Le divertissement spectaculaire
Dissertation : Le divertissement spectaculaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Amine Ouasfi • 11 Mars 2019 • Dissertation • 571 Mots (3 Pages) • 644 Vues
Le Divertissement spectaculaire
Je voudrais vous livrer une réflexion où, loin des discours moralisateurs qui abondent sur ce sujet, je tente d'examiner la forme particulière que prend le divertissement aujourd'hui et que j'appelle : Le divertissement spectaculaire.
Le divertissement conçu dans les termes d'une anthropologie pascalienne se réduit comme chez Heidegger à une fuite dans l'abri de la familiarité, dans le refuge factice du " On", devant l'angoisse que produit chez l'homme le sentiment de son "étrangeté" par rapport à lui-même. La Seinsvergessenheit, qu'on traduit généralement par oubli de l'être, ne serait alors que l'aboutissement de la fuite devant cette inquiétante étrangeté, cette Unheimlichkeit comme l'appelle Heidegger en reprenant une thématique qui sillonne le romantisme allemand.
Il ressort de cette conception une image assez négative du divertissement. Mon propos est ainsi une tentative qui vise à dépasser cette image en distinguant dans le divertissement : un divertissement par le spectacle et un divertissement dans la création.
Le spectacle est pris ici dans le sens d'un rapport entre individus médiatisé par des images. Pour éclairer cette définition, pensons métaphoriquement à des spectateurs qui regardent une pièce de théâtre. Ils voient se mouvoir, dans une scène dont ils sont séparés, divers personnages. Absorbés par la scène, ils sont séparés entre eux et en même temps ils ne sont unis que par cette scène. Laquelle est une cristallisation d'images et de représentations. A partir de ces images chaque spectateur "façonne" son attitude et affirme ainsi sa liberté par rapport aux autres spectateurs. Mais ce choix est assujetti à un impératif catégorique qui s'exprime de la manière suivante : ” Façonne ton attitude de sorte à être reconnu de la part de ceux qui t'intéressent”, ou dit autrement " Be cool man".
A telle enseigne, la forme de divertissement que j'appelle spectaculaire est celle où l'individu pour se divertir se met " en spectacle" conformément à des images et des représentations préconçues, standardisées et uniformisées. Son divertissement se réduit alors à un acte de consommation dans la mesure où la spontanéité, l'immédiateté de l'être y sont niées et annihilées.
Seule et jalouse, cette forme spectaculaire du divertissement règne aujourd’hui comme la modalité la plus élaborée selon laquelle la vitalité qui nous anime s'exprime et s'intensifie. Dans une société qui produit du désir et donc de la frustration, cette forme s'impose aussi bien au prolétaire comme évacuation de sa frustration qu'au mondain pour palier à la vacuité de son esprit ou le libérer du fardeau pesant d'une pensée qui l'angoisse. Il ne s'agit point ici de jouissance ou de plaisir mais seulement, dans l'ivresse extatique d'un moment, dans le mouvement cadencé et quasi hypnotique du corps dont la vitalité s'épuise, de fuir la solitude et l'angoisse et de se sentir vivant, en phase avec son temps.
Pourtant, il y a dans le labeur créatif, dans l'acte mallarméen, dans la saisi de l'Idée et dans l'accouchement des idées un divertissement
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