Premieres mesures de discrimination

La Seconde Guerre Mondiale a vu l’application à l’échelle du territoire européen de la plus importante opération planifiée d’extermination systématique à l’encontre de populations définies et désignées en tant que telles. En marge de la conduite « classique » de la guerre, mais aussi en liaison avec elle, les dirigeants nazis ont ordonné et dirigé la mise à mort des juifs et des Tziganes, hommes, femmes et enfants. Les nazis ont, au cours du second conflit mondial, poussé aussi loin que possible, et certainement plus loin que ce que les sources pourront jamais nous permettre de le saisir et de le comprendre, leur volonté d’hégémonie et de « pureté raciale », qui s’est traduite par près de 6 millions de victimes à l’échelle du continent européen.

Le souvenir de ce génocide marque profondément nos consciences et notre histoire au quotidien. La présence, parfois obsédante, de cet événement s’impose comme une marque indélébile, avec laquelle il « faut faire ». Au-delà des faits, ou des chiffres, un nom s’impose dans la mémoire collective, Auschwitz, symbolisant et représentant à lui seul ce génocide juif et tzigane. Pourtant, cette histoire ne se limite pas au seul camp d’Auschwitz-Birkenau, tant en ce qui concerne le lieu de mise en application, que pour les différentes phases de son déroulement.

Au contraire même, le fait que cette mémoire ne se cristallise que sur ce seul lieu aboutit à « sacraliser » l’événement, voire à le « mythifier ». L’étude historique d’Auschwitz s’avère de ce fait de plus en plus difficile au fur et à mesure que sa charge émotionnelle s’accroît. Le « retour vers l’Histoire », vers l’étude scientifique des faits, s’impose de plus en plus aujourd’hui, au moment où certains veulent les nier ou tentent de les minimiser. Dans ce domaine plus que dans un autre, l’Histoire, pour préserver la Mémoire, doit la supplanter.

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1. PREMIÈRES MESURES DISCRIMINATOIRES

1. LES MESURES DE 1920 À 1933

Les chambres à gaz homicides, d’Auschwitz et d’ailleurs, ne sont pas apparues subitement et sans raisons, elles ne sont en fait que l’aboutissement d’un processus, dont on trouve les premières traces dans les discours nazis dès le milieu des années 1920. Dès le début, le programme politique d’Hitler fait explicitement référence à sa conception du monde, qu’il voit divisé entre « races » aryenne et juive luttant l’une contre l’autre pour la domination du monde.

Le petit parti national-socialiste auquel adhère Hitler au début des années 1920 n’est qu’une minuscule formation politique comme il en existe beaucoup d’autres dans l’Allemagne de Weimar, vaincue en 1918 et humiliée par le Traité de Versailles. Dans le sentiment collectif allemand naît une profonde volonté de revanche. À cette humiliation s’ajoutent les difficultés économiques. Dès le début des années 1920, l’Allemagne tente de survivre dans une très grave crise économique et monétaire. Le chômage qui en résulte atteint

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