Explication linéaire : la naissance surprenante de Gargantua
Étude de cas : Explication linéaire : la naissance surprenante de Gargantua. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Hamar Abe • 23 Novembre 2023 • Étude de cas • 1 880 Mots (8 Pages) • 314 Vues
Œuvre Intégrale : François Rabelais, Gargantua
Parcours associé : Rire et savoir
Explication linéaire n°1
Introduction
Présentation brève de l’époque, du courant littéraire, de l’auteur (voir prise de notes faite en
classe)
Dans Gargantua, Rabelais adopte la structure d’un roman de chevalerie : il expose de façon
chronologique la rencontre des parents puis la naissance du héros mais il le fait de manière
parodique. Dans le chapitre 6, l’accouchement de Gargamelle survient dans le contexte d’une
énorme orgie de tripes avec tous les villageois des environs, le «mardi gras »
1
, en pleine période de
carnaval.
LECTURE
Projet de lecture : Nous verrons, dans ce passage, comment se déploie le mélange des registres.
1 Les « sept jours gras » se terminent en apothéose par le « Mardi gras » et sont l'occasion d'un
défoulement collectif. Il s’agit du carnaval. Après le carnaval commence le carême marqué par un
esprit d'austérité et de jeûne.
Œuvre Intégrale : François Rabelais, Gargantua
Parcours associé : Rire et savoir
I. Dans le premier mouvement, je vais montrer que Rabelais s’attache à faire le récit d’une
naissance à la fois réaliste et merveilleuse (au sens de prodigieuse) tout en jouant de l’humour
scatologique.
A. Tout d’abord, le récit fourmille de des détails réalistes détournés par la verve comique de
l’auteur
- Il y a, en premier, les douleurs de l’enfantement, puis, la présence des sages-femmes autour de la
parturiente : « Peu de temps après, elle commença à se lamenter et à crier. Aussitôt, arrivèrent en
masse des sages-femmes de tous côtés; ». Les hyperboles soulignent le statut de grande dame de
Gargamelle (épouse d’un roi) et en même temps elle crée une image amusante : on imagine une
multitude de sages-femmes massées autour de la géante.
- à la ligne 2, la visée satirique est dirigée contre ces sages-femmes, arrivée «en masse» et n’en
confondant pas moins les matières fécales de Gargamelle (désignée par la périphrase «quelques
morceaux de peau d’assez mauvais goût ») et l’enfant. Le quiproquo divertit le lecteur.
- De la ligne 3 à 4, le narrateur révèle la cause de ce quiproquo : « mais c'était le fondement qui lui
lâchait, par le relâchement du gros intestin - que vous appelez le boyau culier – pour avoir trop
mangé de tripes, comme nous l'avons dit plus haut. » La conjonction de coordination « mais » met
fin au malentendu : le narrateur évoque explicitement la diarrhée de Gargamelle. Le comique est
donc celui du bas corporel : « le relâchement du gros intestin - que vous appelez le boyau culier »
Le lexique et la formule explicative grossière («que vous appelez le boyau culier ») place la scène
du côté du comique scatologique.
- à la fin du paragraphe la cause de cet accouchement tumultueux est rappelée :«pour avoir trop
mangé de tripes, comme nous l'avons dit plus haut. » Le narrateur insiste sur la démesure de cette
famille de géant qui aime à ripailler avec excès.
B. Ensuite, le narrateur relate l’intervention d’un élément perturbateur : une guérisseuse va
tenter d’aider Gargamelle
- à la ligne 6, le portrait de la guérisseuse relève de la caricature : « Alors, une vilaine vieille de la
compagnie, qui avait la réputation d'être guérisseuse, venue de Brisepaille d’auprès de SaintGenou depuis soixante ans ». L’adjectif péjoratif « vilaine » et la proposition subordonnée relative
« qui avait la réputation » suggèrent que cette réputation est usurpée et, en effet, elle va aggraver la
situation.
- Le narrateur nous raconte qu son remède est totalement excessif : « lui administra un astringent si
terrible que tous ses sphincters furent si obstrués et resserrés ». L’intensif « si » est ici divertissant
car il introduit une conséquence désastreuse : tous les sphincters de Gargamelle étant contractés,
l’accouchement par voie basse est impossible.
- à la ligne 8, le lecteur est intégré au récit avec le pronom personnel « vous ». En supposant qu’il
pourrait tenter d’élargir « avec les dents» les sphincters de Gargamelle comme le diable l’a fait de
son parchemin, Rabelais recourt au gros comique de la farce. La satire anti-féminine (Rabelais est
héritier d’une certaine tradition médiévale) s’étend au-delà de la profession de sage-femme à toutes
les femmes, à travers l’anecdote du diable à qui ne suffit pas son parchemin pour enregistrer le
«papotage» sans fin de deux commères.
II. Dans le deuxième mouvement du texte, l’auteur s’amuse à parodier le récit épique : comme
tous les héros, Gargantua a un parcours exceptionnel mais ici
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