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Albert Camus, Cligula, acte III, scène 6 (1944)

Guide pratique : Albert Camus, Cligula, acte III, scène 6 (1944). Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  8 Novembre 2022  •  Guide pratique  •  709 Mots (3 Pages)  •  1 017 Vues

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Lecture analytique #5

Caligula_ Acte III Scene 6

Caligula est une pièce de théâtre d’Albert Camus publiée en 1944 qui triomphe notamment en 1945 sur la scène du théâtre Hébertot. L’œuvre fait partie de la trilogie que l’écrivain appelle lui-même « le cycle de l’absurde ». Elle met en scène le sombre empereur Caligula, qui agit avec démesure, en quête d’impossible et d’exigence absolue. Les patriciens mettent alors en place un complot afin de faire tomber le personnage tyrannique.

Dans la scène 6 de l’acte III , Caligula est confronté au message de sincérité et d’honnêteté de Cherea qui brosse un portrait peu flatteur du tyran, tout en faisant preuve d’empathie face au destin malheureux de ce dernier. Pour la première fois dans la pièce, Caligula propose un dialogue dépouillé de toute part de jeu mais les choses ne sont pas si faciles. Les deux hommes semblent se parler de tout cœur mais sont-ils sincères ou jouent-ils le « jeu de la sincérité » ?

  1. Ambivalence et opposition

Dans cette scène, les vraies valeurs morales et non plus les faux semblants, reprennent vie et vigueur grâce à Cherea. Alors que Caligula parle sous couvert de « masques » et de « mensonges », Cherea parle de « vérité ».  En effet, Cherea exprime clairement ses pensées et avoue la conjuration «  tu es gênant pour tous. Il est naturel que tu disparaisses». Il apparait alors comme un homme courageux mais il n’a plus rien à perdre puisqu’il a été démasqué. Face à Caligula, Chérea affirme les valeurs de la vie. Celui-ci exprime son désir « j’ai envie de vivre » ce qui prouve qu’il reconnait l’absolu de la mort mais tente de le dépasser. Cependant, cela ne veut pas dire que Cherea élude complètement l’idée de la mort mais il l’affronte avec sang-froid et n’a pas peur de mourir si c’est pour servir ses convictions « parce que d’autres me remplaceront et parce que je n’aime pas mentir ». Ainsi, Cherea désire être heureux. Il rejette le rêve, les tentations et recherche ce qui est sain. Il incarne la raison puisqu’il fait taire en lui ce qui pourrait le détourner du droit chemin et l’écarter de son but : « ces idées vagues n’ont pas d’importance ». De plus ,il considère qu’il y a « des actions qui sont plus belles que d’autres », alors que pour Caligula « toutes sont équivalentes ». Caligula et Cherea ont en fait le même langage, donnent la même valeur aux mots, s’appuient sur la même conscience lucide de la réalité humaine mais en tirent des conclusions diamétralement opposées. Les nombreuses interrogations que pose Caligula montrent qu’il est passionné par cette discussion sur l’absurde alors que Cherea se montre froid et s’accroche à ses certitudes.

  1. La sentence de Cherea

Caligula itère sa question «crois tu que deux hommes peuvent se parler de tout leur cœur ? ». Cherea répond alors que c’est ce qu’ils viennent de faire. Ainsi Caligula lui démontre qu’il est capable de parler avec son cœur alors que Cherea l’en croyait incapable. Cherea s’impatiente et souhaite en finir avec lui. Il « attend sa sentence ».  Caligula dévoile alors la tablette sur laquelle Cherea avoue le projet d’assassinat. Ainsi, le « naturel » de Caligula témoigne sa sincérité, mais on sait en fait qu’il joue puisqu’il ne dévoile la tablette qu’à la fin de la scène. Quant à Cherea, il a, lui aussi, simulé la franchise puisqu’il savait cette tablette en possession de Caligula. Cherea manifeste à nouveau son désir d’en finir « je m’en vais, Caïus ». Et il appuie une nouvelle fois sur la cruauté de l’empereur « Je ne crois pas que tu aies besoin de preuves pour faire mourir un homme. » A la fin de la scène, il brûle la tablette, seule preuve du complot, sous les yeux de Chéréa. Cela montre qu’il refuse d’utiliser la preuve du complot pour punir les conspirateurs. Ce n’est par générosité qu’il agit mais parce qu’il connait les limites du pouvoir humain. De plus, ce coup de théâtre marque le passage du burlesque au tragique puisqu’il laisse le complot s’exécuter, acceptant ainsi sa propre mort. Ainsi , l’empereur laisse Cherea libre et ne tient pas compte de la conspiration.

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