Le rôle de l’État (du point de vue du marché)

Chapitre 7 : Le rôle de l’État (du point de vue du marché)

Les 3 fonctions de l’État :

1. La fonction d'allocation des ressources : rétablir un usage des ressources optimal au sens de Pareto quand le marché s'écarte de cet optimum.
2. La fonction de distribution (ou de répartition) : corriger la répartition spontanée des revenus et des richesses en vue d'instaurer ce que la société considère comme une juste répartition.
3. La fonction de stabilisation (ou de régulation de l'économie) : le plein emploi des facteurs de production (et en particulier du travail) et la stabilité.

Ici : Justifier la première fonction de l’État (allocation)

PLAN

1. Le rôle de l’État comme réponse à une première défaillance de marché : les biens collectifs.
2. Le rôle de l’État comme réponse à une seconde défaillance de marché : les externalités.
3. Trois critiques de l’État comme mauvais garant du bien être collectif

1) Le rôle de l’État comme réponse à une première défaillance de marché : les biens collectifs

Justification néo-classique de l'intervention étatique.

Pourquoi la fourniture de certains biens et services ne peut-elle pas être assurée de manière optimale par le marché ?

Le marché (la logique de l’échange intéressé) peut être défaillant.

L'équilibre du marché ne peut pas être un optimum de Pareto (cf chap 6)

Caractéristiques d'un bien collectif ?

Attention ce qualificatif de collectif ne signifie pas « bien produit par l’État » (ce serait donner la solution avant de poser le problème !) ; il s’agit de caractériser intrinsèquement un bien, qu’il soit produit de manière privée ou publique.

Déjà Adam Smith souligne leur existence justifiant l’intervention de l’État.

Deux caractéristiques à considérer :

– rivalité (est-ce que la consommation d'un bien le détruit pour les autres?)

– exclusion (payer/avoir le droit de consommer : est-il possible d’empêcher quelqu’un physiquement techniquement légalement de consommer?)

• Problème du passager clandestin

Biens collectifs = tendance aux passagers clandestins.

Échec de l'action collective dès lors que les individus maximisent leur utilité individuelle. (Mancur Olsen)

Production d'un bien collectif et passager clandestin

Le bien apporte une utilité à tous mais personne ne veut payer sa quote-part (chacun compte laisser payer les autres).

Aucune entreprise privée ne trouvera de consommateur prêt à payer un prix positif => Le bien n'est pas rentable à produire.

Le bien n'est pas produit et tout le monde en pâtit.

La situation est sous-optimale dès lors que l'utilité du bien pour chacun est supérieure au montant de la quote-part.

Il y a défaillance de marché. L'intervention de l’état est nécessaire.

• Soit N individus.
• Soit la fonction d'utilité Ui ,  Ui(q,p) : fonction croissante de la quantité q de bien consommé et fonction décroissante du prix p.
• Soit le bien collectif B dont le coût de production est CB .
• Si chacun paie sa quote-part :

q=1 et p=CB / N => l'utilité est Ui (B,CB / N)

Si personne ne veut payer => tout le monde est passager clandestin.

        q=0 et p=0 => l'utilité est Ui(0,0)

Si  Ui(0,0) < Ui(B, CB/N )  alors la situation décentralisée avec passagers clandestins généralisés, où personne ne veut payer sa quote-part, n’est pas un optimum de Pareto. Défaillance de marché. 

Exemple de bien collectif : Wikipédia sur internet qui demande des dons. Ni rivalité ni exclusion.

Le marché ne nous incite pas à révéler notre préférence. Il n'est pas efficace pour produire un bien dont tout le monde veut.

Solution : un autre mécanisme intervienne : l’état. => Logique de l'autorité

On taxe les individus de façon à ce qu'ils paient leur quote-part

Il taxe chacun d'un montant CB/N et produit le bien B => Un optimum de Pareto est ainsi atteint.

« L’État pallie les (aux) différences de marché »

Pour résoudre le problème du passager clandestin, l’état démocratique a deux atouts :

• L’État bénéficie du « monopole de la violence légitime » (Max weber) : dans un État de droit, il est le seul à pouvoir prélever des sommes monétaires sur les ménages et sur les entreprises sans être accusé de racket.
• Le gouvernement à la tête  de l’état est élu à l'aune d'un programme politique, qui peut être lu comme un programme de production de biens collectifs que les citoyens électeurs sont prêts à financer avec leurs impôts.

2) Le rôle de l’état comme réponse à une seconde défaillance de marché : les externalités

Les effets externes de la consommation et de la production

De nouveau, cela va créer une défaillance de marché (l'équilibre de marché ne sera pas un optimum de Pareto).

Définition : Il y a effet externe (ou externalité) dès que l'utilité (ou le profit) d'un individu A est affectée par l'action d'un autre individu B sans qu'il y ait paiement ou dédommagement monétaire.

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