Roman, Arthur Rimbaud

LL6

Les CD du jeune AR témoignent de diverses influences littéraires, de V.Hugo à C.Baudelaire, et s’inscrivent contre des mouvements littéraires comme le Parnasse. « Roman » est un poème en alexandrins, à rimes croisées, composé de 4 parties (de 1 à 4) et comportant chacune 2 quatrains. Cette forme chapitrée ainsi que le sujet des 1er émois amoureux d’un ado font écho au to=itre du poème. Le romanesque vient ici nourrir et renouveler le lyrisme poétique.

LECTURE

1 : v.1-16 : l’insouciance adolescente propice à l’amour

2 : v17-32 : la rencontre et les débuts d’un roman d’amour

Le titre du poème est surprenant dans la mesure où il fait référence à un genre littéraire étant aux antipodes de la poésie.

1.

• 1er quatrain installe un cadre spatio-temporel à la manière d’un roman : « beau soir »

Il met également en place une situat° initiale : un ado s’éloigne des « cafés tapageurs » pour s’isoler « sous les tilleuls verts ». L’utilisation du pronom indéfini « on » introduit une volonté de généralisat°, alors qu’ AR évoque l’âge qui est le sien.

• On trouve de nombreuses répétit° v. 4-8 : « tilleuls/bon(s) » et parallélisme v.8. Ces reprises lexicales sont renforcées par le retour de certaines sonorités [V] et [F]qui créé dès le début une musicalité marquée.

Les exclamat° traduisent l’enthousiasme de la jeunesse + tous les sens sont sollicités : odorat « sentent/parfums » la vue « tilleuls verts » l’ouïe « vent chargé de bruit » goût « parfum de bière ». Le bien être de l’ado s’exprime e manière variées.

• V.9-12, descript° du ciel étoilé avec le mot « azur » qui installe une tonalité lyrique. L’adj « petit/petite » est répété, atténuant donc la beauté de la vision, de même que le terme dévalorisant « mauvaise »qui supprime le romantisme de l’évocat°.
• V.13, les exclamat° lyriques ainsi que les ruptures introduites par la ponctuat° traduisent de l’exaltat° de l’ado. On trouve le champ lexical de l’ivresse : « griser/champagne/ monte à la tête/ divague ». La métaphore du champagne boisson noble, au v.14 évoque la jeunesse, la légèreté et le désir de vivre. Les «…»   v.12/14/16 créent un léger suspense.

2.

• Le.17 suggère une ivresse amoureuse causée cette fois par un désir frénétique d’explorations et d’aventures amoureuses (idée souligné par le néologisme « Robinsonne »)
• Le « réverbère/ le faux col/ les petites bottines » renvoient à l’univers du roman et du conte plutôt qu’à celui de la poésie lyrique.
• Le « roman » d’amour est toutefois traité sur un mode légèrement ironique : une distance soulignée par l’usage du « vous » là où on s’attendrait à voir un « je ». L’allitérat° du v.22 souligne l’harmonie imitative des talons (= imitat° d’un bruit).
• Vivacité de la demoiselle est soulignée au v.23 tandis que la naïveté de l’ado est mise en valeur au v.21. L’échange des regards est juste suggéré par les points de suspension.
• L’avant-dernier quatrain est à la fois: lyrique, avec la reprise anaphorique de « vous êtes amoureux» , ainsi que de l’hyperbole « l’adorée » et ironique, avec l’expression « loué jusqu’au mois d’août » qui sous-entend que l’histoire ne va pas durer. La majuscule du pronom « La » est le point de vue moqueur de ses amis.

Cette tension renouvelle le lyrisme en cassant le traditionnel discours sur l’amour.  

•       Le v.28 introduit l’issue de cette histoire d’amour : le poète rentre dans les cafés qu’il fuyait dans le 1er quatrain pour commander des boissons qui mènent à une véritable ivresse consolatrice. La reprise du 1er vers au vers 31 exprime une distance ironique par rapport à l’expérience vécue. Le v.4 est repris au derniers vers mais la construct° syntaxique est rompue : le poète se joue ainsi des codes du lyrisme traditionnelle.

CONCLUSION

Ce poème se déroule en 4 courts chapitres : le « roman » des amours adolescents. Il englobe le lecteur dans un récit à la fois intime et dépersonnalisé qui mêle élan sensuel et distance ironique. Jouant avec les codes romanesques autant que poétiques, il témoigne d’une volonté de renouveler le lyrisme en le faisait dialoguer avec d’autres tonalités traditionnellement jugées peu compatible :ex : le réalisme avec l’utilisat° d’un vocabulaire moderne et prosaïque ou encore la distance ironique.

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