La notion de pouvoir politique selon Hobbes
TD : La notion de pouvoir politique selon Hobbes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 20023456 • 7 Octobre 2022 • TD • 7 241 Mots (29 Pages) • 406 Vues
SECTION 1 – LA GENÈSE DU POUVOIR POLITIQUE
Paragraphe 1 – La notion de pouvoir politique selon Hobbes
Thomas Hobbes pense qu’en l’absence d’une instance extérieure qui impose aux individus des règles à respecter dans leurs relations et qui fonctionnent comme une forme de contrainte, ou encore comme une limite aux pulsions naturelles, de telle sorte que leurs actions ne portent ni préjudices ni atteintes au droit naturel, toutes aussi légitimes. Le résultat : on a un conflit généralisé, c’est-à-dire ce que Hobbes appelle un “état de guerre” de chacun contre chacun.
Pour dépasser cet état de guerre qui fait que chacun serait l’ennemi de l’autre, Hobbes pense que la solution serait l’institution d’un contrat, par lequel les individus pourraient transférer certains de leurs droits/libertés relevant pourtant de la sphère strictement individuelle et privée à une autorité supra-individuelle, qui aura pour mission de gérer la sphère publique et civile. Il évoque alors le terme de communauté civile, dans le sens d’une société organisée politiquement par l’État via un contrat originaire entre les individus, ce qui les différencie de l’état naturel, où les individus selon Hobbes ne peuvent pas constituer un corps politique. Donc, selon Hobbes le pouvoir politique naît de la nécessité de concilier les conflits inerrants qui apparaissent entre les individus et les groupes sociaux.
Selon l’auteur, c’est la seule voie pour imposer la paix sociale et la sécurité personnelle. La “communauté civile distincte de son état naturel” est constituée selon Hobbes suite au consentement des individus : il faut nécessairement un accord à céder une partie des droits dont ils disposent à une autorité supra-individuelle formant ainsi “le corps politique” (pouvoir commun).
Ce pouvoir commun aurait comme but de garantir autant les droits naturels des individus que leurs obligations de respecter les lois civiles, instituées à l’aide de l’accord et de la Convention, afin que l’autorité publique puisse imposer et garantir le respect du “contrat initial” par tous en arbitrant à la fois les tensions existantes entre des intérêts divergents, ce qui est une condition selon Hobbes pour préserver la paix sociale. Ce pouvoir commun n’a rien d’autre que l’État incarné par le souverain ou par un rassemblement de personnes.
Pour Hobbes, dès lors que les individus acceptent de transférer leurs droits à cette autorité supra-individuelle, ils sont “obligés” de reconnaître ce pouvoir commun incarné par l’État mais également d’obéir à celui-ci, car c’est ce pouvoir qui est capable de les défendre contre les attaques des étrangers, contre le mal.
La réalisation de ce transfert réciproque de droits, c’est-à-dire du contrat politique originaire entre les individus, représente selon Hobbes : “ Plus qu’un simple consentement ou accord : c’est une unité réelle de tous dans une seule personne, réalisée par une convention de toute personne avec une autre personne, comme si chacune disait à l’autre : J’autorise cette personne ou cette assemblée de personnes, et je lui cède mon droit à diriger ma vie à condition que tu lui cèdes aussi le tien et que tu en autorises toutes les actions de la même façon.”
Selon Hobbes, ce libellé du contrat politique a comme conséquence l’institution du pouvoir politique fondée sur les droits naturels et civils. Grâce à ce pouvoir politique, celui qui représente l’État et qui a le pouvoir souverain, est alors en droit de demander obéissance et soumission en vertu du fait que le pouvoir représente les individus et que ces derniers reconnaissent leur volonté dont les droits adoptés par la communauté civile à laquelle ils ont transféré leurs pouvoirs.
Hobbes, comme J-J Rousseau, explique le phénomène du pouvoir à partir de la Convention du contrat. En résumé, la théorie de la contractualisation par laquelle l’État est vu comme le résultat d’une convention volontaire établie entre les individus, a été également développée par l’auteur John Locke, qui a insisté sur l’idée selon laquelle : “Le pouvoir politique doit être limité par la Loi afin de prévenir tout abus de la part des autorités publiques, par rapport aux libertés naturelles dont les individus doivent jouir.”
Ainsi, pour Locke, l’existence d’une société humaine telle que la nôtre est conditionnée par l’institution de rapports politiques basés sur des règles et des lois respectées autant par le pouvoir que par les citoyens.
Si pour les auteurs anglais la communauté politique et ses institutions sont nécessaires et bénéfiques car c’est ce qui assure la paix sociale, garantit la propriété et les libertés des individus, limite le pouvoir dans le cadre d’un système de réglementation juridique, et prévient ainsi l’abus de pouvoir, ce qui n’est pas la conception de J-J Rousseau qui a développé une critique radicale de l’espace politique.
Paragraphe 2 – Le pouvoir politique selon J-J Rousseau
Selon J-J Rousseau, à son état naturel, l’Homme était bon, authentique, orienté par l’instinct de survie et surtout par la compassion pour ses semblables, mais que la société, les conventions et institutions auxquelles il est obligé de se soumettre l’ont transformé en un être faible, égoïste, dominé par le mal et surtout orienté par son instinct d’accaparer les propriétés privées au détriment de ses semblables. Tout en expliquant le phénomène du pouvoir politique, l’auteur considérait que l’État politique institué à la suite du contrat social est resté toujours imparfait et que l’évolution sociale n’a guère réussi d’éliminer ses vices constitutifs.
Malgré cette critique, J-J Rousseau apprécie l’apparition du pouvoir politique qui selon lui, s’inscrit dans la logique de l’Histoire humaine. Il explique/définit le pouvoir politique en relation avec la volonté générale qui, selon J-J Rousseau est une résultante du contrat social : “Chacun de nous, met en commun ses propriétés, sa personne, sa vie et tout son pouvoir sous la direction suprême de la volonté générale.” Ce contrat social est la source de la légitimité du pouvoir car tout pouvoir s’il repose sur le consentement et la volonté des individus unis par le pacte social, est l’expression de la volonté générale.
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