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Commentaire Tirade de l'inconstance

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Par   •  25 Octobre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 554 Mots (7 Pages)  •  345 Vues

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        Le classicisme est un mouvement culturel développé dès le XVIeme siècle en France. Il se définit par un ensemble de valeurs et de critères qui représentent un idéal de perfection fondé sur la raison, l’équilibre et la vraisemblance. Les artistes doivent respecter les règles souvent contraignantes pour permettre la production d'œuvres « parfaites » inspirées des modèles de l'art antique. Plus précisément, Molière, auteur majeur du classicisme, fait paraître sa pièce de théâtre Dom Juan en 1664, reprenant ainsi le mythe antique. La tirade de l’inconstance extraite de l’Acte I, tableau 2, relève le personnage éponyme, préalablement décrit péjorativement par son valet moralisateur, Sganarelle, qui s’offusque de l’attitude provocatrice de son maître. Dans cette scène d’exposition, Dom Juan réplique donc vigoureusement et effectue une éloge de l’inconstance. Il s’agira ainsi de se demander en quoi le héros prône t-il le libertinage à travers sa perception singulière de l’amour : derrière ses visions particulières et une stratégie persuasive se cache le portrait d’un véritable libertin.

        Dans un premier lieu, dans son discours, Dom Juan exprime sa vision singulière de l’amour : il réalise l’éloge de la séduction en parallèle d’une critique de la fidélité pour finir par l’expression d’une conquête guerrière.

        Tout d’abord, à travers son discours, Dom Juan réalise les louanges de la séduction : il affirme qu’il ne peut résister ni aux femmes, ni au charme. En effet, d’une part, il semble obnubilé par la beauté de la gente féminine comme le souligne l’abondance de périphrases « au premier objet » (l.1), « quelque objet nouveau » (l.23), « une belle personne » (l.25), « toutes les autres beautés » (l.6), « toutes les belles »(l.6), « une belle »(l.10), « une jeune beauté » (l.16) et la synecdoque « un beau visage » (l.13) : il les décrit uniquement par leur physique tant il est subjugué par celui-ci. En effet, il les envie comme le prouve  le champ lexical du désir « « tu veux » (l.1), « vouloir » (l.3), « envie » (l.20), « souhaiter (l.22). De surcroît, il met en avant ses sens bouleversés par l’éclat de toutes les femmes comme l’illustre le champ lexical des sens « yeux » (l.2, l.5, l.11), « goûte » (l.15, l.16), « voir » (l.11), « je vois » (l.13), « doux »(l.25). Le héros est envoûté par les femmes et la séduction comme l’illustre le champ lexical du charme « charmer » (l.6), « des charmes inexplicables » (l.14-15), « des charmes attrayants » (l.24) ; la conquête féminine a un effet presque magique sur le personnage. En outre, le séducteur est dévoré par l’attraction amoureuse, par le sentiment qu’elle procure comme le soulignent les oxymores « douce violence » (l.9) et « douceur extrême » (l.16) : il ne peut décrire la dualité des émotions qu’il ressent lorsque qu’il séduit. Ainsi, Dom Juan avoue sa dévotion pour la splendeur féminine mais aussi celle pour la séduction comme l’illustre l’hyperbole « si j’en avais dix mille, je les donnerai tous. » (l.13-14). Plus généralement, Dom Juan argue en faveur du renouveau amoureux tel que le souligne sa thèse « tout le plaisir de l’amour est dans le changement. » (l.15) : Dom Juan est tant passionné par les femmes et la séduction qu’il ne conçoit pas de se priver de toutes les opportunités qu’elles proposent. De plus, il semble comme à la merci de la passion amoureuse comme le prouvent les compléments d’objet direct désignant les hommes « nous prend » (l.1),« nous peuvent » (l.4-5), « nous charmer » (l.6), « on nous entraîne » (l.9), « nous oblige » (l.12), « elle nous oppose » (l.19) mais aussi la proposition subordonnée relative adjective « qui nous peuvent frapper » (l.4-5) : l’éloquent subit le pouvoir que les femmes ont sur lui. Cette impression est renforcée par la proposition subordonnée relative adjective « la nature nous oblige » (l.12) : pour lui, la séduction demeure la nature profonde de l’Homme, par conséquent il ne peux y résister.

        Toutefois, Dom Juan effectue également une critique de la fidélité mais aussi du mariage : il reste pour le protagoniste la mort des libertés comme l’illustre le champ lexical de la mort « être mort » (l.4), «  s’ensevelir » (l.3), faisant ici référence à un corps mort et enterré, mais aussi les hyperboles « renoncer au monde «  (l.2) et « pour toujours » (l.3) : la constance reste impensable pour Dom Juan tant elle est opposée à ses valeurs de liberté. De plus, en employant l‘antithèse « être mort dès sa jeunesse » (l.4) la constance est comparée à une mort précoce ; Dom Juan appuie ici sur le caractère insupportable de la fidélité. Effectivement, l’éloquent soutient la thèse suivante « la constance n’est bonne que pour les ridicules » (l.5) ; il ne comprend pas les atouts d’une telle alliance. D’ailleurs, le mariage demeure pour ce charmeur une obligation comme le soulignent le champ lexical de l’obligation «  lie » (l.1), « renonce » (l.2), « doit » (l.7), « cède » (l.8), « nous oblige » (l.12), « forcer » (l.19) et la métaphore « on se lie » (l.1) : le mariage est un lien indéfectible, que ce séducteur méprise. Effectivement, la fidélité est signe de privation pour Dom Juan comme le prouve les nombreuses négations « on n'ait plus d'yeux » (l.2), « ne doit point » (l.7), « n'y a plus rien [...] ni rien » (l.21), cette union sacrée est une abstinence de tous les charmes présentés que le protagoniste ne conçoit pas. La constance est suggérée comme accessoire face à la séduction comme le soulignent le verbe à l’infinitif « demeurer » (l.1), donnant un effet de lassitude, de permanence péjorative mais aussi le champ lexical de l’ennui et du sommeil «  fini » (l.22), « endormons » (l.22), « tranquillité » (l.23) en opposition avec le verbe à l’infinitif « réveiller » désignant ici la séduction. En effet, Dom Juan parle de cette union avec une forme de dédain comme le prouve le pronom démonstratif « lui » (l.2) désignant le mariage, mais il accuse également les personnes qui cèdent à cette constance comme le souligne l’antithèse « un faux honneur » (l.3) et la périphrases « les ridicules » (l.5): selon lui ils prétendent trouver leur bonheur ce qui inconcevable pour lui. Enfin, le personnage éponyme révèle son indignation face à ce lien amoureux qui demeure pour lui immoral comme l’illustre le champs lexical de la justice «droit » (l.6), « justes » (l.7), « injustice » (l.10) : la fidélité est contraire à sa morale, elle paraît même déloyale, contre la loi.

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