Etude de la scène de pendaison dans "De Sang Froid" de Truman Capote
Commentaire de texte : Etude de la scène de pendaison dans "De Sang Froid" de Truman Capote. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar carvall95 • 15 Mai 2020 • Commentaire de texte • 3 184 Mots (13 Pages) • 947 Vues
INTRODUCTION
Le 15 novembre 1959 dans la ville de Holcomb au Kansas, la famille Clutter composée de quatre membres est froidement assassinée. Ce fait divers paru dans le journal du New York Times relatant qu'après une longue période d'investigation les deux bandits prénommés Perry Smith et Richard Hickock fut identifiés comme les coupables de ce crimes. En découvrant cette histoire, Truman Capote (1924-1984) auteur américain à la base du « nouveau journalisme » décide d'aller mener l'enquête directement sur place afin d'étudier ce drame mais aussi tenter de comprendre la psychologie des criminels et ce qui les a conduit jusqu'à l'acte sanguinaire. Très vite, il décida d'en faire un roman avec le but d'enlever la partie d'imagination que compose le genre romanesque et de relater la vérité telle qu'elle par les faits, afin d'en faire un récit de « non-fiction » , c'est-à-dire à la manière d'un roman documentaire. C'est ainsi qu'en 1966 il publie son roman De Sang-Froid qu'il soutitre comme « le récit véridique d'un meurtre et de ses conséquences ». Au sein de ce livre pous pouvons retrouver respectivement la division de quatre parties : « Les derniers à les avoir vus en vie », «Personnes inconnues », « Réponse » et « Le coin ». Pour cet exposé c'est à la dernière partie que nous nous intéresseront. Elle se concentre sur la période du procès en mars 1960 jusqu'à l'exécution des meurtriers en avril 1965 se soldant par la pendaison de Dick et Perry.
C'est alors qu'en 1967, un an après la sortie du livre, Richard Brooks (1912-1992) ancien romancier reconverti en réalisateur pour le cinéma, décide d'adapter l'oeuvre de Capote, conservant le titre initial du roman pour celui de son film. Le film In Cold Blood est très proche du roman de Truman Capote, notamment car l’auteur du roman lui-même, a pris la décision de participer à ce projet et a aussi travaillé sur le film. En effet, nous observons que le rythme binaire du roman est largement conservé et même mis en avant par les procédés propres au genre cinématographique. La caractéristique du film est dans sa construction: il démarre sur les retrouvailles des deux jeunes gens et leur voyage jusqu'à Holcombe, émaillé de flashback retraçant principalement l'histoire de Perry. La séquence du meurtre est totalement éludée, et n'est révélée que par la découverte des corps le lendemain par des amis et le début de l'enquête. S'ensuit une partie en montage parallèle, entre la cavale des deux jeunes gens et l'enquête, jouant souvent d'effets de mouvements d'image pour passer de l'un à l'autre. Ce n'est que lorsque les deux protagonistes sont arrêtés et interrogés que sont insérés des « flash backs » sur le meurtre lui-même. Ce choix de construction, ainsi que le souci apporté aux portraits psychologiques, permet au film de conserver le recul pris par Truman Capote lors de son enquête sur ce fait divers authentique. Le film est donc très fidèle au récit de Capote, dans le sens où le but est de retranscrire le fait divers et le travail d’enquêteur, et qu’il parvient à merveille de retranscrire à l’image. Cependant Brooks propose deux divergences : il fait apparaître un journaliste qui représente Capote sans que son nom soit mentionné et en total opposition physique avec lui, revendique son film contre la peine de mort et ne suggère aucun dédoublement de fin comme dans le livre, se concentrant juste sur la mort des criminels, pour cette scène de fin à laquelle nous nous intéresseront afin de proposer une étude comparative entre les deux œuvres.
Nous tenterons donc de répondre à la problématique : Comment la mort est-elle interprétée au sein des œuvres de Truman Capote et de Richard Brooks ?
