Commentaire Arrias- La Bruyère
Commentaire de texte : Commentaire Arrias- La Bruyère. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar claireeeeyrdyrx • 3 Novembre 2022 • Commentaire de texte • 843 Mots (4 Pages) • 354 Vues
Arrias, La Bruyère
Après dix-sept années de travail, La Bruyère, grand moraliste du XVIIe siècle, publie Les Caractères en 1688. L’oeuvre se compose de maximes et surtout de plusieurs séries de portraits satiriques, de caricatures qui visent à dénoncer souvent grâce à une argumentation indirecte certains comportements excessifs de son époque des courtisans et des contemporains de Louis XIV.
Le portrait que nous analysons, celui de Arrias, situé dans la section de la société et de la conversation nous expose un personnage imbu de lui-même, un prétentieux, persuadé de posséder une culture et en savoir encyclopédique.
Comment La Bruyère, par un portrait risible et satirique, offre-t-il aux lecteurs une critique de la vanité de son temps ?
Ce texte peut se décomposer en trois mouvements essentiels :
Ligne 86 à 89 : présentation de Arrias
Ligne 89 à 95 : mise en situation
Ligne 95 à 105 : retournement de situation = mise en contestation et perte de Arrias
Le premier paragraphe du texte nous offre un portrait déjà très orienté du personnage de la part du moraliste. Dès la première ligne on comprend grâce au présent de vérité générale qu’Arrias est un personnage type qui représente un caractère.
Dès le début l’auteur manie l’ironie sur les personnages « tous vus » ce qui est inscrit Arrias dans la démesure et l’excès.
L’auteur ne se prive pas de nous indiquer que cette affirmation est fausse. Le premier paragraphe est structuré par le champ lexical de la tromperie qui met en évidence le masque que porte le personnage « persuadé, se donner pour tel, mentir, paraître ». Ce champ lexical permet à l’auteur de pointer du doigt les caractères théâtral de cette société qui mise tout sur l’apparence.
La longue phrase du second mouvement est extrêmement intéressante par sa forme car elle rend compte du caractère principal de Arrias qui est son bavardage et son impolitesse à occuper le champ de la parole. On peut parler ici d’un rapport de stricte homologie entre la forme du texte et son sens car quoi de mieux que l’utilisation abondante de la parataxe pour rendre compte de la volubilité du personnage.
Le champ lexical de la parole est dominant avec « parle, prend la parole, allais dire, discours, récite, rit » rien n’arrête Arrias qui ne cesse de parler et prend un plaisir théâtral à prendre la parole et à subjuguer son auditeur.
L’anaphore du pronom personnel « il » met en valeur le narcissisme de Arrias et sa volonté de monopoliser sa parole pour lui seul.
Les ligne 92 et 93 mettent en pratique la prétention affichée de Arrias « homme universel » (qui prétend avoir toutes les connaissances et être maître du savoir).
Le dernier point de la phrase nous révèle une tactique privilégiée de l’orateur au service de son pouvoir de persuasion.
De manière théâtrale Arrias cherche l’adhésion de son auditoire par un rire communicatif afin d’ éviter que l’on ne l’interrompe et de s’assurer du monopole de l’attention.
Contre toute attente et malgré la théâtralisation de la parole d’ Arrias jusqu’au rire, un personnage volontairement indistinct « quelqu’un » va volontairement déstabiliser le bonimenteur. Ce personnage comme l’atteste « contredire, prouver », est au service du rétablissement de la vérité. Avec finesse, La Bruyère nous fait percevoir la manière dont Arrias vit la scène en nous faisant partager son point de vue.
La périphrase « interrupteur » pour désigner la personne qui prend la parole qui est un « imposteur ».
La mise en accusation : Arrias pour se défendre prend la parole : au discours direct : Arrias dans sa réponse va créer l’illusion d’un discours qui repose sur une argumentation d’autorité qui est celle d’un grand ambassadeur.
Comment Arrias se défend-t-il auprès de son contradicteur ?
Dans sa tentative de récusation, Arrias recourt au champ lexical de la parole au service de sa vérité : « je n’avance, je raconte, j’ai appris, je ne sache ». Pour donner plus de poids à son argument d’autorité il va beaucoup insister sur la grandeur du personnage, sur sa magnianimité et donner force détails qui ont pour mission de crédibiliser ce qu’il nous dit de cette ambassadeur.
On pourrait croire, au terme de ce discours d’Arrias, que ce dernier est sur le point de remporter ce duel verbal. Comme le souligne le comparatif ligne 103 de supériorité « avec plus de confiance ». Mais La Bruyère nous livre un point final un ultime coup de théâtre par la parole totalement imprévu de l’ambassadeur lui-même.
Dans la plus pure tradition du théâtre, le trompeur est démasqué et le rire est du côté du lecteur qui se moque de Arrias et prend plaisir à constater que le fat a été démasqué et le trompeur détrompé.
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