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La naissance de Gargantua

Commentaire d'oeuvre : La naissance de Gargantua. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  18 Juin 2024  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 786 Mots (8 Pages)  •  111 Vues

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Analyse linéaire de la naissance de Gargantua

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Ce texte est un extrait de Gargantua, une parodie du roman de chevalerie, écrit en 1542 par Rabelais. En plus d’avoir écrit, l’auteur a aussi été moine et médecin. Rabelais est un auteur humaniste, mouvement du 16ème siècle qui place l’homme au centre de ses préoccupations, et non plus Dieu, comme c’était le cas au Moyen âge. Les humanistes sont persuadés de la capacité de l’être humain à s’améliorer par l’éducation, thème qui occupe une place importante au sein du roman. Gargantua, qui a pour sous-titre « Livre plein de pantagruélisme », donne d’emblée le ton. En effet, le pantagruélisme est une philosophie qui consiste à jouir des plaisirs de la vie, particulièrement boire et manger et à préférer le rire aux larmes face aux malheurs du monde. Et c’est bien ce que tentent de faire les géants qui font ripaille (mangent en grande quantité et de manière festive) à chaque occasion. Le banquet est omniprésent dans Gargantua. C’est d’ailleurs, comme, on l’apprend dans ce texte, au milieu d’un banquet que naît notre géant / Gargantua.

En effet, ce texte, extrait du chapitre XVI de Gargantua, intitulé « Comment Gargantua naquit d’une façon bien étrange », raconte comment après 11 mois de grossesse Gargantua naît par l’oreille de sa mère Gargamelle au beau milieu d’un festin de tripes.

On distingue 3 mouvements dans ce texte.

Le premier mouvement correspond le premier paragraphe. Nous verrons que, dans ce premier paragraphe, le narrateur évoque la première étape de l’accouchement correspondant au travail.

Le deuxième mouvement débute à la ligne 13 pour s’achever à la ligne19. Ce deuxième mouvement renvoie à la deuxième partie de l’accouchement : la naissance de Gargantua.

Dans le troisième mouvement,  qui débute de la ligne 20 et s’étend jusqu’à la fin du texte, Rabelais s’adresse au lecteur.

On peut se demander si, derrière le récit d’une naissance épique / extraordinaire, ne se cache pas la « substantifique moelle », c'est-à-dire un sens supérieur : imagé / allégorique

Dans le premier mouvement, le narrateur nous narre la première étape de l’accouchement de Gargamelle correspondant au travail.

Comme le montre l’emploi de la troisième personne du singulier « elle » et le recourt au passé simple « commença »,« arrivèrent », « trouvèrent », »  « pensèrent », « administra », « furent » ,il s’agit bien d’un récit, en l’occurrence du récit de la naissance de Gargantua. En effet, la narration de l’accouchement de Gargamelle, et plus précisément le travail, apparaît à travers l’emploi de réelles références médicales. Ainsi, on trouve dans ce premier mouvement, un champ lexical (précis) du corps avec des mots comme « membrane », « intestin droit », « boyau culier et « tripes », .La narration du travail apparaît également à travers la suggestion de la souffrance de Gargamelle liée à l’accouchement. Cette souffrance apparaît dans la gradation « à soupirer, se lamenter et crier ». C’est une gradation ascendante, puisque qu’elle ordonne des termes d’intensité croissante. Ce procédé d’amplification, qui met en valeur le terme final « crier » et qui est ascendant suggère l’ampleur de la souffrance de Gargamelle qui va augmentant / crescendo, comme c’est le cas lors d’un accouchement. Nous avons bien affaire au récit d’une naissance.

L’accouchement de Gargamelle est un accouchement extraordinaire comme le montre l’emploi des hyperboles « un tas de sage femmes », « de tous côtés », « tant de tripe », « une grande guérisseuse », « si horrible », « bien affreuse » qui donne au lecteur le sentiment d’un accouchement hors du commun.

Dans ce récit se cache un sens supérieur, une critique de la religion ridiculisée / moquée par Rabelais qui choisit de narrer la légende ridicule de Saint Martin : « C’est de cette façon…. A pleines dents »). En effet, selon la légende, le diable, ayant entrepris au cours de la messe célébrée par Saint Martin de consigner tous les commérages de deux femmes, n’eut pas assez de son parchemin et dut l’étirer avec les dents. Le parchemin se déchira et le diable heurta de la tête un pilier de l’église. Cette légende apparaît d’autant plus ridicule qu’elle est racontée juste après des allusions sexuelles. En effet dire d’une femme quelle vient de « Brisepaille près de Saint-Genou », c’est désigner une débauchée qui a brisé la paille de son lit misérable avec ses genoux. Une autre allusion sexuelle apparaît dans le texte à travers l’emploi du mot « orifices » au pluriel. En outre  les « orifices » de Gargamelle sont mis sur le même plan que le  « Parchemin » du diable, ce qui accentue encore le ridicule de cette légende. (On voit bien que Rabelais utilise le rire pour s’attaquer à la religion)

Après avoir étudié, le récit du travail de l’accouchement de Gargamelle,  qui constitue le premier mouvement, nous allons nous centrer sur le second mouvement, autrement dit la naissance de Gargantua.

Tout comme dans le premier mouvement, on retrouve dans le second des références médicales (qui apparaissent) à travers l’emploi d’un champ lexical  (précis) du corps avec des mots comme « placenta », « veine cave », « diaphragme », « veine », « épaule ». « oreille ». Là encore, il s’agit bien d’une naissance extraordinaire, puisque Gargamelle  à qui on administré un « astringent », ne peut pas donner naissance à Gargantua par voie basse. Par conséquent, Gargantua naît par l’oreille de Gargamelle. Le choix de cette naissance comique, est renforcé par les exploits / prouesses de Gargantua.  Gargantua qui « traversa d’un sursaut », « entra », « grimpant »  « continua », puis « sortit » fait preuve de capacités physiques extraordinaires pour un futur nouveau né. Il fait aussi preuve d’une faculté intellectuelle hors norme, puisqu’il sait parler dès la naissance. Il s écria « A boire ! Aboire ! Aboire ! ». Mais, l’arrivée au monde de Gargantua par l’oreille de Gargamelle, ainsi que ses grandes capacités physiques et intellectuelles qui font de sa naissance, une naissance extraordinaire, a un sen caché. En effet, la mise en scène du choix entre 2 voies : « Là ou ladite veine se sépare en deux » renvoie au choix entre la vertu et le vice. De même que Boire, c’est aussi accepter ses besoins humains, reconnaître son humanité. D’ailleurs, les derniers mots de Jésus sur la croix furent « J’ai soif ».

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