Dans un premier temps, nous aborderons l'approche de la mort par Richard Brooks et Truman Capote puis dans un second temps, la complémentarité face aux meurtres et les réactions face au jugement dernier.
II/ La Complémentarité face au meurtre et les réactions face au jugement dernier
A) Une relation contradictoire entre religion et traumatisme
Au sein des deux œuvres, la notion de religion est très présente, notamment lors de cette scène de fin, Dick n'a que faire de la présence de l'aumônier, tandis que Perry entretient une relation plus particulière avec la religion. Dans le livre, il est dit p 502 que Perry « cracha son chewing-gum dans la paume de la main tendue de l'aumônier » c'est par cette image assez forte que l'on comprend que Perry rejette la religion voir « qu'il lui crache à la figure » . Mais ce rejet de la religion est exprimé bien avant dans le roman à la p 201 lorsqu'il est en examen psychologique avec le Dr Jones. Perry raconte alors le traumatisme qu'il a vécu dans le premier orphelinat catholique dirigé par des bonnes sœurs qui le maltraîtait parce qu'il mouillait son lit toute les nuits à cause de ses reins endommagés. Il était surveillé chaque heure de la nuit puis sévèrement battu, moqué à la limite de la torture. Puis placé dans un second refuge « Dirigé par l'Armée du Salut » l'une des surveillantes tanta de le noyer dans un bain d'eau froide, parce qu'elle le consideraient comme un « Nègre » elle ne réussit pas à le tuer, mais il attrape une pneumonie qui le fera rester 2 mois à l'hôpital. Nous pouvons donc lier ce traumatisme d'enfance à l'acte de Perry avant sa mort et justifier ce « rejet de la religion ». Cependant le film présente une divergence à ce niveau là, puisque Perry garde son chewing-gum jusqu'à sa mort, il le mâche d'ailleurs intensément lorsqu'il sent la mort arrivé. La figure de l'aumônier est représenté par le Révérant Jim qui accompagne Perry du début du film jusqu'à la fin représentant une sorte de figure paternelle. Au tout début, il lui conseille au téléphone de ne pas s'aventurer dans le Kansas, État où Perry est interdit de séjour ( 8min 28s ). À la fin du film, juste avant la scène de pendaison le Révérent est présent et s'entretient avec Perry : il lui dit que sûrement rien de tout ça ne serait arrivé « si il n'était pas retourné au Kansas » (2h 02 min) comme pour faire la leçon à Perry tel un père l'aurait fait à son fils tel un « je te l'avais dis » . Plus tard, à 2h 04 min le soir de la mort de Dick et Perry est arrivée et l'on retrouve le Révérant dans la cellule de Perry en train de réciter des prières. Il veille à son bien-être en poussant les gardes à autoriser que Perry aille aux toilettes avant de se rendre au « Recoin ». Cela semble important pour Perry afin de ne pas revivre son traumatisme d'enfance et garder une certaine dignité lors de sa mort. C'est aussi le moment pour lui de déclarer tout ce qu'il a sur le cœur et d'être le plus sincère possible puisque c'est sa dernière occasion de se confier, au près d'une personne qui se soucis vraiment de lui. Perry se confie sur sa relation de haine avec son père et raconte son pire souvenir avec lui qui représente un second et profond traumatisme à la base des meurtres qu'il a commit : la première fois qu'il tenta de tuer quelqu'un, son père. Mais celui-ci sorti le fusil de chasse et tira sur son fils , heureusement il n'était pas chargé. Il explique au Révérent qu'il haissait profondément son père, mais qu'il l'aimait aussi. (2h 07 min). Jim accompagne Perry jusqu'à la corde, récitant des prières pour lui. De plus Perry lui demande : « Est-ce que Dieu est aussi ici ? » (2h 10 min) atisant l'étonnement de celui-ci, mais sa question resta sans réponse puisqu'on lui banda les yeux et lui mit la corde au cou juste après. Cela prouve que Perry se soucie tout de même de la religion même s'il fut traumatiser par certains aspects de celle-ci, contrairement au roman de Capote.
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