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« L’écriture comme créatrice de nouveauté dans le nouveau roman : cas de La Modification de Michel BUTOR, analyse de procédés d’écriture ».

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Par   •  14 Janvier 2017  •  Thèse  •  3 735 Mots (15 Pages)  •  1 833 Vues

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INTRODUCTION

Notre travail s’inscrit dans le cadre de la littérature telle que cela se présente dans les universités. Dans ce domaine, nous avons choisi la littérature romanesque du XXème, plus précisément le genre romanesque reconnu sous le nom de nouveau roman qui fait suite à l’échec du mouvement surréaliste de l’après guerre. La Modification (1957) , œuvre qui fait l’objet de notre étude, appartient à ce genre. Son auteur, Michel BUTOR, est l’un des instigateurs du nouveau roman. On regroupe sous cette expression des romanciers qui renient les principes traditionnels du roman au profit d’une réflexion savante concernant la problématique de la créativité et ses procédés.

La problématique du nouveau roman implique un champ d’instigation pratiquement illimité, puisque le genre romanesque, lui-même, ne se laisse cerner que difficilement. Et depuis très longtemps, il échappe à une définition élaborée d’une manière savante. Etymologiquement le mot définition vient du terme latin finis qui signifie littéralement « fin », ce qui suppose que rien ne nécessite une modification. Ce qui n’est pas le cas dans le domaine du roman, puisque cela semblerait emprisonner l’imaginaire libre dans un genre littéraire savant, précis et achevé.

Pourtant, les définitions du roman sont nombreuses. A son origine, au Moyen Âge, le roman était défini sur un principe linguistique : récit rédigé en langue romane et composé de vers octosyllabiques ; puis sur un principe thématique : ouvrage d’histoire d’amour et enfin à partir de XIIIè siècle, la définition du roman était fondé sur un principe formel (ouvrage en prose), avec de nombreux subdivisions (roman d’analyse, de mœurs, roman fantaisiste, exotique, régionaliste, philosophique, épistolaire…)

Cette mise en parole de l’imaginaire rend ainsi toute définition difficile, puisque dans chaque cas, on voit le même fictif qui suppose une création pure et simple. Cette dernière n’est pas forcément la vision de ce qui existe réellement mais se fait à l’aide d’une supercherie littéraire qui se veut comme une réalité vivante, vérifiable à travers l’expression quotidienne de chacun. Donc, la création romanesque s’inscrit dans une structure globale dont la dimension fondamentale est définie par la réalité historique qui détermine le mode de penser et la façon de voir les choses. Ainsi du Moyen Âge au contemporain le roman a changé d’objet, de procédés et de desseins. Ses formes étaient en rapport direct avec les transformations de la société.

Traditionnellement, tout romancier était censé raconter une histoire bien fabriquée, ce qui suppose certaines techniques concernant la problématique de la narration. Cette dernière demande, à son tour, un narrateur omniscient qui présente l’histoire dont il avait connu les détails et l’enchaînement. En effet, ce narrateur camoufle le romancier créateur et lui permet de se substituer en un personnage fictif. Donc, la vision du romanesque était située tantôt au niveau du réel, tantôt au niveau du fictif. En tentant de fonder un monde irréel, fictif et imaginaire, le romancier traditionnel aspirait à atteindre un mode d’existence nouveau, propre à une idéalité libre de toute ingérence d’une réalité concrète et vivante. Le roman traditionnel voulait se substituer au réel en lui opposant la fictionnalité de l’œuvre qui échappe à toute l’influence du moment déterminé par l’histoire, c’est-à-dire par l’empreinte du temps et de lieu, deux limites imposées à tout affranchissement de la pensée.

C’est ce désir profond de s’arracher définitivement à toute empreinte de la réalité qui a causé la crise du roman dans les années 1900. Tout commence par un refus du roman naturaliste, supposé plein d’ « observation de la réalité ». Ensuite, se multiplient les critiques qui attaquent le genre romanesque, en s’en prenant essentiellement au roman français opposé au roman étranger, supposé plus romanesque que tout ce qui s’écrit en France. Enfin, contrairement à tout ce qui fut officiellement prôné au XIXème par les romanciers traditionnels et au désir de « reproduire la réalité » et de la présenter avec des détails possibles, les romanciers du XXème siècle se lancent dans une recherche de nouvelles formes d’expression qui leur permettraient de se concentrer sur le roman lui-même et sur sa problématique interne. Si le romancier du XIXème siècle montrait des héros à la conquête du monde, chez le romancier du XXème siècle, le monde n’était plus un bien à conquérir. Pour le héros, il s’agit de comprendre et d’assurer son salut et non de posséder ni d’asseoir sa domination.

Le récit, les personnages, les lieux, considérés comme piliers de l’écriture romanesque, passe au second plan dans le roman moderne. Le traditionnel discours narratif est remplacé par une analyse de ce qui constitue l’essence de l’univers romanesque au mode d’existence spécifique, réservé aux créations de l’esprit.

Cependant, cette problématique spécifique ne fut pas née d’une atmosphère générale de crise qui concerne seulement le roman mais de la pensée européenne. A la fin du XIXème siècle les romanciers prétendaient connaître les lois de l’univers. La déception qui faisait suite à cette prétention fait que le XXème siècle soit une époque de questionnement angoissé sur le sens du monde. Sa matière se dérobe à la compréhension qui n’a rien à voir avec la profondeur que les artistes avaient projetée sur le monde. Le manque de signification globale s’affirme dans l’opacité d’un rapport où l’environnement de l’homme lui oppose le détachement et l’autonomie de son « être là » pour reprendre ici l’expression de HEIDEGGER.

A la fin de la première guerre mondiale, le monde était ébranlé par de nombreuses remises en question. Les répercussions de la seconde guerre mondiale furent encore considérables : ses horreurs d’un genre nouveau qui se lit sous le signe de solution finale comme ce fut le cas de la bombe atomique. Elles prennent également une dimension universelle grâce à l’extension des réseaux d’information des médias. BUTOR avance à ce propos qu’il s’agit d’une séparation bien plus profonde que la première guerre mondiale. En effet, le XXème siècle fut une période particulièrement douloureuse pour l’histoire de l’humanité. C’était « une crise de la valeur, une démystification de l’idéal, une décadence de la civilisation, un pourrissement de la culture »

Partant de ce nouveau constant d’indifférence de l’environnement, les artistes opèrent une profonde mutation. En 1945, sur les décombres

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