Monique Proulx, dans la nouvelle Jaune et blanc, et Ying Chen, dans la lettre 12 des Lettres chinoises, traitent-elles de la même façon le thème de l’éloignement?
Dissertation : Monique Proulx, dans la nouvelle Jaune et blanc, et Ying Chen, dans la lettre 12 des Lettres chinoises, traitent-elles de la même façon le thème de l’éloignement?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar julienboiv • 1 Décembre 2023 • Dissertation • 867 Mots (4 Pages) • 560 Vues
La Seconde Guerre mondiale a exercé une influence énorme sur la société, que ce soit aux niveaux social, économique, politique, démographique ou même littéraire. En effet, à la suite du conflit de 1939-1945, la littérature postmoderne a connu une explosion; à l’intérieur de ce courant se trouve également la littérature migrante, qui désigne l’écriture dans un contexte de choc culturel. Au Québec, une région qui a accueilli plusieurs vagues d’immigration, plusieurs auteurs ont voulu raconter la relation des immigrants avec leur pays d’accueil. Parmi ces écrivains, on compte Monique Proulx, auteure du recueil de nouvelles Les aurores montréales, publié en 1996, et Ying Chen, une écrivaine sino-canadienne responsable de l’œuvre Lettres chinoises, publiée en 1993. Ces deux textes, à leur manière respective, traitent du thème de l’immigration, de l’adaptation et de l’éloignement. C’est ce dernier qui sera exploré en profondeur dans cette dissertation, en analysant la manière par laquelle il est amené et par laquelle il est vécu.
À première vue, le thème de l’éloignement semble être présenté de la même manière dans les deux textes, soit la nouvelle Jaune et blanc de Monique Proulx et la lettre 12 des Lettres chinoises de Ying Chen. En effet, les deux œuvres sont écrites sous la forme d’une lettre adressée à une personne chère qui relate de souvenirs passés. D’abord, dans Jaune et Blanc, l’auteure s’adresse à sa grand-mère, avec qui elle semble entretenir une relation douce et proche : « Tu avais raison, grand-mère, les lieux sont des miroirs poreux qui gardent les traces de tout ce que nous sommes. Lorsque nous regardions ensemble les jardins de l’autre côté du Huangpu, … » (l.1-2, Jaune et blanc, Monique Proulx, 1996) À l’aide de cette métaphore, l’écrivaine se remémore un beau moment passé avec sa grand-mère tout en présentant l’idée que chaque lieu est une réflexion subjective de celui qui l’analyse. Ensuite, la lettre 12 des Lettres chinoises est évidemment destinée à une personne proche, ne serait-ce qu’en regardant la signature de la lettre : « Tu me manques terriblement. » (l.24, Lettres chinoises, Ying Chen, 1993) L’écrivaine s’adresse visiblement à un être qui lui est très cher et duquel elle s’ennuie; ce sentiment de nostalgie et de manque est ressenti tout au long de la lettre, avec la mention de plusieurs souvenirs et moments passés ensemble. Bref, le thème de l’éloignement est abordé de la même manière dans les deux œuvres, soit sous la forme d’une lettre destinée à un destinataire important aux yeux du destinateur.
À seconde vue, il est clair que l’éloignement n’est pas vécu de la même manière dans les deux textes. Effectivement, pour ce qui est de la nouvelle Jaune et Blanc, l’auteure finit par s’adapter à la société montréalaise, au mode de vie nord-américain et à être loin de ses proches : « Depuis, le Saint-Laurent m’est devenu aussi familier que le Huangpu et mes promenades dans la rue Saint-Denis ont l’aisance de celles qui m’entrainaient dans le Bund avec toi. » (l.50-51, Jaune et blanc, Monique Proulx, 1996) Ici, le champ lexical de la familiarité est important à souligner; l’emploi des mots « familier » et « aisance » illustre un sentiment positif à l’égard de son nouveau pays et de son nouveau quotidien. L’auteure exprime un sentiment de liberté prononcé qu’elle éprouve en connaissant désormais les lieux. Malgré la nostalgie qu’elle éprouve en se rappelant les instants vécus avec sa grand-mère, elle réussit tout de même à s’acclimater aux mœurs québécoises et à s’épanouir en tant que personne : « J’ai trouvé mon lieu, grand-mère, celui au centre de moi qui donne la solidité pour avancer, j’ai trouvé mon milieu. » (l.87-88, Jaune et blanc, Monique Proulx, 1996) Pour ce qui est de la lettre 12 des Lettres chinoises, il est fort juste d’affirmer que l’éloignement est vécu de manière plutôt négative. En effet, il est évident que la distance est ressentie négativement et que l’auteure n’arrive pas à s’en remettre : « Je te cherche partout dans les rues familières, parmi les paniers sales. Mais il n’y a qu’une odeur de sang et le silence des pas qui m’attendent. » (l.19-20, Lettres chinoises, Ying Chen, 1993) Cet extrait réitère le sentiment de vide que ressent le destinateur de la lettre face à l’éloignement; l’antithèse « le silence des pas » ne sert qu’à renforcer cette sensation de manque et d’insignifiance d’un quotidien sans cette personne importante. Pour conclure, l’éloignement est clairement vécu de manières complètement différentes dans les deux œuvres.
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