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Racine, Andromaque, acte II, scène 4 : le choix déterminé de Pyrrhus

Commentaire de texte : Racine, Andromaque, acte II, scène 4 : le choix déterminé de Pyrrhus. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  26 Mai 2023  •  Commentaire de texte  •  1 502 Mots (7 Pages)  •  577 Vues

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Acte II, scène 4 : Le choix déterminé de Pyrrhus

v.605-625 (p.62)

-Comprendre la notion de péripétie

-Savoir expliquer les rapports de force qui existe entre les personnages

-Revoir la notion de pathétique

        Au XVIIe siècle Louis XIV, fervent admirateur des arts, contribue à promouvoir le théâtre et fait de son siècle, le Siècle d’Or du Théâtre. Cette époque est soumise à un idéal esthétique : le Classicisme.  Nicolas Boileau dans son Art Poétique remet au goût du jour les règles  d’Aristote (la règle des trois unités, la règle de la Vraisemblance et la Bienséance). Il impose alors ces contraintes formelles aux dramaturges.  Ainsi des auteurs comme Corneille ou Racine sont contraints de les  respecter sous peine d’être censurés. Jean Racine(1639-1699), reconnu  pour  la  pureté de sa langue et la beauté de ses alexandrins s’assure un  succès rapide auprès du public comme du roi dont il deviendra l’historiographe en 1677. Andromaque est sa première pièce, elle a été représentée pour la première fois en 1667. Dans cette pièce au registre tragique, l’amour est un motif de  chantage,  de  haine  et  de mort.

        Dans la scène 3, Oreste se réjouit d'apprendre que Pyrrhus délaisse Hermione. L'arrivée de Pyrrhus sur scène s'explique par une décision capitale. Oreste est également présent devant les spectateurs pour entendre l'annonce de Pyrrhus. Cette annonce constitue une péripétie. Une péripétie est un retournement de situation (une situation à laquelle on ne s'attend pas). Aristote la définit dans sa Poétique : elle est un événement extérieur inattendu qui crée un effet de surprise et  modifie la situation des héros par le bouleversement qu'il crée. Elle permet toujours de faire progresser l'action dramatique. Dans la scène 4, on apprend que Pyrrhus entreprend de livrer Astyanax et d'épouser Hermione pour maintenir la paix au sein de l'alliance.

        Dans quelle mesure la décision de Pyrrhus bouleverse-t-elle la suite de la pièce en mettant au jour les rapports de force entre les personnages?

         

        Dans un premier temps,  nous montrerons que cette scène constitue un coup de théâtre pour ensuite analyser le rapport de force qui s'installe entre les personnages après cette révélation.

           L'annonce inattendue de Pyrrhus constitue un coup de théâtre qui va déjouer le plan d'Oreste.

          Pyrrhus dévoile ses intentions dans cette scène. En effet, celui-ci lui propose deux missions : sa première décision est de remettre Astyanax à Oreste ( vers 614 : « Et l'on vous va, Seigneur, livrer votre victime »). L'ambassadeur se voit donc livrer le fils d'Andromaque mais il apprend surtout aux vers 618-619 : « D'une éternelle paix Hermione est le gage ; / Je l'épouse. » Aux vers 619 /620/621, il demande même à Oreste d'être témoin lors de son mariage et de représenter les  Grecs : « un spectacle si doux n'attendit en ces lieux qu'un témoin tel que vous. Vous y représentez tous les Grecs et son père ».

        Entre la scène 3 et la scène 4, Oreste passe d'une euphorie à un désenchantement brutal. En effet, la scène 3 annonce le triomphe d'Oreste dans un monologue: on peut relever la répétition « oui, oui » qui fait suite à la réplique d'Hermione à la scène 2 au v.590 : Adieu. S'il y consent, je suis prête à vous suivre ». Les temps redoublent cet enthousiasme : le futur au vers 591 : « vous me suivrez »mais aussi l'impératif aux vers 599/600 et 604 : « (Sauve tout ce qui reste/ Garde son fils/ Parlons). Le pronom personnel « je » aux vers 592/593 (je vous réponds/ je ne crains) montre que le personnage est sur de lui, il s'affirme et semble prêt à conquérir Hermione.  Dans la scène 4, il prend à peine la parole. Il tente en vain de convaincre Pyrrhus au vers 616 : « C'est acheter la paix du sang d'un malheureux ». Mais le vers 625 brise tous ses espoirs  et s'assimile à un cri de douleur : « Ah ! Dieux ! ».

        Oreste semble désemparé par l'annonce de cette nouvelle mais on pouvait s'y attendre car Pyrrhus est un personnage imprévisible : à la fin de la  l'acte I, il voulait déjà livrer Astyanax. Par ailleurs, l'affirmation de sa puissance dans la scène 4 va entraîner un rapport de  domination.

        Cette décision brutale est cependant affirmée par un personnage inflexible qui, par sa détermination, entraîne l'effacement d'Oreste. C'est donc un rapport de force qui s'établit entre les deux personnages.

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