La transmission
Dissertation : La transmission. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar MATARE • 9 Avril 2018 • Dissertation • 2 418 Mots (10 Pages) • 1 081 Vues
V M et vous tous, mes F et mes S
Lorsque j'ai proposé comme sujet pour cette planche « la transmission », c'était pour moi comme une évidence, comme si le but même de l'engagement maçonnique était la transmission elle-même,comme si nous étions ici seulement pour cela : recevoir, puis transmettre.
Puis je me suis souvenu qu'un de mes précédents travail portait sur « le testament philosophique », et je me suis dit qu'il devait y avoir là comme une sorte d'obsession, comme une idée fixe.
Il est vrai que depuis que je fais le croque mort, et très souvent lorsque je rencontre une famille en deuil, je me pose la question du poids d'une vie d'homme, et que, me disant non croyant, je me persuade que ce poids d'une vie, c'est le poids de ce qui a été transmis aux autres, avant de partir, et qui se perpétuera à travers ceux qui ont bénéficié de cette transmission.
Nous pouvons nous voir comme un simple trait d'union, entre le passé et le futur; mais si nous sommes capables de faire de ce trait d'union, non pas seulement une jonction mais un acte de transmission, et donc un acte d'Amour, nous pouvons alors nous transformer en un trait de génie, qui ne se contente pas de faire le lien entre le passé et le futur, mais qui, ce faisant, justifie le passé et le futur, et donc, justifie son passage. « Profane, nous vous faisons toucher la Terre, notre mère à tous, dont nous sommes formés, et à qui nous retournerons. N'oublions pas cependant que l'Amour est plus fort que la Mort, et que la Vie et l'Amour universel sont une seule et même chose ».
Il ne s'agit pas de se contenter de passer un relai d'une génération à une autre, il s'agit d'aider au progrès d'une génération à l'autre, d'apporter, si ce n'est sa pierre, au moins son gravillon, même infinitésimal, au progrès de l'humanité.
Dans son avant propos à « La Symbolique Maçonnique », Jules Boucher explique ainsi le but de son livre : « si notre travail, agissant comme un ferment, suscite d'autres études, qui le rectifient ou qui le complètent, nous en serons heureux, ayant le sentiment d'avoir fait œuvre utile ». Je crois que cette phrase peut être reprise mot pour mot pour expliquer le sens de l'acte de transmission, en particulier en maçonnerie.
La transmission n'est jamais à sens unique : ce n'est pas un vœu pieux que d'espérer qu'un nouvel initié apportera à la Loge autant que la Loge lui donnera. « Rompre le pain, c'est tenir le pain que l'on vient de recevoir, pour que celui qui l'a donné puisse prendre un morceau après quoi on le donne au suivant puis on en prend un morceau », voilà ce que nous a rappelé notre VM il y a un mois, à l'occasion du banquet d'ordre de la Saint Jean d'hiver. La Tradition, si elle nous vient de temps immémoriaux, ne peux rester vivante qu'à travers le regard neuf de la nouvelle génération. C'est le parcours de la nouvelle génération qui prolonge notre parcours.
Mais en maçonnerie, justement, qui transmet? à qui et comment transmet-on? et avant tout, que transmet-on ?
Lors de la Chaîne d'Union du rituel d'Initiation, le VM prononce ces mots : « SS et FF qui m'entendez, nous sommes les gardiens d'un très ancien secret qui s'alluma dans le cœur fraternel de l'Humanité à son berceau... ». C'est ce secret qu'il s'agit de transmettre à nos SS et FF plus jeunes, et si l'on n'a pas encore soi-même découvert ce secret, c'est la méthode pour chercher ce secret que l'on aura à transmettre. C'est cette méthode que l'on nomme en maçonnerie « la Tradition » : Tradition dont l'étymologie vient du latin traditio, tradere, de trans « à travers » et dare « donner », « faire passer à un autre, remettre ». Cette Tradition qui est le véhicule de la Connaissance, grâce à l'art de la parole, et plus largement du symbolisme, pourra servir de guide au nouvel initié tout au long de son parcours, comme elle sert de guide à l'Humanité, depuis son berceau.
Mais on ne peut transmettre qu'à un frère ou une sœur qui en exprime le désir; après chacun des 3 voyages, il est précisé au profane qu'ici tout est symbole, et qu'il ne pourra entrer dans sa nouvelle vie de maçon qu'en étant acteur de sa démarche : « cherche, et tu trouveras, frappe et on t'ouvrira, appelle et on te répondra ».
Toutefois, le premier acte de la transmission maçonnique intervient avant même l'Initiation. Ce peut-être le futur parrain qui, sans rien dévoiler, donne par un discours en pointillé, par son attitude bienveillante et par la confiance qu'il dégage, le désir au futur apprenti de s'ouvrir à la démarche initiatique. S'il n'y a pas de parrain, ce premier contact pour impulser ce désir sera dévolu au VM lors de sa première rencontre avec le postulant.
Cette volonté et ce désir de s'impliquer activement dans la démarche maçonnique seront renforcés ensuite par l'attitude des Maitres qui mèneront les trois enquêtes auprès du profane, puis par les membres de l'Atelier qui poseront des questions à l'occasion du passage sous le bandeau : même si le but de la loge est de s'assurer que le profane pourra être un maillon de sa chaîne, la discrétion, la bienveillance et les formulations des questions sont des éléments essentiels pour, dès ces moments-là, éveiller chez le profane le désir d'apprendre : c'est à cette condition qu'il sera peut-être un futur maçon.
Tout au long du chemin maçonnique, ce sera à ses ainés d'entretenir ce désir chez le maçon plus jeune ; je dis ici « le maçon plus jeune » et non l'apprenti, car je crois que le devoir de chacun en loge, dans la limite de ses connaissances et de ses doutes, c'est de transmettre à tous les membres de la loge qui en expriment le souhait, à tous ceux qui cherchent, qui frappent à la porte et qui appellent, quelque soit leurs grades. Je le crois et je le sais : les maîtres plus avancés que moi qui continuent à me transmettre ce que je ne sais pas nommer autrement que leur sagesse, leur force ou leur savoir, enfin, qui me transmettent ce qui m'aide à progresser sur mon chemin initiatique, ces maîtres-là m'apportent la preuve que quelque soit notre âge, il y a toujours un frère ou une sœur pour nous aider à trouver, pour nous ouvrir la porte et pour répondre à nos questionnements.
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