Les civilisations mûrissantes ne meurent point des affres d’un automne, elles ne font que muer. L’inertie seule est menaçante. Poète est celui qui rompt pour nous l’accoutumance.
Dissertation : Les civilisations mûrissantes ne meurent point des affres d’un automne, elles ne font que muer. L’inertie seule est menaçante. Poète est celui qui rompt pour nous l’accoutumance.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar memelb • 3 Novembre 2020 • Dissertation • 2 829 Mots (12 Pages) • 574 Vues
Dissertation
Sujet :
“Les civilisations mûrissantes ne meurent point des affres d’un automne, elles ne font que muer. L’inertie seule est menaçante. Poète est celui qui rompt pour nous l’accoutumance.”
Saint-John Perse, Allocution au banquet Nobel, 1960.
Les poètes ont une histoire qui remonte de l’Antiquité. Depuis ces temps, ils sont associés au divin. Même si cette dimension divine et donc religieuse s'atténue, il est certain que les poètes restent différents du reste des hommes. La fonction de poète a donc réussi à se renouveler tout au long de l’Histoire. En effet, à l’instar de ces poètes qui se renouvellent sans cesse, ces civilisations, si anciennes soient elles, n’ont pas de fin car l’Histoire est un cycle qui ne connaît pas de fin. Les événements qui parsèment celle-ci, loin de lui donner un terme, font changer son cours et donnent d’autres perspectives. Dans ce mouvement perpétuelle, l’absence de changement, l’inertie donc, est la vraie menace. En effet, ces changements sont des occasions de faire mieux, d'accéder au progrès. Sans celles-ci, l’humanité serait encore au stade de chasseur-cueilleur. Comme les autres formes d’art, la poésie serait donc une façon d’accompagner ce progrès. Or, par sa position particulière, la poésie est différente. En effet, il est dit que le poète rompt l’accoutumance. Cette accoutumance dont l’on parle est bien le goût à l’inertie. Le poète, grâce à la poésie, peut briser les cadres de l’inertie. Il peut donc transcender les carcans de l’histoire. On arrive donc à un rapport paradoxal à l’histoire. Tout en faisant partie de cette histoire, le poète arrive à traverser celle-ci. Ainsi, il serait pertinent de se demander pourquoi et comment le poète arrive-t-il à transcender l’histoire et l’inertie ? Dans un premier temps, nous verrons que la poésie possède un certain pouvoir, ensuite, que le poète se sert de la poésie comme d’un outil et lui permet donc d’accomplir son dessein, et enfin, que c’est par sa fonction de messager qu’il peut transcender l’histoire.
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Si le poète arrive à traverser l’histoire en la transcendant c’est bien par le caractère particulier de la poésie. En effet, on prête souvent à la poésie un pouvoir mystique qui lui conférait un statut d’art au-delà de la compréhension des hommes.
Ce qui rend si unique la poésie est bien sa dualité. Elle fait partie de la littérature tout en paraissant hors de ce monde. Il est commun de tomber sur certains poèmes qui semblent hermétique à la compréhension. Cette incompréhension est le fait d’une syntaxe particulière ou bien de figures de style obscures. Rimbaud est l’un des poètes à qui on pense lorsqu’on évoque ce côté de la poésie. Si Rimbaud semble si éloigné du monde réel c’est d’une part parce qu'il est celui qui a osé disloqué l’alexandrin, son écrit est donc un mélange de vers et de prose. L’autre raison est la fantaisie de l’univers des poèmes rimbaldiens. En effet, l’écriture du poète qui est très imagé laisse place à des interprétations multiples. Il inclut des références de la mythologie qui installe une atmosphère énigmatique. Ainsi, dans le poème Antique, Rimbaud parle du fils d’un personnage mythologique, Pan, qui est hermaphrodite. Ce poème rend bien compte du caractère particulier de sa poésie. Ce personnage tout en contradiction qui reste fascinant est à l’image de Pan qui étant protecteur, renvoie, néanmoins, une image effrayante. Si la poésie paraît difficile à appréhender, c’est également parce qu’en plus de transcender l’histoire, elle transcende l’homme. En effet, il est dit que si la poésie est si obscure, c’est bien parce qu’elle explore la nuit de l’âme. La poésie aurait donc la faculté de comprendre l’âme d’un homme. Par cette faculté, la poésie est d’autant plus mystérieuse. En effet, l’âme est un sujet philosophique qui a agité les esprits depuis bien longtemps. Le débat sur celui-ci interroge son existence, sa profondeur, son utilité, etc. Baudelaire a même dit de la poésie qu’elle a une fonction spirituelle qui permet de transcender l’âme. D’après lui, elle permet d’élever l’homme d’une manière qui ne saurait être possible sans la poésie. Cependant, le poète nuance ces propos. En effet, ce but ne peut être qu’atteint par la recherche du Beau qui est en contradiction avec la nature imparfaite de l’homme. L’âme si énigmatique de l’homme est souvent considéré comme laide par sa nature mauvaise tandis que la poésie est pleine de beauté et de grâce. Par sa beauté, la poésie peut donc sortir l’âme de sa nuit mauvaise.
La particularité de la poésie réside également dans le fait qu’elle soit libre de toute idéologie. Par sa neutralité, il lui est donc possible de traverser les époques. Encore ici, on peut voir que la poésie se positionne au dessus de la bassesse du monde. De plus, le langage poétique produit une polysémie du poème qui laisse libre cours aux interprétations. En effet, d’un poème, il est possible d’en tirer plusieurs explications puisque si le lyrisme rentre en jeu, il y a également le contexte et l’idéologie du poète. Plus que le fait que la poésie soit neutre, c’est plutôt le fait qu’elle soit un support neutre pour le poète. La poésie a traversé de nombreuses époques par les changements qu’elle a subi. En effet, la poésie dans les différents siècles, a pu évolué selon les idées des poètes contemporains des diverses époques. Ce qui rend la poésie mouvante c’est son vers. En effet, les règles qui régissent celui-ci ont été bouleversés par plusieurs poètes. Le poète qui a réussi à libérer le vers de ces carcans est Victor Hugo. C’est lui qui est à l’initiative de ce mouvement. D’autres poètes l’ont suivi dans cette initiative. Le vers est donc ce qui confère à la poésie sa dimension mouvante. C’est donc grâce au vers que la poésie rompt l’inertie. Le vers est le moteur de la poésie. A l’intérieur même de ce vers, le mot reste également mouvant. C’est d’ailleurs lui qui a pu le plus profiter de la “révolution” du lyrisme car libéré de toutes contrainte.
L’art poétique possède un certain pouvoir certes
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