Toute vérité est-elle bonne à dire?

Gaspard Lepoutre, Première 5

Dissertation (devoir facultatif)

        Sujet numéro 2

[pic 1]

« Toute vérité est-elle bonne à dire ? » De tous temps, les écrivains comme les artistes se sont penchés sur ces questions.  Jusqu’où faut -il aller dans la vérité ? Pourquoi le mensonge est-il si sévèrement critiqué ? Bien souvent, la vérité n’est pas unique et chaque homme possède sa vérité. Comment alors fixer les limites de la vérité ? L’oubli est-il un mensonge ? L’exagération supprime-t-elle toute vérité ? Certains genres littéraires ont été propices à ces réflexions. Il se dégage du mot « vérité » une dimension absolue. Mot religieux par essence, la vérité semble être dictée par une entité supérieure que les hommes ne comprennent que rarement. En effet, la tentation du mensonge semble souvent dictée par des sentiments contre lesquels il paraît impossible de lutter. Le père Karamazov l’illustre parfaitement, le mensonge lui semble intrinsèque, comme dicté par un souverain divin. Certains genres littéraires ont été propices à ces réflexions. C’est le cas du roman d’analyse où l’accès aux pensées et raisonnements des personnages permet une réflexion efficace sur les motifs qui poussent les hommes à s’écarter du droit chemin de la vérité pure et absolue. Dans La Princesse de Clèves, œuvre précurseur du genre du roman d’analyse, Madame de la Fayette questionne souvent ce rapport à la vérité travers la Princesse, obligée de composer avec un amour illégitime mais dévorant.

Nous cherchons à donc à savoir en quoi ce roman de Madame de de la Fayette permet de réfléchir à la question « toute vérité est-elle bonne à dire ? ».

On verra que la vérité est nécessaire et doit être conservée à tout prix. Cependant, le mensonge apparaît parfois comme la seule issue envisageable.

La vérité est nécessaire à toute vie en société, il n’est pas envisageable de s’en éloigner, quelques soient le contexte et les événements.

La vérité permet en premier lieu une paix intérieure. Gage d’une confiance sereine, celle-ci confère apaisement et tranquillité. Vertu et vérité semblent intrinsèquement liées, la vertu impliquant nécessairement la vérité. Une personne de vertu se doit de ne pas s’engager dans quelques affaires de dissimulation et d’intriques où il devrait s’éloigner des valeurs de vérité et d’honnêteté. Madame de Chartres avait fait de la vertu une dimension essentielle de son éducation. La Princesse de Clèves a donc intégré ces notions de vérité absolue et exemplaire. Elle ira même jusqu’à avouer la passion qu’elle nourrit pour le Duc de Nemours à son mari. C’est un exemple flamboyant de l’aveu d’une vérité pourtant compromettante que livre ici la princesse, bien que la peur de devoir lutter contre cette passion seule n’est pas fait du souci de vérité la seule motivation.

De plus, dire toute la vérité sans concession et faux semblants peut aussi être « stratégique ». Se confier pleinement implique dans les autres la nécessité de se prêter au jeu de l’honnêteté sans faille. Un aveu difficile sur un sujet délicat est la preuve d’une réelle force de caractère et d’un esprit décidé et capable. Le sentiment d’être confronté à quelqu’un qui se livre pleinement sans souci des réactions de ses interlocuteurs force le respect et implique un comportement similaire chez soi. La Princesse de Clèves use de cette stratégie. Peut être le fait elle inconsciemment mais il faut rappeler que la sincérité absolue semble être l’une des facettes les plus remarquables du caractère de la Princesse. Lors de la dernière conversation avec le duc de Nemours, cette sincérité sans failles se voit confirmée de la plus belle des manières., « je veux vous l’avouer sans failles ». La princesse livre ses secrets les plus intimes au duc. Cet aveu total confère à cette conversation une dimension grave et presque tragique qui annonce peut-être le refus de la Princesse quant à la perspective de s’engager dans une relation avec le duc. De plus, le duc est contraint de se confier avec la même sincérité que la princesse.

Enfin, une relation de confiance se base nécessairement sur des valeurs de probité et d’honnêteté. On attend d’une personne en qui l’on a mis toute sa confiance d’être digne de cette confiance en n’essayant pas de maquiller la vérité. Réciproquement, faire preuve d’une honnêteté sans faille envers une personne lui montre toute l’étendue de la confiance qu’on lui accorde. Quoi de plus noble qu’un aveu sans dissimulation. La Princesse de Clèves va de ce fait faire preuve d’un courage exceptionnel en mettant son mari le Prince de Clèves dans la confidence de la passion qu’elle nourrit pour le duc de Nemours. Bien que le réalisme de cette scène eût été critiqué, il n’en témoigne pas moins de la vision absolue que confère la princesse à l’honnêteté.

...