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Compte-rendu de lecture : De la liberté des Anciens et des Modernes

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Par   •  20 Mars 2021  •  Étude de cas  •  998 Mots (4 Pages)  •  532 Vues

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Compte-rendu de lecture

Document : De la liberté des anciens et des modernes, Benjamin Constant

Benjamin Constant est un philosophe et homme politique d’origine vaudoise. Tout au long de sa vie, il prendra part à différents régimes politiques : le directoire d’abord, avant de devenir chef de l’opposition libérale sous le Consulat. Après la chute de Napoléon, il soutient la Restauration puis l’installation de la monarchie de Juillet. Il restera célèbre comme l’un des grands fervents défenseurs du libéralisme politique et économique du XVIIIème siècle et ses idées inspireront notamment la rédaction de la Charte constitutionnelle de 1830.

Dans ce texte, Benjamin Constant expose sa vision de la notion de libertés, qu’elles soient individuelles ou politiques. Sa théorie est la suivante : alors que les citoyens de ce qu’il appelle les « nations anciennes » privilégiaient leurs libertés politiques à leur liberté individuelle, les citoyens des « nations modernes » (contemporaines à Constant) donnent la priorité à leur liberté individuelle. Ainsi, si les anciens tenaient un rôle actif dans la participation aux affaires publiques, ils devaient, en revanche, renoncer à toute forme d’indépendance individuelle dans leur vie privée, qui était étroitement contrôlée par la puissance publique. Benjamin Constant se livre à une critique négative de ces régimes, pourtant vantés par d’autres théoriciens politiques de son époque : ainsi désigne-t-il le régime des Gaulois comme un système « théocratique et guerrier », les druides et les guerriers y jouissant d’un pouvoir très important. D’après lui, la liberté n’est donc pas conçue de la même manière par un romain ou un grec de l’Antiquité que par un Français, un Britannique ou un Américain du XVIIIème siècle. Ainsi, pour ses contemporains, la liberté passe avant tout par le droit de ne pas être soumis aux arrestations arbitraires, de pouvoir choisir son métier ou encore de se déplacer librement sans avoir à se justifier. A l’inverse, la liberté, pour les Anciens, passait avant tout par l’exercice direct du pouvoir politique, en se réunissant sur le Forum ou l’Agora, en votant les lois et en jugeant les magistrats. Cette large indépendance politique s’exerce en contrepartie du sacrifice de toute forme de vie privée : les censeurs exercent leur pouvoir moralisateur jusque dans la vie intime des foyers romains ; à Sparte, le musicien Terpandre ne peut ajouter de corde à sa lyre sans offenser les Ephores. A l’inverse, si les « Modernes » jouissent de nombreux droits individuels, leur influence sur les affaires de l’Etat est bien moins importante qu’elle ne l’était dans les sociétés anciennes : la souveraineté du citoyen y est des plus restreinte et il ne peut l’exercer que par l’intermédiaire de représentants. Benjamin Constant identifie plusieurs facteurs permettant d’expliquer ce changement de conception de la liberté : tout d’abord, les sociétés anciennes, à la différence des sociétés modernes, étaient esclavagistes : ainsi les professions mécaniques (l’agriculture) et parfois industrielles (le commerce) étaient confiées aux esclaves, ce qui permettait aux hommes libres d’avoir un rôle actif dans les affaires publiques. Ces sociétés étaient par là même particulièrement belliqueuses : elles devaient constamment se battre contre leurs voisins pour assurer leur domination, voire leur survie. Aussi la guerre était-elle d’une importance primordiale, puisque celle-ci permettait ensuite le commerce au profit du vainqueur. A l’inverse, le monde moderne a, d’après l’auteur, connu suffisamment de progrès pour donner la priorité au commerce sur la guerre. Il faut dire que les nations modernes y ont moins d’avantages : alors que la guerre permettait d’enrichir les nations anciennes en esclaves, en terres et en or, elle représente pour les premières un coût très important, surpassant de beaucoup les richesses qui peuvent être produites en temps de paix. De plus, à la différence des modernes, les anciens ne disposaient pas d’autant de moyens de navigation pour se repérer, tel que la boussole, ce qui les empêchaient de naviguer en haute mer, entravant ainsi leurs possibilités de commercer. L’étendue d’un pays diminue d’autant le pouvoir politique de ses citoyens : alors que vingt mille citoyens athéniens (soit le nombre d’hommes libres et majeurs) pouvaient aisément se réunir sur la place publique pour prendre des décisions importantes, les millions de citoyens que compte la Grande-Bretagne, par exemple, ne peuvent en faire autant. Ainsi, pour Constant, c’est le commerce, avant toute autre chose, qui donne aux hommes le goût pour l’indépendance et la liberté individuelle. Le libéralisme économique et le libre-échange y ont une place prépondérante : d’après l’auteur, l’Etat ne doit pas intervenir dans le commerce, qui doit être uniquement assuré par des acteurs privés, directement concernés. Pour Constant, Athènes, par l’importance qu’elle accordait au commerce, est la nation ancienne se rapprochant le plus des nations modernes. Toutefois, la participation directe de ses citoyens à la vie politique, l’existence de l’esclavage et la pratique de l’ostracisme (exclusion de la cité) en font une nation ancienne à part entière. Constant se livre ensuite à une critique de l’apologie de cette dernière par certains de ses contemporains : en effet, d’après lui, les anciens sacrifiaient moins (leurs droits individuels) pour obtenir plus (un pouvoir politique important), tandis qu’en faisant le même sacrifice, les modernes sacrifieraient plus (leurs libertés individuelles) pour obtenir moins (un pouvoir politique très limité). Il dénonce également la récupération politique du souvenir de ces régimes par des institutions telles que l’Eglise catholique, qui voudrait reprendre les lois des Athéniens contre les religions étrangères et l’athéisme pour rétablir son pouvoir sur la société ou bien encore la volonté de rétablir des pratiques telles que l’ostracisme, qui est une forme de terrorisme politique d’après lui. Si Constant affirme que la liberté individuelle est la première caractéristique des peuples modernes, il refuse pour autant d’avoir à renoncer à la liberté politique pour conserver des libertés individuelles : de fait, la liberté politique est la première garantie du respect des libertés individuelles. Ainsi, le système représentatif est en réalité dans l’intérêt des gouvernés : il leur permet en effet de se reposer de la majorité de leurs obligations politiques sur des représentants élus.

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