Manon Lescaut, (1731), Abbé Prevost
Dissertation : Manon Lescaut, (1731), Abbé Prevost. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar camcamguigui • 7 Juin 2023 • Dissertation • 952 Mots (4 Pages) • 1 147 Vues
Manon Lescaut, (1731), Abbé Prevost
Dissertation
1. La marginalité des personnages, dans Manon Lescaut, crée du romanesque :
Dans Manon Lescaut, la marginalité des personnages leur confère une dimension romanesque, à travers leurs portraits comme leurs actions, que leur marginalité détermine, qu’il s’agisse de personnages en marge de la société, et/ou de la morale.
▪ Des personnages en marge de la société : une jeune fille « de naissance commune » qui fuit le couvent, un jeune homme noble qui fuit « l’Académie » car « enflammé tout d’un coup jusqu’au transport», qui commet un meurtre, des évadés de prison qui se déguisent, des réseaux de tricheurs professionnels et leurs règlements de comptes, des corsaires, les « pauvres habitants » de la Nouvelle Orléans dans « leur misère et leur solitude, à l’affût de l’arrivée des bateaux, ou encore les « sauvages » aussi «barbares » que «des bêtes féroces » et réserves de rebondissements possibles ;
▪ Des personnages en marge de la morale : une courtisane qui ne peut s’empêcher de s’enrichir, des proxénètes dont Lescaut (le frère de Manon, homme de main et « garde du corps », à la fois joueur et mercenaire, qui envisage de prostituer sa sœur et qui s’invite dans le couple pour profiter de tout), des relations amoureuses hors mariage religieux propices aux coups de théâtre venus des institutions ou des familles (enlèvement du fils par le père pour le protéger des passions ; mariage forcé de Manon au fils du Gouverneur en Louisiane).
2. Dans Manon Lescaut, les personnages sont romanesques parce qu’ils jouent des frontières entre la marginalité et la norme :
La marginalité se construit dans une confrontation à la société et l’organise. C’est cette confrontation qui est source du romanesque. Ainsi le roman confronte-t-il les personnages marginaux à ceux qui incarnent la norme sociétale de l’époque et participent eux aussi du romanesque. La norme et la marge sont les deux faces du système romanesque, lui conférant à la fois son attrait et sa dynamique.
▪ Tous les personnages ne sont pas marginaux : les incarnations de la noblesse : le père et le frère de Des Grieux, Le vieux G... M... et son fils..., M. de T..., M. Synnelet... ; les « représentants » de la justice : le gouverneur de Louisiane, les instances judiciaires parisiennes... ; les incarnations du clergé : le Supérieur de Saint-Sulpice, Tiberge, (« mais le Ciel m’avait donné, en même temps, du goût pour la vertu ») l’aumônier en Amérique... ; les personnages qui symbolisent les obligations de la filiation et de la famille...
▪ C’est la mise en scène de la confrontation entre la marge et la norme qui crée le romanesque : la rencontre d’une jeune fille d’extraction modeste et d’un jeune noble ; face à face d’individus : Des Grieux doit « rentrer doucement dans le devoir » pour « mériter l’affection » de son père ; décalage des réactions : «la triste comédie » qui oppose l’exaltation de la passion de Des Grieux au rire causé par la relation de M. de B... à Manon
▪ mise en scène de personnages qui se confrontent à eux-mêmes, aux limites de leurs normes et de leur marge ; Des Grieux apparaît comme un personnage paradoxal, un « contraste perpétuel de bons sentiments et d’actions mauvaises » : attaché à son honneur mais agissant comme un « fripon », un jeune homme d’honneur qui n’assume pas toujours ses actes (cf. le meurtre) tout en le sachant : « un jeune aveugle qui refuse d’être heureux pour se précipiter volontairement dans les dernières infortunes [...] qui prévoit ses malheurs sans vouloir les éviter » (cf. Avis de l’auteur).
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