Etude des paratextes cas
Commentaire de texte : Etude des paratextes cas. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Louise Bellakhdar • 9 Mars 2016 • Commentaire de texte • 2 105 Mots (9 Pages) • 765 Vues
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Il a fallu attendre les années 60 pour que le sort réservé aux enfants sujets aux problèmes d’intégration se détache totalement des méthodes pénitentiaires. En effet, le système de réintégration des jeunes délinquant a subi une longue évolution durant laquelle de nombreux jeunes gens furent victimes de mauvais traitements au quotidien. Dans les années 1880, on est bien loin de la réhabilitation par l’éducation et le raisonnement. Ces enfants perçus comme de véritables criminels aux yeux de leur institution d’accueil, n’étaient en vérité que des victimes, des êtres perdus et sans repères. Certains n’étaient même pas de véritables hors la loi ; il suffisait d’être orphelin ou « vagabond » pour passer de nombreuses années dans ces véritables prisons pour enfants. Leur fonctionnement se basait sur trois points principaux. D’abord, le travail, qui ne consistait en aucune activité intellectuelle mais plutôt du domaine manuel. Ensuite, la discipline qui était extrêmement stricte, avec un règlement similaire à celui d’un camp militaire. Et enfin, le châtiment omniprésent dans la vie de ces enfants qui furent isolés et battus. L’objectif de ces institutions était de soumettre l’enfant, de le « dresser » comme un animal. Rien ne jouait en leur faveur. C’est entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle que de nouvelles mesures furent prises afin de limiter cette maltraitance banalisée. En vain. Avec l’arrivée de la IIIe République et ses valeurs éducatives, les méthodes de réhabilitation des jeunes délinquants furent revisitées pour la première fois d’un point de vue psychologique. En résulte alors la création du premier tribunal pour enfants par la loi de 1912. Cependant, le fonctionnement des maisons de redressements n’en fut guère bouleversé. A la suite de ces événements, au cours de la première moitié du XXe siècle, les consciences publiques se réveillent. La population commence à se révolter de diverses façons. Le journaliste, Louis Roubaud, publie un ouvrage en 1925 dans laquelle il dénonce de façon violente et non-censurée les établissements pénitenciers pour enfants. Viens ensuite le scandale de la fugue des pensionnaires du bagne pour jeunes de Belle-Ile-en-Mer qui déchaina de violentes critiques et vigoureuses campagnes menée principalement par le journaliste Alexis Danan. Ces mouvements menèrent les législateurs à prendre de nouvelles mesures plus radicales : faire preuve de plus de laxisme quant aux conditions d’entrée dans ces centres et la mise en place d’un système éducatif. Bien que préoccupation mineure en période de guerre, d’autres réformes furent leur apparition dans les années 1937-1938. Elles contribuèrent à l’amélioration des conditions de vie des jeunes en difficulté, bénéficiant désormais d’un cycle pédagogique adapté. Néanmoins, en constatant les progrès évident de la prise en main de ces enfants, il faudra attendre plus de 20 ans pour que les aspects de prison de ces institutions d’accueil disparaissent totalement. Enfin, la Convention relative au Droit de l’Enfant, adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 20 novembre 1989, met un terme définitif aux maisons de redressement aux méthodes violentes.
Ce corpus de trois textes présente plusieurs points communs. Le premier étant évidemment le thème abordé : celui des maisons de redressement à caractère pénitencier pour jeunes plus ou moins délinquants. Bien qu’énoncé dans le document 2, l’établissement de Belle-Ile-en-Mer, tragiquement connu pour l’événement de fugue de ses pensionnaires, s’avère être le sujet central du poème de Prévert et de l’article de Bouchez. Dans les trois textes, on apprend les conditions de vie misérables de ces enfants, simples orphelins ou véritables hors-la-loi, restant enfermé de longues années, soumis au travail forcé comme le précise Bourquin dans son article. Le deuxième élément évident que les trois documents partage est celui de la dénonciation engagée de chaque auteur, chacun à sa façon. Prévert, à travers son poème, utilise l’ironie tout au long de celui-ci afin de refléter la solitude de ces jeunes prisonniers pourchassés par tous. Il consacre trois vers aux violences faites aux enfants au sein de leur institution. Bourquin, en publiant un article dans Le Monde Diplomatique, informe le grand public de l’horreur des prisons pour enfant et leur évolution. Il n’hésite pas à exposer les faits tels qu’ils furent, en informant ses lecteurs du fonctionnement de ces institutions, de leur politique d’isolement et de soumissions des enfants qui resta intacte pendant presque un siècle. Enfin, dans son article de presse, Bouchez incite les téléspectateurs à regarder le téléfilm Les Vauriens, qui, par ses images reconstituées, représente parfaitement la situation des enfants prisonniers de Belle-Ile-en-Mer. Elle en donne une description suffisamment détaillée pour se faire une idée de leurs conditions d’existence, mêlant injustice et peur quotidienne. Tout comme dans le texte 1, la violence y est brièvement décrite. Les documents 1 et 2 font même référence au traitement presque animalier subi par les jeunes pensionnaires avec Prévert qui illustre tous ces hommes qui « chassent » l’enfant et Bourquin mettant en avant l’objectif de dressage des directeurs des centres pénitenciers. Encore une façon de dénoncer le traitement inhumain fait aux enfants à cette époque. Par un poème, un article ou encore un film, chaque auteur dénonce violemment cette époque de non-respect de l’enfance. D’un point de vue global du corpus, on remarque l’échec évident de cette méthode de redressement des enfants par l’enfermement et la punition. Le manque de moyens éducatif se traduit par la fugue, la violence (même entre pensionnaires) et la révolte. Les enfants n’y évoluent pas et en sortent traumatisés, comme on peut constater dans la description du téléfilm avec Ana qui hérite d’un passé douloureux, son père étant l’un des anciens jeunes « forçats » de Belle-Ile-en-Mer. Enfin, le dernier point qui ressort de chaque texte concerne les réactions sociales face à cette banalisation des enfants mal traités en maison de redressement. On observe l’indifférence et le manque de révolte envers ces injustices jusqu’en 1934. En effet, dans la CHASSE A L’ENFANT, Prévert insiste plusieurs fois sur le fait que tout le monde, policiers, civils, « braves » gens cherchent à « capturer » les enfants fuyards. Quant à Bourquin, il nous démontre que, malgré plusieurs mesures (création d’un tribunal pour enfant par le gouvernement, publication d’un ouvrage de Louis Roubaud dénonçant les pratiques des colonies pénitentiaires…), les esprits ont mis du temps à se révolter. Pour finir, Bouchez précise dans son article la mort de certains enfants sous les violences et maltraitances institutionnelles « dans l’indifférence générale ». Ce n’est qu’après la révolte des jeunes du camp de Belle-Ile-en-Mer et la campagne engagée menée par le journaliste Alexis Danan, que l’opinion publique s’engagea à défendre les victimes de ces prisons et que de véritables mesures furent prises par le système juridictionnel.
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