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Dissertation Musset

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Par   •  22 Mai 2020  •  Dissertation  •  2 240 Mots (9 Pages)  •  484 Vues

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On ne badine pas avec l’amour

Phrase d'annonce :

Codifiée au XVIIe siècle au nom de la vraisemblance, la règle des trois unités prévalut dans le théâtre français jusqu’à l’avènement du drame romantique qui en dénonça le caractère artificiel et figé. 

Les romantiques au 19e siècle cherchent l'originalité et inventent un théâtre plus libre : là où les genres étaient traditionnellement bien différenciés, les romantiques souhaitent mélanger par exemple le tragique et le comique car dans la vie, (dont le théâtre est la reproduction) ceux -ci se mêlent... Ce mélange est souligné par Victor Hugo dans la Préface de Cromwell et il fait de Shakespeare et de ses « mélanges » celui qui inspira cette génération romantique : « Shakespeare, c’est le drame ; et le drame, qui fond sous un même souffle le grotesque et le sublime, le terrible et le bouffon, la tragédie et la comédie (...) »

C’est dans cet état d'esprit qu’ Alfred de Musset écrivit sa célèbre œuvre, On ne badine pas avec l'amour : Par son titre la pièce de Musset pourrait faire croire à une distraction aimable, un badinage ; mais ce proverbe est chargé de menace... l'histoire de deux cousins se retrouvant puis badinant avec l'amour, mais une mort tragique les séparera à jamais.

Présentation du sujet :

C’est ainsi que le spectateur passe du rire aux larmes et le mélange des genres suscitent une plus vive émotion.

Problématique :

Dès lors, il peut être intéressant de montrer comment la pièce rassemble ces deux genres opposés : la comédie et la tragédie.

Annonce du plan :

Pour ce faire, dans un premier temps nous montrerons de quelle manière Musset met en scène en opposition des personnages grotesques et sublimes. Dans un second temps, nous expliquerons comment le comique de situation de la première scène bascule dans le tragique dans la dernière et enfin nous exposerons comment le thème de l’amour peut être à la fois léger et terrrible.

             

       Dans On ne badine pas avec l’amour,  Alfred de Musset met en scène plusieurs sortes de personnages pour créer ce mélange de genres.

Tout d’abord, nous retrouvons le chœur des paysans (« vox populi ») qui a une place importante dans la pièce. Il représente la réflexion et la sagesse. Le chœur est inspiré de la tragédie dans Grèce Antique : Il a une mission d'observateur et de commentateur comme traditionnellement. Il est annonciateur d’événements : Il annonce indirectement le futur en laissant échapper un signe , un avertissement: « Puissions-nous retrouver l’enfant dans le cœur de l’homme »( I,4) : le mode subjonctif montre qu’il y a un doute sérieux sur cette possibilité: ce vœu ne se réalisera pas. Perdican n’a plus l’innocence ni la pureté de sentiments qu’il avait enfant. Cela laisse présager des souffrances à venir…

Mais le chœur a aussi une double fonction moins traditionnelle, une fonction comique. il commente les faits et gestes des personnages grotesques : le Baron, Dame Pluche et Maître Blazius dont nous parlerons par la suite.                         le chœur décrit tout d’abord Maître Blazius en le comparant à « un poupon » dont la tête « se ballotte » (l.3) . Comparer un adulte à un bébé est ridicule. Ensuite, il le compare à « une amphore antique » (l.6). En effet, ce vase dans lequel on conservait le vin dans l’Antiquité a en commun avec Blazius un ventre arrondi et un lien fort avec le vin. Ensuite, il compare la manière rapide dont elle arrive à « la fièvre (…) qui fait jaunir les bois » : ce qui est peu flatteur.

Le chœur se moque de ces personnages ridicules et Alfred de Musset accentue donc le côté comique de la pièce en mettant en scène ces personnages burlesques sous forme d'un diptyque caricatural.

Le personnage de Maître Blazius est jovial au caractère heureux : son embonpoint fait sourire, avec son « ventre rebondi » qui se « ballotte », qui se balance au moindre mouvement, et son « triple-menton » (I,1). De plus, c’est un ivrogne, et les ivrognes font rire dans leur ivresse : ( I,1 ) « je ne croyais pas avoir tout bu », dit-il faussement innocemment, après avoir réclamé dès son arrivée « un verre de vin frais » (I,1): cette inclination pour le bonheur est caractéristique de l’esprit de la comédie.

 

Nous avons également Dame Pluche qui est le contre-point de Maître Blazius. Elle très maigre: son apparence n’est pas attirante ni sympathique. Elle a de « longues jambes maigres », des « mains osseuses » : sa maigreur contraste fortement avec l’embonpoint de Maître Blazius et la juxtaposition de deux personnages aussi différents est comique. Effet renforcé par l’aspect négligé de Dame Pluche qui arrive les « cheveux couverts de poussière » et le « toupet gâté » : une perruque mal posée est comique. Sa manière de s’habiller est elle aussi ridicule : sa robe retroussée sur ses longues jambes sèches montre des « jarretières » (I,1), symbole de sensualité : ce qui serait attrayant sur une jeune et jolie fille devient ridicule chez une personne désagréable. Enfin sa manière de s’exprimer la ridiculise encore puisqu’elle associe de façon décalée un langage très pieux (religieux) et des termes vulgaires: se croisent en effet un champ lexical de la religion et un champ lexical de l’insulte : « couvent », « nonnain » et « Que le Seigneur Dieu du ciel la conduise ! Ainsi soit-il » / « manants », « canailles », « butors et malappris ».

 

 Le baron, quant à lui n'entend rien à l'amour et ne comprend qu'à demi-mot les répliques des autres personnages, créant ainsi des raccourcis tout à fait amusants. Ainsi lorsque Maître Blazius vient annoncer au Baron que Camille était rouge de colère et voulait obliger Dame Pluche à porter un billet qu'elle froisse pour ne pas avoir à l'apporter, voici ce que répond le Baron : « Je n'y comprends rien ; mes idées s'embrouillent tout à fait. Quelle raison pouvait avoir dame Pluche pour froisser un billet plié en quatre en faisant des soubresauts dans une luzerne ! Je ne puis ajouter foi à de pareilles monstruosités. » ( II,4)

 

A ces fantoches, Alfred

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