La morale dans le Neveu de Rameau
Commentaire d'oeuvre : La morale dans le Neveu de Rameau. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar juliettedu29 • 23 Mars 2021 • Commentaire d'oeuvre • 1 217 Mots (5 Pages) • 357 Vues
La morale dans Le Neveu de Rameau, Denis Diderot
La morale est un des sujets majeurs des réflexions de Denis Diderot, elle apparaît dans tous ses textes, que ce soit dans ses contes, dans ses lettres ou dans ses ouvrages philosophiques. Elle a également une place importante dans son livre Le Neveu de Rameau. Diderot approche ce thème de la morale par différents biais comme l’éducation, la musique et la place du génie dans la société. Il le fait grâce à la discussion à bâtons rompus entre Lui et Moi.
Diderot met-il en place une réelle morale dans son œuvre ?
Nous verrons tut d’abord comment Diderot met en place cette possible morale grâce au personnage de Lui, puis nous parlerons d’une morale qui peut être cynique et enfin d’une morale introuvable et impossible.
Diderot met donc en place sa morale dans le dialogue entre Lui et Moi. Lui s’agit du neveu de Rameau et Moi correspond à Diderot lui-même. Mais il s’agit surtout de personnages allégoriques et il s’agit plutôt d’un dialogue de Diderot avec lui-même. Moi se proclame philosophe et est souvent appelé « monsieur le philosophe ». Lui est un personnage qui impose sa vision immorale et cynique de la vérité. Lui est même défini par Moi comme amoral comme nous pouvons le voir lorsqu’il dit : « composé de hauteur et de bassesse, de bon sens et de déraison. ». Alors puisque Lui est amoral et fait partie intégrante de Diderot, on peut dire qu’il s’agit des deux facettes inconciliables de sa moralité. Lors de ce dialogue, les deux protagonistes vont aborder plusieurs sujets comme l’éducation des filles, le bonheur, la place de l’homme de génie dans la société. Lui prône le vol, le crime et l’argent alors que Moi est plus philosophique, il défend la vertu et l’honnêteté. Les hommes pour satisfaire leurs besoins vont s’éloigner de la pensée des philosophes et c’est ce que représente Lui ici. Cependant, nous avons l’impression lors de notre lecture que sa vie est morne, vide, inutile et vaine. Avec sa façon de penser, il ne pouvait rien produire là où le philosophe fait le bien de l’humanité. Dans ce dialogue, ils sont d’accord pour dire que Dieu n’existe pas. Ainsi, les personnages vont parler des thèmes de la possibilité de la morale dans un monde sans dieu. Diderot, donc, avec ces deux personnages veut faire une réflexion sur la vie et la morale. Rameau (Lui) va réfuter dans son dialogue la vertu et l’amitié, ce sont des valeurs morales imposées par la société. Il pense qu’il faut être immoral pour réussir dans la vie. Le philosophe (Moi) tente de le persuader que seule l’honnêteté a le pouvoir de rendre heureux. Diderot donne à Lui les mots et les idées subversives qui doivent choquer le public. La problématique de la morale pose une vraie question sur l’éducation : pour quelle morale faut-il éduquer un individu où le bonheur individuel ne s’articule pas aux exigences du collectifs et où les valeurs sont démenties par les pratiques ?
Nous avons donc vu comment Diderot met en place cette question de la morale grâce à son dialogue et grâce aux personnages. Cependant, cette morale peut être prise comme une morale cynique.
Nous pouvons parler ici d’une contre-morale, d’une morale cynique. Lui est sceptique lorsqu’on l’interroge, il est même cynique puisqu’il fait ce qui est amoral en le sachant et il s’en vante sans avoir de remords. Il joue avec les limites de la morale et remet en question les grandes valeurs de la vie : l’honneur, la fidélité et l’amitié par exemple. Il pense qu’il faut transgresser ces valeurs pour réussir dans la vie comme nous avons pu le voir déjà précédemment. Pour Lui, le cynisme vaut comme philosophie, la question de choix est une illusion, en effet, on ne choisit rien et on fait ce que l’on peut : c’est la morale que voit Lui. Il fait l’apologie d’un mode de vie tel un parasite où il faut en faire le moins possible et obtenir le plus possible en exploitant les vices des autres. Il faut rappeler le contexte historique de cette œuvre. Le XVIIIème siècle est un siècle de modernité, les jalousies entre les nobles et les bourgeois accroissent, les passions s’entremêlent. Ainsi la morale et les contrariétés vont s’échauffer. Le peuple contemporain va transgresser cette morale pour assouvir leur pulsion amorale. Diderot va donc faire une contre-morale pour dénoncer l’hypocrisie, les faux-semblants puisque Lui n’est que le reflet des contemporains. Diderot va chercher la morale dans ce qu’il expose et dans ce qu’il cache, il propose cela avec le neveu de Rameau, on peut donc dire qu’il est d’une certaine façon plus morale que son oncle, Rameau puisqu’il est ouvert à la discussion contrairement à ce dernier et il accepte une opinion différente de la sienne. Diderot est incapable de réfuter l’amoralisme du Neveu de Rameau qui ne se conforme juste aux valeurs de son époque. Moi a beau lui répéter que la vertu fait le bonheur de l’homme, Lui lui rétorque l’inverse comme nous pouvons le voir lorsqu’il dit : « une infinité d’honnêtes gens qui ne sont pas heureux ; et une infinité de gens qui sont heureux sans être honnêtes ».
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