfaite, il ne peut s’empêcher de remarquer des imperfections et de tenter de les corriger. Ces modifications sont intentionnelles parce qu’il pense qu’il est nécessaire de les réaliser. Mais cela revient à dire que l’homme effectue une critique de la nature et souhaite modifier cet « ordre parfait ».
Par la suite, l’auteur oppose à cette première hypothèse, une autre opinion qui fait l’éloge de la technique. En effet, la nature peut parfois poser problème à l’homme mais celui-ci, doté d’intelligence, parvient à la modifier pour assurer sa survie et améliorer son confort de vie. L’homme fait ériger des constructions pour se protéger des catastrophes naturelles : des digues contre les inondations, des « paratonnerres » contre la foudre, des « ponts pour joindre des rives que la nature avait séparées ». La nature menace avec la sécheresse mais l’homme creuse des puits, la nature « enfouit à des profondeurs immenses dans la terre » mais l’homme le ramène à la lumière du jour. L’homme adapte son milieu à sa présence grâce à son ingéniosité et sa force, il est admiré de tous, soit pour la beauté de son travail, soit pour l’utilité de ce dernier. Mill nomme les inventions et les constructions réalisées par la main de l’homme de « grandes victoires » de l’art sur la nature. Par son intelligence, l’homme parvient à « soumettre les voies de la nature et non pas leur obéir ». La nature est donc perçue comme un ennemi de l’homme car lorsque l’homme se met à construire ou inventer de façon à soumettre les voies de la nature, il se met en position hostile face à celle-ci. Dans la mesure où la technique permet de transformer le monde extérieur pour rendre l’existence humaine plus confortable, il est raisonnable de penser que le progrès technique permet de meilleures conditions de vie. En dévoilant les lois de la nature, la technique nous permet de « nous rendre comme maitres et possesseurs de la nature » comme l’indique Descartes dans le « Discours de la méthode ». Descartes ne veut pas dire par là que nous dominons la nature mais indique que nous avons les moyens de parvenir à une compréhension suffisamment complète de ces règles afin de les tourner à notre avantage. Ainsi, la technique permet de suppléer les faiblesses de l’homme et de ce fait, de vaincre les dangers auxquels l’expose la nature. Sans connaissance scientifique, l’homme serait incapable d’apprivoiser les forces de la nature. Cette vérité est évoquée par Platon dans le Protagoras. En effet, les deux titans chargés par les dieux d’aider à la création des animaux ont oublié l’homme lors de la répartition des qualités. Celui-ci s’est retrouvé nu et sans défense face à la nature. Heureusement, Prométhée décida de voler l’habileté technique et le feu afin de les donner aux hommes. Dans ce mythe, la technique est donc identifiée à une force divine qui fait passer l’homme du stade d’animal le plus démuni à l’être mortel le plus puissant.
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