LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Explication de texte Molière, L’école des femmes, (acte II, sc. 5) p.72-75, de « Ne vous a-t-il point pris » à « on me revoit ici »

Commentaire de texte : Explication de texte Molière, L’école des femmes, (acte II, sc. 5) p.72-75, de « Ne vous a-t-il point pris » à « on me revoit ici ». Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  5 Novembre 2023  •  Commentaire de texte  •  3 493 Mots (14 Pages)  •  237 Vues

Page 1 sur 14

Explication de texte

Molière, L’école des femmes, (acte II, sc. 5) p.72-75. « Ne vous a-t-il point pris » > « on me

revoit ici ».

INTRODUCTION

Dès le premier acte, Arnolphe révélait sa monomanie. Son présupposé était le suivant : seule

une femme sotte, maintenue dans l’ignorance, peut éviter le cocuage. Telle est sa certitude

délirante, à laquelle il se disait obstinément fixé. Puis il passait de l’énoncé de la théorie au

récit de la pratique : « Dans un petit couvent […] je la fis élever selon ma politique » (v.135-

136). A l’acte II, ses certitudes commencent à être ébranlées : il apprend en effet qu’un jeune

galant a eu l’occasion de rencontrer Agnès, malgré la stricte interdiction qu’il avait formulée.

Tout son projet en effet reposait sur l’idée d’une complète réclusion d’Agnès qui ne devait

avoir aucune sollicitation extérieure, pour être maintenue dans la plus grande ignorance

possible. Dans notre extrait, Arnolphe tente donc d’apprendre ce qu’il s’est passé entre les

deux jeunes gens durant leur entrevue sans toutefois être trop explicite dans ses questions,

pour ne pas inspirer à Agnès de curiosité mal placée.

Lecture du texte

Scène qui place Arnolphe dans situation ambivalente : il est à la fois une figure d’autorité

demandant des comptes à Agnès, au travers d’un interrogatoire puis d’un sermon moral, mais

il rencontre également la résistance passive d’Agnès, qui défait l’autorité de son maître par

son ingénuité. Les normes sociales dont Arnolphe est dépositaire se trouvent mises en cause

par les effets de décalage comique produits par l’innocence d’Agnès.

Ainsi, dans cette scène de confession laborieuse, on essaiera d’analyser la manière dont

Arnolphe tente de faire valoir une posture d’autorité traditionnelle, finalement mise en cause

implicitement par l’ingénuité comique d’Agnès.

Pour composer cette trajectoire comique (du directeur de conscience qui fait autorité au

barbon illusionné par ses propres certitudes), on peut distinguer trois mouvements du texte :

v. 571-579 : grande cohérence formelle du passage, puisqu’il s’agit de stichomythies.

Arnolphe presse Agnès pour qu’elle lui révèle jusqu’où elle est allée avec Horace. Comique

marqué par la jalousie maladive d’Arnolphe et la pudeur craintive d’Agnès. Confession

retardée.

v.580-586 : retour à un vers moins fragmenté. L’annonce du ruban a soulagé Arnolphe, qui

néanmoins veut s’assurer qu’il n’y a rien eu d’autre. Comique consiste dans le topos de la

jeune ingénue qui interprète littéralement des paroles métaphoriques : elle croit devoir

soigner, guérir, au sens littéral, Horace. Il s’agit d’une démonstration d’innocence.

v.587-614 : effort rhétorique d’Arnolphe pour disqualifier Horace, le faire passer pour un

blondin sans intérêt. Invoque l’argument religieux comme argument d’autorité, et menacer

Agnès de péché mortel. Mais cette supériorité professorale, rhétorique, ne l’empêche

finalement pas de s’illusionner au sujet des sentiments d’Agnès à son égard puisque, à la fin

de notre extrait, il pense leur mariage enfin réglé. Ainsi, sa position d’autorité est renversée et

c’est bien lui qui est ridiculisé, et non Agnès qui n’est pas le morceau de cire malléable qu’il

croit.

I-Des vers 571 à 579, Arnolphe passe Agnès à la question à travers un échange de

stichomythies, dont le caractère comique repose sur un quiproquo, révélateur des

caractères des personnages (jalousie et ingénuité).

- « Ne vous a-t-il point pris, Agnès, quelque autre chose ? » : Usage du verbe

« prendre » : syllepse. Dans la bouche d’Agnès (v.569), le verbe avait un sens

physique, concret : prendre quelque chose dans ses mains, en l’occurrence un bras. Le

tenir… or chez Arnolphe on sait que le terme est possiblement polysémique et qu’il

peut revêtir un sens plus abstrait, métaphorique : prendre un pucelage, prendre

l’innocence, prendre l’honnêteté.

> montre bien la vision profondément patriarcale du personnage, qui considère la sexualité

comme un accaparement masculin, une appropriation, une possession, une conquête

(prendre une place, cf. lexique militaire).

« quelque autre chose » : double emploi d’adjectifs indéfinis qui maintiennent à l’état de

flou ce que sous-entend Arnolphe. + « chose », archilexème qui peut désigner une infinité

de choses différentes.

 En effet, l’enjeu est pour Arnolphe de savoir si Agnès et Horace ont consommé

charnellement leur relation, tout en restant suffisamment vague pour ne pas

inspirer à Agnès de mauvaises pensées. Il faut donc ménager dans les questions

suffisamment

...

Télécharger au format  txt (24.4 Kb)   pdf (86.5 Kb)   docx (23.4 Kb)  
Voir 13 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com