Le viel homme et l'enfant

Intrigue : Le film se déroule durant l’été 1943, Claude, un enfant juif de 8 ans, multiplie les bêtises et ne manque pas de se faire remarquer malgré les avertissements que son père lui donne. Cependant l’enfant n’est pas dupe de la situation tragique. Les conditions de vie de la petite famille empirent. Traqué, le couple Landmann décide d’envoyer Claude à la campagne afin de le protéger. L’enfant est hébergé chez les parents d’une de leurs amies, un vieux couple formé de Pépé, vieil homme spontané, pétainiste et antisémite convaincu, et de Mémé, sa femme. Contraint de cacher sa judéité, de se plier à la doctrine catholique et surtout d’apprendre l’orthographe de son nom d’emprunt, un lien de complicité croît rapidement avec Pépé, celui-ci ignorant que Claude est juif. Les parents du jeune Claude reviennent le rechercher le lendemain du débarquement du 6 juin 1944 pour retourner à Paris, laissant derrière lui de belles péripéties avec Pépé qui apparaissait comme un second grand-père.

Dans quelle mesure l’expression de ces opinions (radiophoniques) nous renseigne sur ce que pense le vieil homme, y a-t-il une évolution ?

Dans ce film de Claude Berri de 1967, dans une France encore plongée dans une double culture, d’un côté une mythologie maréchaliste qui masque la vérité de l’occupation et en même temps un culte de la résistance, on remarque la présence d’un élément récurent : il s’agit de la radio. Malgré sa présence discrète au sein du film, elle a un rôle important, puisqu’elle nous renseigne quant à l’avis que s’est fait Pépé des alliés, de l’ennemi et du gouvernement français de l’époque.

Michel Simon (pépé), vieux pépé bougon, bavard mais tendre, montre cependant une facette antisémite et nationaliste. Il montre à lui seul toute la complexité d'une France occupée, anesthésiée par la propagande antisémite du gouvernement collaborationniste de Vichy. Radio Paris est donc la radio écoutée dans le foyer de mémé et pépé, où les actions des alliés sont dénoncées, et où la théorie du complot judéo-maçonnique-communiste est soutenue. Dans le film, l’écoute de Radio Paris est majoritaire, malgré tout l’écoute de la BBC n’est pas exclue.  Par le biais de cette radio les deux vieillards se tiennent au nouvelles, sont informés du débarquement du 6 juin 1944, du discours de De Gaulle et également de l’assassinat d’Henriot le 10 juin 1944.

Pépé, comme beaucoup de français de l'époque, est influencé par un système politique aussi nationaliste et pervers que l'Église soutenait sans compter. L'image d'un "héros" de la première guerre mondiale était restée gravée dans la tête de beaucoup de gens crédules qui, séduits par les velléités collaboratrices de "Radio Paris", avaient sous la main des boucs-émissaires tout trouvés avec les juifs, les communistes et les francs-maçons notamment. C'est vrai, comme beaucoup de ses compatriotes, Pépé est empêtré dans ses contradictions et pourtant l'homme est relativement bon mais il se façonne à l'idéologie de ce maréchal, lui aussi manipulé et en partie responsable d'un véritable génocide. Le jugement des uns ne se fait pas sur des préjugés distillés par la malhonnêteté et la lâcheté des autres. Pépé élève des lapins et voue pour eux un amour sans pareil se refusant d'en voir un finir en civet dans une marmite et encore moins dans son assiette.

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