Comment Orwell parvient-il à montrer que la manipulation de la langue peut conditionner la pensée dans 1984 ?

Comment Orwell parvient-il à montrer que la manipulation de la langue peut conditionner la pensée ?

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe sort d’un immense conflit, dans lequel des régimes totalitaires, principalement l’Allemagne nazie et l’URSS de Staline ont causé la mort de millions de personnes. Ainsi, George Orwell, écrivain britannique rédige, en 1948, son plus célèbre roman, « 1984 ». La planète est dominée par 3 grands Etats, l’Oceania, l’Estasia et l’Eurasia. Le roman se spécialise plus particulièrement dans l’Etat d’Oceania, régime extrêmement totalitaire. Celui-ci est sous la tutelle d’un parti unique dont le dirigeant, « Big Brother » contrôle tous les faits et gestes de ses « sujets » comme il les appelle, par le biais de « télécrans » qui sont des télévisions dans lesquels le parti détient la possibilité de les observer et de les entendre. Ainsi, au sein du ministère de la vérité du parti qui s’occupe de la presse et de l’information, travail Winston Smith, un homme fidèle à son chef. Ce dernier tient un rôle particulier, en effet, son métier consiste à étudier les documents du passé, si certains ne coïncident pas ou plus avec la réalité exprimée par le parti, s’ils vont à l’encontre de ses dires, Winston doit supprimer les originaux et en rédiger de nouveau afin de laisser une impression de vérité à la population de l’Etat et ainsi légitimer les actions de Big Brother. Cependant, Winston Smith n’est pas comme les autres sujets, il possède une âme, des sentiments, des émotions et face à la réalité qui le blesse continuellement, il se doit, dans le secret, d’exprimer ce désarroi par le biais de l’écriture. Il se met alors à rédiger, même si cela est strictement interdit et pourrait conduire à sa mort, son journal dans lequel il évoque son quotidien et montre que la « novlangue » qui est la langue officielle d’Oceania et qui se développe davantage au fil du temps, conduit la population et donc les sujets de l’Etat, à leur désinformation, ils subissent un lavage de cerveau et ne se rappellent pas, si ce n’est plus, de leur passé et ne possèdent plus aucun moyen de penser. Nous pouvons alors nous demander comment George Orwell parvient à montrer que la manipulation de la langue peut conditionner la pensée. Dans une première partie, nous verrons que le parti effectue une manipulation totale des sujets. Dans un second temps, nous verrons que la pensée de ces sujets ne cesse de diminuer avec l’émancipation de la « novlangue ».

Dans cette société, l’embrigadement de la population est complet, elle est dépendante de l’Etat et subit ses volontés par le biais de la double pensée. En effet, la double-pensée, qui est le contrôle de la réalité, se remarque fortement tout au long de ce roman, dans un premier temps, par l’usage de termes positifs qui constituent tous les éléments qui entourent les sujets chaque jour de leur vie. Ainsi, Winston, dès le début, tire un paquet de cigarettes, les « cigarettes de la victoire ». Cet oxymore qui place une notion positive des cigarettes et du parti, permet de rassurer le fumeur (et donc la population), celui-ci peut s’imaginer qu’elles lui ont été fourni pour son bien, il ne doit pas culpabiliser, le parti ne souhaite que son épanouissement. De même, le gin est appelé, « Gin de la victoire » ce qui montre bel et bien que les éléments jugés au premier abord mauvais sont ici considérés comme source de réussite, et ce grâce au gouvernement. Au travers de la description de Winston, nous comprenons également que les ministères tels qu’ils sont définis sont en réalité tout l’inverse de ce qu’il représente, le ministère de la Paix caractérise en réalité la guerre, le ministère de la Vérité représente les mensonges, le ministère de l’Amour marque quant à lui l’atrocité. Les slogans qu’utilise le parti témoignent eux aussi de cette volonté de double-pensée, ils sont contradictoires et mettent en valeur la nécessité d’adhérer à leurs convictions : « La guerre c’est la paix. La liberté c’est l’esclavage. L’ignorance c’est la force. ». Ainsi, la double pensée conduit au bout d’un certain moment, à un phénomène de pensée unique. De ce contrôle de la population intervient également le phénomène de propagande et de surveillance.

Ainsi, des moyens matériels sont employés pour assurer l’obéissance et la non-trahison de la population, tel que le « télécran » qui est une source de pression. En effet, comme nous l’avons expliqué, la population est continuellement observée et écouté. Winston doit alors se détourner de l’écran afin de ne pas exprimer ses émotions qui peuvent passer sur son visage lors de sa réflexion sur l’écriture de son journal. Cela témoigne donc d’une première forme de contrôle de la pensée, celle basée sur les sentiments. Le ministère de la vérité, son lieu de travail, comporterait « 3000 salles et des ramifications correspondantes en sous-sol ». Le gouvernement observe donc sans être observé et conduit les individus à une pression psychologique. Outre les usages matériels, la culture qui est inculquée à la population témoigne elle aussi d’une volonté de contrôle de la part du parti de « Big Brother ». En effet, comme l’écrit Winston dans son journal, le gouvernement ne passe « Rien que des films me de guerre », et l’issue de ceux-ci est constamment en sa faveur. Ainsi, cette présentation constante de la guerre permet de tenir le peuple dans un sentiment de peur et de crainte perpétuelle, cela renforce également en lui une volonté de vengeance envers l’ennemi, Goldstein, mais provoque également de la fierté et une appartenance

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