Analyse Zone 6

UNE PROJECTION FUTURISTE DU QUÉBEC

Zones 5 : Un Québec anticipé[pic 1]

Zones 5 (2010), fait partie de la série Élise, une suite de huit livres dystopiques. Cette série a été pensée par l’auteur québécois Michel Vézina. Cet artiste multifonctionnel écrit des romans, des essais et des nouvelles, en plus d’être le fondateur de la troupe de théâtre du Cochon SouRiant. Toujours en quête d’originalité, il crée et devient le directeur littéraire de la maison d’édition innovante Coups de Tête, où est publiée la série Élise.[pic 2]

À l’origine, Vézina écrit Élise (2007) avec l’idée d’imaginer un Québec futuriste présentant une société telle que nous ne voulons pas la voir devenir. À la suite du succès de son roman, plusieurs auteurs tels que Laurent Chabin, Benoît Bouthillette, Alain Ulysse Tremblay et Maxime Catellier ont décidé de prêter leur plume à Coups de Tête pour poursuivre l'originale et captivante série d'Élise. Huit romans ont été écrits de manière à pouvoir être lus facilement et individuellement, mais tous racontent les aventures d’Élise et de Jappy, que ce soit sur la lune ou, comme dans Zones 5, sur terre.

 Le roman Zones 5 trace le portrait du Québec aux abords des années 2030. À cette époque, le gouvernement provincial doit gérer un sérieux déficit budgétaire et accorde en ce sens une grande importance à l’économie. Une des ressources naturelles que l’on retrouve aisément sur le territoire de la province est l’eau, tandis que, pour le reste de la planète, elle est en voie de disparition. Cette ressource très convoitée est alors confiée à La Lyonnaise, une entreprise française malveillante, qui s'occupera de la gestion et de l’exploitation privilégiées de l’eau. Après la création d’une filiale de La Lyonnaise, La Boréale, le gouvernement du Québec accorde subséquemment le contrôle absolu d’autres ressources notables, soit l’uranium et les forêts. La Lyonnaise et La Boréale deviennent ainsi des acteurs des plus influents dans le visage politique québécois.

Graduellement, la région métropolitaine de Montréal sera divisée en cinq zones distinctes. Le gouvernement, dirigé par l’Union démocratique du Québec, décide de fermer et de raser tous les régions éloignées. Par souci de rentabilité, on conservera quelques centres urbains ici et là suivant le secteur. Un regroupement se forme alors auprès de certains Québécois anticonformistes qui sont en désaccord avec les choix des autorités. Parmi eux se retrouve les protagonistes du livre, soit Jappy, un junky idéaliste, et Élise, une experte en informatique. Ils ont élu domicile à Blanc-Sablon, une ville abandonnée dans laquelle ils vivent avec une petite collectivité de rebelles. Cette communauté vit d’activités illégales sur le golfe du Saint-Laurent, qu’ils nomment la compagnie collective. Notamment, ils volent et pillent des bateaux. Sur leur route se présentent deux navires importants qui regorgent de nourritures et de carburants. Après avoir vidé la cargaison, ils coulent les embarcations. La disparition des navires Sancto Berlusconi et Singapore attire l’attention des autorités sur leur existence. Dans l’espoir d’inciter davantage à la rébellion, les contrebandiers de Blanc-Sablon s’allient à d’autres villages clandestins pour accomplir un assaut de plus grande envergure. Leur tentative tourne au désastre, et Jappy sera capturé puis emprisonné à Montréal. S’ensuit une multitude de péripéties pour notre héros, qui cherche à retrouver sa liberté, sa famille et son clan en exil.

Zones 5 avertit les générations futures

Michel Vézina est un auteur visionnaire et audacieux particulièrement dans l’écriture de Zones 5. En effet, ce roman est d’avant-garde, tant par son contenu que par sa forme. Il traite notamment de la corruption gouvernementale qui est un sujet à la fine pointe de l’actualité depuis les dernières années. L’approche utilisée par l’auteur est celle de la dystopie, qui dépeint une vision futuriste néfaste de la société québécoise et le tout de manière très réaliste. Vézina a réussi à concevoir une fiction envisageable qui demande au lecteur de s’interroger sur les choix qui sont faits par les gouvernements et de croire en la force de ses opinions pour une réelle démocratie. Les adolescents québécois devraient lire ce roman tout simplement pour renforcer leur esprit critique face aux décisions des dirigeants. Depuis le début des années 2010, on constate une vague de popularité auprès des romans à style dystopique chez les jeunes adultes. The Hunger Games (2008), Divergence (2011), La Sélection (2012), Le Labyrinthe (2012) et La 5e Vague (2013) sont tous des ouvrages vendus à millions d’exemplaires à travers le monde, principalement aux adolescents. Ces romans décrivent tous une société future problématique qui conduit la population à se rebeller. Le message véhiculé par ces récits est de signaler aux générations qu’ils peuvent avoir un impact considérable sur leur avenir personnel, mais aussi sur l’avenir des pouvoirs en place. Dans Zones 5, Michel Vézina a réussi à se démarquer en écrivant une dystopie innovatrice, mais située au Québec. À force d’être exposés à ce type d’histoires, les jeunes ont développé un grand intérêt pour ce genre littéraire, ce qui leur permet de faire une bonne analogie quant aux enjeux territoriaux de ces situations fictives et celles présentées par Michel Vézina qui nous touche particulièrement.

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