« Jean Bodin est-il d'actualité ? »

“La souveraineté est le pouvoir de commander et de contraindre sans être commandé ni

contraint”. C’est ainsi au travers de son livre : Les Six Livres de la République, que Jean

Bodin nous affirme le principe essentiel de la notion de souveraineté. Cette dernière est selon

lui une et indivisible, elle comporte alors un caractère absolutiste la rendant unique et au-dessus de tout. Cependant à l’heure actuelle de nombreuses questions se posent quant à cette

notion de souveraineté.

Néanmoins, avant d’aller plus loin sur ce sujet et raisonnement, il convient de revenir sur la

personne qu’est Jean Bodin ainsi que de définir les notions telles que l'État et la souveraineté,

qui permettront d’y voir plus clair dans la réflexion présentée ci-dessous. Jean Bodin est un philosophe, économiste et théoricien politique français du XVIème siècle ayant eu une

influence plus que significative à son époque en ce qui concerne la philosophie politique.

Influence qui résonne d’ailleurs encore aujourd’hui notamment en ce qui concerne les sujets

que sont l’Etat et la souveraineté. L'Etat est tout d’abord quant à lui, au sens juridique du

terme, une personne morale d’ordre public, détachée de la personne des gouvernants, titulaire

de droits et de devoirs. L’Etat se caractérise de manière sociologique par trois éléments

fondamentaux : les individus, le territoire, ainsi que la souveraineté. Ici, dans le cadre du

sujet, seule la souveraineté est intéressante à définir. Jean Bodin, qui sera le tout premier à

définir la notion de souveraineté, la qualifie comme une et indivisible, absolue et perpétuelle

avec un souverain détenteur de ce pouvoir absolu, il peut alors s’agir d’un monarque, d’une

assemblée ou d’un corps politique quelconque. “L’Etat à la compétence de sa compétence”

(Georg Jellinek), effectivement, l’Etat étant caractérisé par la souveraineté, le souverain

possède donc l’ensemble des pouvoirs et ce de manière absolue. La souveraineté au sens

actuel du terme c’est-à-dire à notre époque semble juridiquement correspondre à une autorité

suprême caractérisant l'État et légitimant l’exercice du pouvoir politique et de ses instruments.

Il s’agit d’un pouvoir absolu dont tout dépend mais qui, à contrario, n’est lui dépendant de

personne. Ainsi on peut déjà percevoir des caractéristiques communes entre la définition de

Jean Bodin et celle du siècle actuel.

Cependant Jean Bodin s’inscrit dans une époque et une réalité totalement différente de la

nôtre. Si on les compare sur les grandes lignes on comprend assez rapidement que les enjeux

ne sont, ou du moins ne semble plus être les mêmes : guerres de religion, volonté de paix à la

fois sociale et religieuse ainsi qu’un État qui doit s’affirmer à l’époque de Jean Bodin. Et avec

au contraire en face, une mondialisation croissante, qui ne cesse de s’expandre et de prendre

des multiples formes ainsi que des Etats dont le renouvellement semble s’imposer au risque

de se perdre dans ce tourbillon qu’est la mondialisation.

L’enjeu du sujet et donc ici de mettre en lumière et de comprendre la théorie de la

souveraineté et ce notamment au travers de la vision de Jean Bodin. L’intérêt va être

également de percevoir et d’analyser l’évolution de cette notion de souveraineté dans le

temps. De voir si elle est continue ou si au contraire elle a évoluée, changée et voir même, si

elle n’a pas totalement disparue au cours de notre siècle.

En

tenant compte des transformations ayant affecté les Etats et de l’évolution des transferts de

compétences, la question est de savoir si la conception et la théorisation de la notion de

souveraineté, née sous la plume de Bodin, sont toujours pertinentes.

Pour répondre au sujet il conviendra dans un premier temps d’observer le caractère durable de

la souveraineté (I) c’est-à-dire d’étudier les éléments perpétuels de cette dernière, de la

théorisation de Jean Bodin à nos jours. Puis dans un second temps d’en comprendre le

détachement, les limites existantes (II) de cette notion car en effet il semblerait que cette

souveraineté malgré un fondement constant dans la durée, soit bousculée par de nombreux

facteurs ainsi que points de vue divergents sur le sujet.

I. Une souveraineté au caractère durable

La souveraineté est une notion abstraite, compliquée à définir ; néanmoins celle-ci s’appuie

sur des caractéristiques et des supports tels que la Constitution rendant sa compréhension et

ses interprétations plus claires. Jean Bodin l’ayant caractérisée pour la toute première fois, il

en vient donc à ce que l’on analyse tout d’abord les caractéristiques fondamentales de la

souveraineté qu’il nous donne et qui semble perdurer de nos jours, montrant ainsi une certaine

continuité de la notion (A). Puis dans un second temps, il

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