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La littérature

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Par   •  1 Décembre 2012  •  Cours  •  1 649 Mots (7 Pages)  •  888 Vues

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Le mot français « littérature » provient d'un mot latin litteratura dérivé de littera, « lettre »,au sens de signe graphique servant à transcrire une langue.

Le dictionnaire Gaffiot2 repère une évolution du sens du mot latin : il désigne d'abord (exemple de Cicéron, ier siècle av. J.-C.) un ensemble de lettres constituant le fait d'écrire ou un ensemble de lettres constituées en alphabet (Tacite) ; le sens s'élargit ensuite au ier siècle ap. J.-C. (ex. de Quintilien et Sénèque) à celui de grammaire, de philologie, c'est-à-dire à l'étude technique et érudite des textes écrits, pour aboutir avec Tertullien au début du iiie siècle au sens de savoir, d'érudition dans le domaine des textes écrits.

Premières attestations en français[modifier]

Selon le TLF3, le mot est attesté au début du xiie siècle (en 1121) avec le sens premier latin de « chose écrite »4. Le mot « littérature » ne retrouve le sens du latin tardif « érudition, savoir acquis par les livres » qu'à la fin du xve siècle » : le TLF cite en exemple J. de Vignay et Philippe de Commynes.

Évolution du sens aux xviie ‑ xviiie siècles[modifier]

Nicolas Boileau, homme de plume et de théorie

Selon Philippe Caron5, le mot « littérature » garde l'acception générale de « connaissance obtenue par les livres » jusqu'au xviie siècle : on dit alors « avoir de la littérature » comme on dit aujourd'hui « avoir de la culture », celle-ci recouvrant tous les domaines du savoir général ; ainsi en 1699, Fontenelle présente les mathématiques comme « un genre de littérature ».

Mais dans la deuxième moitié du siècle, parallèlement à l'acception généraliste, le mot s'applique de plus en plus à un savoir restreint, celui des « belles-lettres » liées au beau langage. Ce glissement s'explique par l'évolution sociale des élites sous Louis XIV où s'instaure la notion de l'honnête homme, apte à une vie sociale raffinée faite de pratiques culturelles valorisées comme la connaissance des œuvres littéraires, particulièrement celles de l'Antiquité qui nourrissent le théâtre classique tandis que les poètes exploitent les genres définis par Aristote comme la poésie épique.

Au xviiie siècle le mot « littérature » est tout à fait devenu synonyme de « belles-lettres », c'est-à-dire d'œuvres reconnues par les gens de goût et constituant la culture mondaine de l'époque formée par une meilleure éducation et par le monde des salons littéraires et des académies ; ainsi pour Voltaire : « La littérature désigne dans toute l'Europe une connaissance des ouvrages de goût ». Un autre exemple montre que le mot « littérature » avec son sens commun d'aujourd'hui est désormais bien installé au milieu du siècle des Lumières : en 1753 Charles Batteux titre son ouvrage « Cours de belles-lettres, ou Principes de la littérature » et le réédite en 1764 en ne gardant que « Principes de la littérature ». La même année paraît « L'école de littérature » de l'abbé Laporte dont le sous-titre de la 2e partie est sans ambiguïté : « Des règles particulières de chaque genre de Littérature en Prose et en Vers »6.

Caricature du poète maudit

Le mot évolue encore lentement à partir de 1750 vers le sens plus large de « création langagière écrite » laissant une place grandissante au jugement subjectif libéré de critères esthétiques contraignants : telle sera plus tard la conception romantique du poète créateur libre même s'il doit être un poète maudit, conception que préfigurait déjà dans son Discours préliminaire de l'Encyclopédie d'Alembert affirmant que les œuvres d'art relèvent principalement « de l'invention qui ne prend guère ses Lois que du génie ». Paul-Louis Courier7 définit de la même façon dans les années 1820 une œuvre littéraire comme « produite par l'instinct et le sentiment du beau » donc par le sentiment de l'auteur et pas nécessairement celui de l'establishment.

Sens moderne[modifier]

Poètes français du xixe siècle.

Vers 1800 le sens moderne est devenu le sens commun : le mot « littérature » s'applique à des textes auxquels « on » accorde une qualité esthétique que l'on peut discuter, qu'il s'agisse du jugement d'une institution de doctes exprimant le goût commun mais aussi de l'auteur ou du lecteur individuel : c'est l'emploi qu'en fait Madame de Staël dans son ouvrage emblématique « De la littérature » en 1799.

Au milieu du xixe siècle le grammairien Bernard Jullien distingue encore « littérature » et « grammaire » : pour lui, la pointe ultime de la « haute grammaire » dépasse depuis l'Antiquité8 la description des mécanismes de la langue pour aborder les critères du beau dans l'aspect formel et stylistique des textes. La littérature qui « classe et étudie les ouvrages (présentant un intérêt de style) »9 va au-delà : elle prend en charge l'étude et le questionnement sur le fond, sur le contenu des œuvres, par exemple les thèmes abordés et les points de vue choisis par les auteurs, ce qui n'exclut évidemment jamais les interférences avec la morale comme le démontrent les procès faits à la même époque à Baudelaire et Flaubert pour atteinte aux bonnes mœurs en 1857.

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