La violence dans le sport
Dissertation : La violence dans le sport. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Axelbaudry • 2 Mai 2020 • Dissertation • 3 995 Mots (16 Pages) • 2 722 Vues
La place de la violence dans le sport.
Au cours du XXème siècle, « le sport a progressivement pénétré les continents et les classes sociales » (La violence dans le sport, Jean-Yves Lasalle, 1997). Parallèlement à cette expansion, de nombreuses études ont observé une augmentation de la violence liée aux activités sportives notamment dans le football. Par exemple, « pour la période 1978-1985, […] il faut noter que le taux d’augmentation des points de violence et des avertissements pour la première division a été de 59 % » (La violence dans le sport, Jean-Yves Lasalle, 1997). En effet, la violence traverse en permanence l’univers sportif car ce dernier révèle une dimension excessive, que ce soit par la recherche de performance ou par l’effet cathartique d’un match de football. Le sport peut alors être un moyen d’évacuer toute la pression accumulée par les individus. C'est un exutoire qui peut s’exprimer aussi bien par du dopage que par les violences des hooligans. Cependant, cela n’a rien d’anormal car le sport reflète notre société qui tolère et encourage ces abus. Par exemple, l’anorexie a une plus grande ampleur aujourd’hui. Dans la société, le culte du corps est de plus en plus mis en avant car il faut être mince et musclé . Avoir un corps parfait peut donc conduire à un excès d’activité physique. La société pourrait donc se demander si ce sont les activités sportives qui rendent violents ou plus largement un phénomène social, puisque le sport reflète la société.
Une réponse à cette question suppose au préalable de définir les notions de sport et de violence.
Tout d’abord, selon Pierre Parlebas, le sport serait « un ensemble de situations motrices codifiées sous forme de compétitions et institutionnalisés. »
Ainsi, 3 critères se dégagent de cette définition. Le sport, c’est d’abord une activité physique, ce qui peut donc nous laisser perplexe quant à la pétanque ou le billard. C’est ensuite une activité ludique. Le sport n’est qu’une forme particulière de jeux que ce soit au niveau amateur ou professionnel, ce qui exclut donc les métiers manuels qui exigent pourtant une dépense énergétique. Enfin, l’activité sportive obéit à des règles précises, il n’y a pas de jeu sans règles préliminaires fixées. De ce fait, le sport est censé être bénéfique et un moyen d’éducation. Serait-il alors possible de lutter contre la violence par le sport ? Ou au contraire, le sport par l’excès rendrait-il violent ? Tel est le paradoxe sportif.
Ensuite, il est indispensable de déterminer la notion de violence. Dans son sens courant, elle est un abus de force sur autrui. Ainsi, 2 types de violences peuvent être distingués dans le cadre sportif : la violence des pratiquants et celle des spectateurs. Dans notre cas, nous allons nous concentrer sur la dimension violente des pratiquants. En outre, pour la psychologie, la violence serait « l’utilisation déréglée de la force pour entrainer des dommages physiques ou psychiques à autrui » ( Les mécanismes psychologiques de la violence, Jean-Louis Le Run, 2012). Ainsi, elle repose sur l’agressivité, mais il ne faut pas confondre celle-ci et la violence. L’agressivité peut être domestiquée. Elle est un signal qui permet de montrer à l’autre les limites à ne pas dépasser. La violence, quant à elle, résulte d’une agressivité incontrôlée et destructrice. Nous pouvons donc nous questionner sur cette distinction entre agressivité et violence car si les attitudes violentes sont souvent réprimées, les conduites agressives sont tolérées voire encouragées. Effectivement, d’après Dominique Bodin, « l’agressivité augmente en fonction des enjeux et du niveau » (Sports et Violences, 2012). Face à ces agressions, on découvre alors des mécanismes d’indulgence du corps arbitrale. Les sportifs agressifs peuvent donc profiter des règles pour mieux performer. Par exemple, selon l’ambiance d’un match, l’arbitre peut être influencé par le public et ne pas siffler une transgression du règlement. Cela témoigne de l’importance des règles dans la gestion de l’agressivité pour réaliser une performance.
D’un point de vue plus général, cette gestion passe également par le contrôle de ses émotions. En effet, dans le champs sportif, la présence des émotions est inévitable et même nécessaire pour la motivation., l’éradiquer est illusoire car le jeu influence la part affective des individus qui doivent tout de même garder le contrôle. Néanmoins, pour le sociologue Norbert Elias, le sport est un des derniers « espaces tolérés de débridement des émotions » dans notre société.
Ainsi, le jeu physique permettrait à la fois de canaliser ses émotions et plus précisément son agressivité tout en l’exploitant pour améliorer ses performances. Dans ce cas-là, si l’agressivité possède un rôle moteur dans la performance, en est il de même pour l’éducation ? Serait-il possible d’éduquer la non-violence par la violence comme un enfant qui apprendrait à ne pas toucher le feu en le touchant ?
De cette manière, nous analyserons les relations entre le sport et la violence à travers le prisme des sciences humaines afin de répondre à la question suivante :
La violence est elle toujours négative dans le sport ?
Tout d’abord, nous nous demanderons si l’agressivité en sport est synonyme de violence ou de combativité. Ensuite, ce n’est qu’une fois ces aspects éclaircis que nous montrerons dans quelle mesures la combativité permet d’augmenter la performance sportive.
Dans un premier temps, il apparaît nécessaire de distinguer précisément la violence et l’agressivité dans le champs sportif. Par abus de langage, la définition populaire de la violence est relativement proche de la définition psychologique de l’agressivité. Ce seraient dans les deux cas des comportements d’individus qui auraient l’intention de nuire.
Néanmoins, existe-t-il une subtilité entre ces notions ? La violence n’est qu’une forme particulière d’agressions. « Toutes les violences sont des agressions, mais toutes les agressions ne sont pas des violences » (Anderson et Bushman, 2001). En effet, l’agressivité est « la tendance des individus à attaquer » (Dictionnaire de la psychologie, Larousse, 1993). On peut donc penser que l’agressivité est forcément négative.
Pourtant, en dépit de son aspect négatif, elle peut être essentielle pour s’adapter, notamment en sport. Elle prend alors une valeur positive comme la combativité. Dans ce cas-là, l’agressivité peut se justifier car elle semble légitime pour la norme. Par exemple, lors d’une compétition, s’il faut être agressif pour gagner, le sportif le fera pour contrôler la situation, il a donc un objectif précis. Ce n’est pas le cas de la violence. Elle est extrême et n’a pas de but constructif. En effet, l’individu violent n’a pas de réflexion et ne contrôle pas son comportement. Il peut donc être destructeur pour lui et pour autrui. En revanche, l’agressivité positive comme la combativité peut être contrôlée contrairement à la violence.
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