Analyse de situation professionnelle, service carcéral psychiatrique

ANALYSE DE SITUATION PROFESSIONNELLE – S4-2

• Le lieu

La situation présente se déroule dans une unité hospitalière spécialement aménagée, prenant place au sein d’un centre hospitalier spécialisé en psychiatrie.

Le service comporte 20 chambres au total, dont deux CSI (chambres de soins intensifs), avec et sans contentions. Il y a des horaires de fermetures et d’ouvertures des chambres, celles-ci sont notamment fermées à clé lors des temps de repas, de transmission, de prise de traitement, et pendant la nuit. Une cour est à disposition des patients lors des temps d’ouverture, sécurisée par des barbelés et une double enceinte murale.

L’âge des patients est varié (de 17 à 79 ans lors de ma présence), la situation se déroule lors de la troisième semaine de stage, sur cinq semaines au total.

Les professionnels intervenants dans le service sont les infirmiers, les aides-soignants, les agents de service hospitalier, les psychiatres, la psychologue, la kiné thérapeute et la dramathérapeute (personnel extérieur à l’établissement), la médecin généraliste et la cadre du service. Le personnel de l’administration pénitentiaire peut être amené à intervenir lors de situations le nécessitant (violence par exemple).

Il y a 5 infirmiers et un AS présents le matin et 4 IDE et 1 AS l’après-midi : il est nécessaire qu’au moins trois personnels de santé soient présents pour procéder à l’ouvertures des chambres du service.

Le personnel de l’AP (administration pénitentiaire) n’a accès au service qu’en cas de déclenchement de l’alarme de Niveau 3 (grâce aux DATI), et selon la demande du personnel de santé.

Un comptage des patients est réalisé à chaque prise de poste (matin, après-midi et soir), et envoyé à l’AP.

Le service de soin fait donc écho à un contexte carcéral inévitable.

• La situation

La situation se déroule lors d’une après-midi. Nous avons eu lors des transmissions, à notre prise de service, l’information qu’une tension se développait entre deux patients : un des patients concernés (Mr L) était persuadé que le second (Mr D) avait violé sa propre sœur. Des dires infondés puisqu’il n’avait pas de preuves concrètes, mais pouvant résulter de sa pathologie psychiatrique. Cependant, l’hostilité était présente. Mr L criait à Mr D : « T’es qu’un pointeur, ne sors pas de ta chambre sinon je te défonce ». Les menaces présentes, nous étions alors vigilants.

Seulement, dans l’après-midi, une altercation a lieu dans la cour entre les deux patients, l’altercation présente une violence certaine. Ils sont séparés par d’autres patients, puis le Niveau 3 est déclenché, et tous les patients ont l’obligation de regagner leurs chambres, qui sont fermées à clé par le personnel soignant.

Mr L, porteur des coups, refuse de regagner sa chambre : l’AP est donc appelée en renfort. Il sera alors menotté par « les casqués », puis emmené dans le deuxième service de l’établissement. L’intervention du personnel de l’AP est violente, tout comme l’altercation qui vient de se dérouler.

Suite à cette situation, je n’ai pu m’empêcher d’y repenser lors des soins portés aux autres patients. J’ai alors réalisé que je faisais preuve d’une vigilance plus accrue que lors de mes précédents stages en milieu hospitalier non-carcéral.

• Le questionnement

Cette situation m’a interpellé tout au long de mon stage puisque je me suis demandée comment éviter le jugement apporté aux patients.

Devais-je faire en sorte de diminuer ce niveau de vigilance aux risques de passer à côté de quelque chose d’important ? Est-ce que cette vigilance faisait preuve d’un jugement envers les patients ? Est-ce que cette vigilance se serait présentée si je n’étais pas en stage dans un milieu carcéral ? Ce jugement pouvait-il représenté un frein à une bonne prise en soin ?

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