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Quatre-vingt-treize, La Convention

Commentaires Composés : Quatre-vingt-treize, La Convention. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  26 Avril 2013  •  1 823 Mots (8 Pages)  •  1 391 Vues

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Quatrevingt-treize : La Convention

Introduction : L’incipit du livre III de la deuxième partie du roman, sous-titrée « A Paris », s’intitule « La Convention », et crée un effet de surprise dans la mesure où il nous arrache à la narration romanesque, en faisant suite aux livres « Cimourdain » et « Le cabaret de la rue du Paon » qui nous montre le dialogue entre les trois grands. Avec cette partie, la situation d’énonciation se modifie : c’est une sorte de récit dans la narration, où Hugo invite à contempler la Convention 80 ans après son surgissement, et travaille à lui rendre sa lisibilité, son intelligibilité, assignant à son récit une fonction testimoniale. Contre les erreurs et les préjugés qui ont déformé la Convention, Hugo restitue à l’évènement sa grandeur originelle.

Pourquoi cette pause, cette rupture du pacte romanesque ? Quel rapport entretient cette page avec celles qui précèdent ou qui suivent ?

I. La Convention : avènement d’un « prodige ».

A. Un monument extraordinaire.

1. Une création ex nihilo.

- Une apparition : « jamais rien de plus haut n’est apparu » : arrivée transcendante, surnaturelle, magique.

- Un spectacle contemplé par Hugo : « Le regard devient fixe » : l’article défini et le présent de vérité générale déterminent une norme, il ne peut pas en être autrement. Le monument devient omnipotent. Le défini a également valeur de possessif : c’est le regard de l’auteur qui devient fixe.

- Un spectacle dont la grandeur impose le silence. On a le passage en asyndète d’une tournure personnelle à une tournure impersonnelle : « Nous approchons de la grande cime. Voici la Convention. »

- « Nous » : l’auteur est le guide du lecteur.

- « approchons » : ordinairement, d’un dénouement dans une enquête : la Convention est la clef de compréhension de l’histoire contemporaine.

2. Une masse impressionnante.

- Récurrence de l’allusion à la hauteur : « grande », « culminant », « immense », « haut », « cime », « sommet », etc. Emploi implicite du superlatif, avec la litote : « Jamais rien de plus haut » (= elle est ce qu’il y a de plus haut).

- Métaphore de l’« Himalaya » : la Convention est au relief historique ce que l’Himalaya est au relief géographique. Toutefois, c’est Himalaya, et non Everest : la Convention est une chaîne, une masse, un tout.

- Parallélisme de construction : « il y a » x2 : met Himalaya et Convention sur un pied d’égalité. Parallélisme rythmique axé autour du « et », sept syllabes avant et après.

- Anadiplose : « il y a la Convention. La Convention… » : elle est d’abord objet, puis sujet.

B. Le point de jonction du temps et de l’espace.

1. Assimilation des deux axes horizontaux et verticaux.

- A l’échelle de l’homme : « sur l’horizon des hommes », par opposition au champ lexical de la verticalité déjà relevé.

- A l’échelle de l’histoire : « peut-être le point culminant de l’histoire » : paradoxe, car un point culminant l’est dans l’espace. « histoire » sans majuscule : serait-ce le point culminant de Quatrevingt-treize ? Pour trouver un autre point culminant, il faut remonter avant l’histoire, dans la pré-histoire, c’est-à-dire à l’époque de la formation de l’Himalaya. La Convention a pour l’histoire la même valeur fondatrice que les phénomènes géologiques !

2. L’apothéose d’un processus mûri.

- Calendrier programmatique, construit selon 3 phrases brèves, avec anaphore de la date et retour à la ligne : il s’agit d’étapes successives, mensuelles, scrupuleusement rapportées, qui se terminent sur une phrase nominale « Le 21 septembre, l’équinoxe, l’équilibre ».

- Une rupture avant/après sur le plan des temps grammaticaux : « avait délivré » = plus-que-parfait qui traduit un passé révolu. « fonda » = passé simple, qui marque paradoxalement la longévité de l’effet, encore vrai dans le présent.

- Une rupture avant/après sur le plan factuel : « délivré » / « foudroyé » montrent que le début de la révolution s’était contenté de défaire ; « fonda » montre que la Convention va reconstruire.

C. Une essence surnaturelle.

1. Un organisme vivant.

- De manière indéterminée : « car cela vit, une assemblée » : fait établi par l’auteur, sans justification.

- C’est un monstre, au sens étymologique du terme, quelque chose de prodigieux.

2. L’intervention des astres.

- Le ciel reconnaît la grandeur de ce qui se passe sur terre puisque « une constellation fit l’annonce ».

- Pas n’importe quelle constellation : « Libra. La balance. » Le 21 septembre est le jour d’inauguration du signe de la balance, or la balance est le symbole de l’égalité, l’un des trois piliers de la République.

- Le terme fait également penser au mot « liber, era, erum » = libre, donc liberté et égalité sont étroitement liées.

- « équinoxe » et « équilibre » ont la même racine, « equus, a, um », qui signifie égal. « nox » = la nuit, or on sait que la justice, représentée par la balance, l’est aussi par les yeux bandés. On a donc un équilibre entre la nuit de l’équinoxe et la lumière de la balance !

Conclusion partielle : L’avènement de la Convention paraît pour Hugo relever du surnaturel. C’est un moment unique d’équilibre cosmique, une pause dans l’histoire pour redonner une autre orientation à son cours. Toutefois, ce tableau d’extase dépasse la simple prose poétique, et le sens des mots sert le projet de l’auteur de réhabiliter la condamnée.

II. La réhabilitation d’une condamnée.

A. Le regard de l’épouvante.

1. Un regard omniprésent.

- Isotopie du regard, avec ses variations, car ce qui est en hauteur est fait pour être

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