Molière, Le Malade Imaginaire, acte I, scène 2
Commentaire de texte : Molière, Le Malade Imaginaire, acte I, scène 2. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ameliedupuit • 12 Janvier 2024 • Commentaire de texte • 1 923 Mots (8 Pages) • 597 Vues
Le Malade imaginaire, Molière
Parcours : spectacle et comédie
1° Acte I, scène 2
TOINETTE, en entrant dans la chambre.
On y va.
ARGAN
Ah ! Chienne ! Ah carogne... !
TOINETTE, faisant semblant de s'être cogné la tête.
Diantre soit fait de votre impatience, vous pressez si fort les personnes, que je me suis donné un grand coup de la tête contre la carne d'un volet.
ARGAN, en colère.
Ah ! Traîtresse... !
TOINETTE, pour l'interrompre et l'empêcher de crier, se plaint toujours, en disant.
Ha !
ARGAN.
Il y a...
TOINETTE.
Ha !
ARGAN.
Il y a une heure...
TOINETTE.
Ha !
ARGAN.
Tu m'as laissé...
TOINETTE.
Ha !
ARGAN
Tais-toi donc, coquine, que je te querelle.
TOINETTE.
Çamos, ma foi, j'en suis d'avis, après ce que je me suis fait.
ARGAN.
Tu m'as fait égosiller, carogne.
TOINETTE.
Et vous m'avez fait, vous, casser la tête, l'un vaut bien l'autre. Quitte, à quitte, si vous voulez.
ARGAN.
Quoi, coquine...
TOINETTE.
Si vous querellez, je pleurerai.
ARGAN.
Me laisser, traîtresse...
TOINETTE, toujours pour l'interrompre.
Ha !
ARGAN.
Chienne, tu veux...
TOINETTE.
Ha !
ARGAN.
Quoi il faudra encore que je n'aie pas le plaisir de la quereller.
TOINETTE.
Querellez tout votre soûl, je le veux bien.
ARGAN.
Tu m'en empêches, chienne, en m'interrompant à tous coups.
TOINETTE.
Si vous avez le plaisir de quereller, il faut bien que de mon côté, j'aie le plaisir de pleurer ; chacun le sien, ce n'est pas trop. Ha !
ARGAN.
Allons, il faut en passer par là. Ôte-moi ceci, coquine, ôte-moi ceci.
ARGAN se lève de sa chaise.
Mon lavement d'aujourd'hui a-t-il bien opéré ?
TOINETTE.
Votre lavement ?
ARGAN.
Oui. Ai-je bien fait de la bile ?
TOINETTE.
Ma foi ! Je ne me mêle point de ces affaires-là : c'est à Monsieur Fleurant à y mettre le nez, puisqu'il en a le profit.
ARGAN.
Qu'on ait soin de me tenir un bouillon prêt, pour l'autre que je dois tantôt prendre.
TOINETTE.
Ce Monsieur Fleurant-là et ce Monsieur Purgon s'égayent bien sur votre corps ; ils ont en vous une bonne vache à lait ; et je voudrais bien leur demander quel mal vous avez, pour vous faire tant de remèdes.
ARGAN.
Taisez-vous, ignorante, ce n'est pas à vous à contrôler les ordonnances de la médecine. Qu'on me fasse venir ma fille Angélique, j'ai à lui dire quelque chose.
TOINETTE.
La voici qui vient d'elle-même : elle a deviné votre pensée.
Introduction
Molière est un célèbre dramaturge du 17ème siècle qui a inventé avec le musicien Lully la comédie ballet. Ce genre dramatique mêle le chant, la danse et le théâtre. Il a écrit Le Malade imaginaire en 1673, cette pièce de théâtre s’inscrit dans ce nouveau genre. Cette œuvre fait la satire de la médecine et des médecins. Dans la scène 2 de l’acte 1 que je m’apprête à analyser, Argan un hypocondriaque abusé par des médecins appelle sa servante qui arrive un long moment après en se plaignant de l‘impatience de son maître sans le laisser parler. Celui-ci la querelle, ce qui dévoile déjà une partie de son caractère. Mais Argan, à court d’arguments change de sujet.
Lecture
Problématique
De quelle manière Molière parvient à faire de ce passage une scène d’exposition tout en faisant la satire de la médecine.
Mouvement
1er : du début de la scène à « j’ai le plaisir de pleurer : chacun le sien, ce n’est pas trop. Ha ! » qui indique le mode de relation entre le Maître et la servante.
2ème : de « allons il faut en passer par là » jusqu’à la fin de la scène avec un retour au thème de l’hypocondrie qui caractérise Argan l’intrigue fil rouge de la pièce.
Conclusion
L’acte 1 scène 2 du Malade Imaginaire pose les bases de la satire sociale et de la critique de la médecine traditionnelle, quelle place reste-t-il à la science quand des intérêts financiers sont en jeu ? Pour parvenir à cela Molière utilise de nombreux comiques. Cette scène illustre la vision humaniste de Molière, qui prône la raison et l’intelligence comme remèdes aux travers de la société, le théâtre est un instrument de lucidité. A l’image des dialogues entre Argan et Toinette dans cette scène, dans « Le Mariage de Figaro », la stichomythie est utilisée pour accentuer les disputes et les jeux de pouvoir entre les personnages avec finalement un valet plus malin que son maître.
1er mouvement
- La réplique « On y va » permet d’attirer l’attention sur Toinette elle est le deuxième personnage présenté dans cette pièce elle est donc importante, cela suscite l’intérêt du public le « on » est indéfini cela montre que Toinette à une certaine distance avec la servante qu’elle est, elle se considère être plus que cela.
- « Chienne » insulte répétée depuis la première scène ce qui permet une continuité et qui exprime la colère, terme péjoratif pour parler de la femme
- Avec la didascalie « faisant semblant de s’être cogné la tête » Toinette va être obligée de sur-jouer son mal de tête, elle joue donc la comédie dans la comédie. Molière à souvent recourt à ces effets de mise en abyme, où le théâtre s’invite dans le théâtre. En même temps, cette douleur imaginaire est une première moquerie déguisée. On entre progressivement dans le registre satirique : la dénonciation d’un travers humain ou social. « Semblant » = femme pleine de malice, vivacité elle annonce son jeu sur le reste de la pièce
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