Les différentes formes de comique dans Art de Yasmina Reza
Analyse sectorielle : Les différentes formes de comique dans Art de Yasmina Reza. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Dume2b • 2 Février 2014 • Analyse sectorielle • 1 542 Mots (7 Pages) • 7 639 Vues
Les différentes formes de comique
dans Art de Yasmina Reza
Contre toute attente, cette pièce de Yasmina Reza n’a pas pour thème l’art contemporain mais l’amitié. C’est ce qui est au cœur de la pièce même si la toile d’art constitue un véritable personnage, le quatrième de cette pièce.
Plusieurs types de comiques sont à l’œuvre ; c’est ce que nous nous proposons de montrer dans cette courte étude.
Pour commencer il faut rappeler que le rire n’est concevable qu’en groupe. Il peut être communicatif mais constitue avant tout un moyen de communication, d’échange entre les individus. Il exige et entraîne tout à la fois la complicité de l’autre ou des autres.
Dans le cadre d’une pièce de théâtre, les choses sont un peu particulière parce que, eu égard à la double énonciation, il y a toujours un spectateur de ce comique : le public lui-même. Si bien que, même lorsque le personnage est seul sur scène, il y a toujours déjà un complice de son comique dans la salle en la personne une et multiple du public.
Art est une pièce comique même si les enjeux, eux, ne le sont pas. En effet, ce qui est en jeu est l’amitié de 15 ans de trois adultes : Serge, Marc et Yvan.
Le litige, élément déclencheur de la remise en question de ces liens d’amitié, réside dans l’achat par l’un d’eux d’une toile d’art contemporain, un monochrome blanc, de grande taille, signée Antrios et surtout fort onéreuse. C’est Serge, dermatologue, divorcé, qui vient d’en faire l’acquisition au point d’être ruiné.
Ses deux amis vont à tour de rôle devoir se positionner face à cette toile. Leurs réactions, diverses, feront naître des conflits interpersonnels, exhumant de vieilles rancœurs, des non-dits ou encore des rapports de force implicites qui, dès le départ, avaient rendus leur amitié un peu bancale.
Le comique de situation est particulièrement notable lorsque la toile, objet du litige qui galvanise toutes les tensions, fait des allers et venues dans la pièce principale de l’appartement de Serge. Portée avec une forme de sacralité par son acquéreur, cette toile, sera cachée avec le même sens de l’ésotérique au regard réprobateur de celui qui n’en comprend pas le sens. Serge dira à Marc qu’il ne mérite pas de voir la toile. Il n’est pas à la hauteur. Seuls les initiés pourront la contempler. Yvan seul est, à ce titre, jugé apte. Or cet homme, le farfadet, est tolérant au point de dire à l’un qu’il trouve la toile touchante et d’approuver les moqueries de l’autre sur le même objet. Finalement, le public est comme pris à partie et doit trancher, ce qu’il ne saurait faire.
Le comique de geste, farcesque, est mis en œuvre dans la dernière séquence de la pièce quand les hommes en viennent aux mains pour régler leurs comptes. Yvan, pleutre, perturbé par l’imminence de son mariage et le délitement constaté des liens qui unissent ses deux amis, prend par mégarde un coup violent à l’oreille qui fera basculer la tension. Sa souffrance paraît toutefois exagérée et deviendra l’objet de la moquerie des deux autres, les réunissant là où les coups allaient les séparer. A cette occasion l’apparition d’une souris (en réalité un rat) laissera penser que le personnage souffre d’hallucinations alors qu’il n’en est rien. Le rat existe bel et bien ; il est d’ailleurs question à trois reprises de cet animal dans la pièce : Serge est comparé à un rat d’exposition, le rat passe dans la pièce et Yvan se plaint que, célibataire, il était seul comme un rat.
Plus subtile, le fait que ces hommes se servent de la nourriture pour apaiser leurs tensions ou simplement différer les vraies explications. Le nœud du problème à savoir que Marc soit jaloux de l’œuvre, est renvoyé à la fin de la pièce par ce procédé qui se répète (des olives et des noix de cajou entre autres seront picorées et il sera question de se rendre au restaurant)
Le comique de mots est à l’œuvre dans toute la pièce mais de façon assez mécanique. Les répétitions des propos des uns puis des autres rend la chose un peu fastidieuse mais le comique passe aussi par cette mécanisation de ce qui, par définition, est tout sauf mécanique : le langage et par extension les conversations.
Les échanges sont assez rapides, truculents et cette efficacité accentue l’absurdité du fond : un tableau blanc avec des liserés blancs vendu et donc acheté deux cent mille francs.
Le comique de caractère
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