Explication de texte Molière, L’école des femmes, (acte II, sc. 5) p.72-75, de « Ne vous a-t-il point pris » à « on me revoit ici »
Commentaire de texte : Explication de texte Molière, L’école des femmes, (acte II, sc. 5) p.72-75, de « Ne vous a-t-il point pris » à « on me revoit ici ». Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Stéphane David nillet • 5 Novembre 2023 • Commentaire de texte • 3 493 Mots (14 Pages) • 237 Vues
Explication de texte
Molière, L’école des femmes, (acte II, sc. 5) p.72-75. « Ne vous a-t-il point pris » > « on me
revoit ici ».
INTRODUCTION
Dès le premier acte, Arnolphe révélait sa monomanie. Son présupposé était le suivant : seule
une femme sotte, maintenue dans l’ignorance, peut éviter le cocuage. Telle est sa certitude
délirante, à laquelle il se disait obstinément fixé. Puis il passait de l’énoncé de la théorie au
récit de la pratique : « Dans un petit couvent […] je la fis élever selon ma politique » (v.135-
136). A l’acte II, ses certitudes commencent à être ébranlées : il apprend en effet qu’un jeune
galant a eu l’occasion de rencontrer Agnès, malgré la stricte interdiction qu’il avait formulée.
Tout son projet en effet reposait sur l’idée d’une complète réclusion d’Agnès qui ne devait
avoir aucune sollicitation extérieure, pour être maintenue dans la plus grande ignorance
possible. Dans notre extrait, Arnolphe tente donc d’apprendre ce qu’il s’est passé entre les
deux jeunes gens durant leur entrevue sans toutefois être trop explicite dans ses questions,
pour ne pas inspirer à Agnès de curiosité mal placée.
Lecture du texte
Scène qui place Arnolphe dans situation ambivalente : il est à la fois une figure d’autorité
demandant des comptes à Agnès, au travers d’un interrogatoire puis d’un sermon moral, mais
il rencontre également la résistance passive d’Agnès, qui défait l’autorité de son maître par
son ingénuité. Les normes sociales dont Arnolphe est dépositaire se trouvent mises en cause
par les effets de décalage comique produits par l’innocence d’Agnès.
Ainsi, dans cette scène de confession laborieuse, on essaiera d’analyser la manière dont
Arnolphe tente de faire valoir une posture d’autorité traditionnelle, finalement mise en cause
implicitement par l’ingénuité comique d’Agnès.
Pour composer cette trajectoire comique (du directeur de conscience qui fait autorité au
barbon illusionné par ses propres certitudes), on peut distinguer trois mouvements du texte :
v. 571-579 : grande cohérence formelle du passage, puisqu’il s’agit de stichomythies.
Arnolphe presse Agnès pour qu’elle lui révèle jusqu’où elle est allée avec Horace. Comique
marqué par la jalousie maladive d’Arnolphe et la pudeur craintive d’Agnès. Confession
retardée.
v.580-586 : retour à un vers moins fragmenté. L’annonce du ruban a soulagé Arnolphe, qui
néanmoins veut s’assurer qu’il n’y a rien eu d’autre. Comique consiste dans le topos de la
jeune ingénue qui interprète littéralement des paroles métaphoriques : elle croit devoir
soigner, guérir, au sens littéral, Horace. Il s’agit d’une démonstration d’innocence.
v.587-614 : effort rhétorique d’Arnolphe pour disqualifier Horace, le faire passer pour un
blondin sans intérêt. Invoque l’argument religieux comme argument d’autorité, et menacer
Agnès de péché mortel. Mais cette supériorité professorale, rhétorique, ne l’empêche
finalement pas de s’illusionner au sujet des sentiments d’Agnès à son égard puisque, à la fin
de notre extrait, il pense leur mariage enfin réglé. Ainsi, sa position d’autorité est renversée et
c’est bien lui qui est ridiculisé, et non Agnès qui n’est pas le morceau de cire malléable qu’il
croit.
I-Des vers 571 à 579, Arnolphe passe Agnès à la question à travers un échange de
stichomythies, dont le caractère comique repose sur un quiproquo, révélateur des
caractères des personnages (jalousie et ingénuité).
- « Ne vous a-t-il point pris, Agnès, quelque autre chose ? » : Usage du verbe
« prendre » : syllepse. Dans la bouche d’Agnès (v.569), le verbe avait un sens
physique, concret : prendre quelque chose dans ses mains, en l’occurrence un bras. Le
tenir… or chez Arnolphe on sait que le terme est possiblement polysémique et qu’il
peut revêtir un sens plus abstrait, métaphorique : prendre un pucelage, prendre
l’innocence, prendre l’honnêteté.
> montre bien la vision profondément patriarcale du personnage, qui considère la sexualité
comme un accaparement masculin, une appropriation, une possession, une conquête
(prendre une place, cf. lexique militaire).
« quelque autre chose » : double emploi d’adjectifs indéfinis qui maintiennent à l’état de
flou ce que sous-entend Arnolphe. + « chose », archilexème qui peut désigner une infinité
de choses différentes.
En effet, l’enjeu est pour Arnolphe de savoir si Agnès et Horace ont consommé
charnellement leur relation, tout en restant suffisamment vague pour ne pas
inspirer à Agnès de mauvaises pensées. Il faut donc ménager dans les questions
suffisamment
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