Distribution classique
Cours : Distribution classique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dhani abdelkader • 16 Mai 2017 • Cours • 6 645 Mots (27 Pages) • 713 Vues
LES RESEAUX SOCIAUX DANS LE CANAL DE DISTRIBUTION TRADITIONNEL AU MAROC : L’EXEMPLE DES SOUASSA
Mohammed Amine BALAMBO(1) et Jamal ELBAZ(2)
(1) Professeur à la FSJES de Kénitra/ chercheur associé au CRETLOG, Aix Marseille Université (Balambo@gmail.com)
(2) Professeur à l’Ecole supérieur de Technologie d’Agadir, université Ibn Zohr (j.elbaz@uiz.ac.ma)
Résumé
Plusieurs recherches constatent le contrôle des Amazighs du commerce de détail au Maghreb. Au Maroc, les Souassa[1] sont réputés maitriser et contrôler le canal de distribution traditionnel. Cet article a pour objectif de comprendre la nature et les bases de développement de la confiance dans les réseaux sociaux liés à ce canal de distribution traditionnel. Il vise ainsi à démontrer que la nature de la confiance développée obéît aux caractéristiques culturelles du réseau dans lequel les acteurs sont encastrés. Pour étudier le contexte du canal de distribution traditionnel au Maroc, cet article se fondera sur la théorie de l’échange social, celle de l’encastrement dans les réseaux sociaux, et la théorie de la culture. En adoptant une approche exploratoire, nous nous baserons sur des entretiens semi-directifs avec guide d’entretien, qui feront l’objet d’une analyse thématique de contenu.
Mots clés :
Réseau social, canal de distribution, grossistes, détaillants, confiance.
Abstract
Several studies find that the dominance of retail Amazigh in North Africa. In Morocco, Souassa are known master and control the traditional distribution channel. This paper aims to understand the nature and basis of development of trust in social networks linked to the traditional distribution channel in Morocco. It aims to demonstrate that the nature of trust developed obey the cultural characteristics of the network in which actors are embedded. To study the context of the traditional distribution channel in Morocco, this paper will be based on the theory of social exchange, that of the embedding in social networks, and cultural theory. By adopting an exploratory approach, we will use the semi-structured interviews with an interview guide, which will be a thematic content analysis.
Keywords:
Social network, channel distribution, wholesale, retail, trust.
Introduction
La distribution traditionnelle marocaine a connu depuis au moins un siècle la dominance des Souassa et l’émergence de pratiques de distribution réticulaires qui leur ont permis une expansion à travers le territoire marocain.
Le centrage de la recherche sur la région de Souss, et plus particulièrement les communautés amazighs de cette région, est donc justifié par la dominance historique avérée de ce groupe culturel dans le secteur de la distribution traditionnelle au Maroc. En effet, différentes recherches attestent de ce phénomène vraisemblablement séculaire, puisque déjà sous le protectorat français au Maroc, Marquez (1935) releva la diffusion des épiciers chleuhs dans les villes du Maroc qu’il expliqua entre autres par le soutien d’institutions sociologiques amazighs très influentes et par la direction des chefs quasi-féodaux qui prélevaient une part énorme sur l'argent envoyé par les émigrés pour conserver l’institution de Jmaa[2]. Ensuite, même après l’indépendance cette domination s’est exacerbée puisque Adam (1972) note la masse impressionnante de boutiques tenues par les Souassa au Maroc, au même titre que le quasi-monopole exercé par les berbères algériens et tunisiens autour du concept de Tabeqqelet[3]. Un phénomène que cet auteur refuse d’expliquer par une « aptitude héréditaire » puisque certains observateurs ont relevé des traditions selon lesquelles d'importantes communautés juives auraient existé autrefois dans cette région et auraient subi des persécutions qui auraient abouti à un grand nombre de conversions forcées. Il est vrai aussi que dans les tribus voisines on traite volontiers de "Juifs", en se fondant sur ces traditions, les hommes des tribus commerçantes. (Adam, 1972) explique cette profusion spectaculaire par la solidarité clanique et « l'étroite intégration qui est celle de l'individu berbère dans les cercles concentriques de la famille domestique, du clan (ikhs ou afus), du village et de la taqbilt. » (Page, 30).
A notre tour, en raison de l’inexistence de travaux en sciences de gestion ayant exploré ce phénomène nous proposons d’axer notre réflexion sur une exploration de la région du Souss, en se posant la question centrale suivante : Comment se développe la confiance au sein de réseaux de Souassa dans le secteur de la distribution traditionnelle ? De quelle confiance s’agit-il ?
Dans ce sens, l’article a pour objectif de comprendre la nature et les bases de développement de la confiance dans les réseaux sociaux liés au canal de distribution traditionnel au Maroc. Il vise ainsi à démontrer que la nature de la confiance développée obéît aux caractéristiques culturelles du réseau dans lequel les acteurs sont encastrés. Pour étudier le contexte du canal de distribution traditionnel au Maroc, ce papier se basera sur la théorie de l’échange social, celle de l’encastrement dans les réseaux sociaux, et la théorie de la culture. En adoptant une approche exploratoire, nous nous baserons sur des entretiens semi-directifs avec guide d’entretien, qui feront l’objet d’une analyse thématique de contenu. L’article est organisé en deux parties. Une première consacrée à une revue de littérature présentant une compréhension du phénomène de la distribution traditionnelle sous les perspectives des réseaux sociaux et culturelle. Une deuxième partie s’attache à présenter les résultats d’une investigation empirique qualitative qui a été menée auprès de notre échantillon exploratoire.
1. D’une vision sous-socialisée des relations inter-organisationnelles à la prise en compte du social : Les réseaux sociaux
Les premiers modèles théoriques d’analyse des canaux de distribution ont été proposés par des économistes. Il s’agit des théories de la dépendance des ressources (Thompson, 1967 ; Pfeffer et Salancik, 1978) et des coûts de transactions (Williamson, 1975).
L’économie néo-institutionnelle postule que les individus ont un comportement rationnel, guidé par leur intérêt personnel et il est donc très peu affecté par les relations sociales. Ce postulat utilitariste a largement dominé la littérature inter-organisationnelle, qui considère le marché et la hiérarchie comme seules mécanismes facilitant les relations transactionnelles.
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