Analyse du receuil Les Mains Libres De Paul Eluard et Man Ray
Mémoires Gratuits : Analyse du receuil Les Mains Libres De Paul Eluard et Man Ray. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ninininon • 10 Décembre 2014 • 1 099 Mots (5 Pages) • 1 438 Vues
Objet d'étude : Les Mains libres, Paul Eluard, Man Ray.
Question : "Pour collaborer, peintres et poètes se veulent libres. La
dépendance abaisse, empêche de comprendre, d'aimer. Il n'y a pas de modèle
pour qui cherche ce qu'il n'a jamais vu. A la fin, rien n'est aussi beau qu'une
ressemblance involontaire."
Paul Eluard, Donner à voir, extrait de Physique de la poésie, 1939.
D'après vous, cette déclaration peut-elle s'appliquer au recueil Les Mains
libres ?
Dans l'article Physique de la poésie, que Paul Eluard a écrit en 1937 et
qu'il a inclu deux années plus tard dans le recueil Donner à voir, le poète pose
les jalons de sa démarche poétique. Le poète engage une réflexion sur les
enjeux de la démarche collaborative qu'il a pratiquée activement tout au long
de sa vie. Le principe collaboratif est un des fondements du surréalisme. Il a
été la grande force du mouvement en même temps qu'il l'a fragilisé.
"Pour collaborer, peintres et poètes se veulent libres", affirme Paul
Eluard. Collaborer tout en maintenant un principe de liberté correspond à la
dynamique qui a donné naissance au recueil Les Mains libres. C'est ce que
nous montrerons. Mais ce principe ne peut se réaliser sans surmonter quelques
obstacles. Eluard énonce les écueils du travail collaboratif. Sa réflexion
constitue également une mise en garde de ce qui peut faire échouer un travail
à plusieurs mains.
Dans cet extrait de Physique de la poésie, Eluard énonce ce qui entrave
le travail collaboratif : la "dépendance", la recherche d'un "modèle".
Le travail en couple ou à plusieurs requiert de se sentir vraiment libre, de
maintenir un esprit démocratique qui rejaillisse dans l'oeuvre créée. Dans son
article, Paul Eluard réfléchit aux travers qui guettent le travail collaboratif : l'un
ou l'autre des membres du groupe peut prendre sur les autres une trop forte
ascendance. Il faut veiller à ce que ne se reforme le traditionnel couple du
maître et de l'élève, de la muse et de l'artiste inspiré.
Malgré l'ambition des surréalistes de travailler ensemble, certains d'entre
eux n'ont pas réussi à échapper à ce schéma, à commencer par André Breton
qui s'est octroyé la première place dans les rangs du groupe :
"'Le pape' règne en maître sur l'assemblée des fidèles, observant de son
regard perçant sa petite troupe. Il est au centre de tout. Massif, raide dans ses
costumes sombres -souvent vert bouteille-, les cheveux ondulés vers l'arrière,
il compte les présents et note les absents. "1
Dans l'histoire des arts, aucun groupe d'artistes n'échappe à une forme
d'organisation patriarcale. Ainsi de Picasso qui, au tout début du XXe siècle,
avait réuni autour de lui - autant par la grâce de son génie que par la tyrannie
de sa personnalité- les artistes, peintres et poètes qui allaient créer l'art
moderne :
"[...] cinq ans seulement après son arrivée à Paris, Picasso était déjà au
centre d'un faisceau où tous convergeaient, victimes ou héros de son pouvoir,
de la fascination qu'il exerçait sur ceux qui l'approchaient. Au Bateau-Lavoir, il
était présent partout : on l'admirait, on se définissait par rapport à lui, il
inspirait, on l'inspirait ...."2
Il convient donc pour les uns et les autres de savoir distinguer
l'admiration béate de l'émulation créatrice. "La dépendance abaisse" rappelle
Eluard, "elle empêche de comprendre et d'aimer."
Dans la préface qu'il donne au recueil Les Mains libres, Eluard clôt le
texte par cette phrase : "Man Ray dessine pour être aimé." Ce simple constat a
pourtant une grande importance dans le processus de création : l'artiste
recherche l'approbation du public. Il ne peut
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