« Les usines », E. Verhaeren
Commentaire de texte : « Les usines », E. Verhaeren. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Acelya mhr • 18 Juin 2023 • Commentaire de texte • 1 414 Mots (6 Pages) • 288 Vues
Séance 7 Oral n°20 « Les usines », E. Verhaeren
Introduction
Dès le début du XIXè s., les artistes, quel que soit leur moyen d’expression, ont ressenti le besoin
de décrire leur temps de la façon la plus juste possible, sans en omettre le moindre détail. En 1830,
Stendhal écrivit que le roman devait devenir un « miroir » de la « fange » et des « bourbiers » de la
Restauration ; en 1857, Flaubert montra avec sa Madame Bovary ce que pouvait être, sans
mensonge, la vie d’une jeune femme en province ; entre 1870 et 1893, Zola décrivit très
précisément, avec force documentations, ce qu’était réellement alors la vie des plus démunis, les
mineurs de Germinal, les ouvriers de l’Assommoir, les cheminots de la Bête Humaine, ... Ce vaste
mouvement réaliste a touché également la poésie.
En France, des poètes comme Baudelaire ou Rimbaud, font entrer le paysage urbain et ses
personnages interlopes dans leurs sonnets. En Belgique, Emile Verhaeren est allé plus loin et a
tenté d’appliquer les principes naturalistes à la poésie. Suivant les préceptes d’Emile Zola, qu’il
admirait, il a voulu en effet utiliser les moyens propres à la poésie, qui joue sur l’esthétique des mots
pour évoquer des idées, pour faire une peinture exacte, scientifique, des milieux les plus pauvres
et en particulier des villes et de leurs friches industrielles. Dans Les Villes tentaculaires, par
exemple, en 1895, il écrit un long poème sur « Les usines » : il utilise alors une forme irrégulière,
faite de strophes aléatoires, hétérométriques, où les alexandrins et les octosyllabes dominent, à
rimes plates ou embrassées, parfois très approximatives, pour décrire ces bâtiments destinés à la
fabrication d’objets, vraisemblablement métalliques.
Lecture
Projet de lecture : en quoi cette description réaliste des quartiers industrielles est-elle
inquiétante ?
Mouvement du texte
Strophes 1-3 La description des usines
Strophe 4 : l’évocation de la place de l’humanité dans ces quartiers industriels
Proposition d’interprétation de la forme
Poème en vers libres : v. 1 14 syllabes, alexandrins, octosyllabes, décasyllabes, tétrasyllabe (v. 13),
hexasyllabe (v. 16)
Strophes : septain, sizain, quatrain, quintil
Ce n’est pas une forme traditionnelle > adaptée au thème moderne de la description d’un quartier
industriel.
Autres hypothèses sur la forme : désordre qui évoquerait le désordre provoqué par
l’industrialisation, calligramme.
Strophes 1-3 La description des usines
Il s’agit d’une description généralisante, il pourrait s’agir de n’importe quelle ville industrielle > pluriel,
pas d’indication de lieu.
➢ Champ lexical de l’architecture et de la ville : « fenêtres », « canal » ; « quais »,
« faubourgs », « usines », « fabriques », « briques », « murs », « banlieues » ; « toits »,
« paratonnerres », « cheminées »
➢ Description qui rappelle les caractéristiques du naturalisme : recherche de documentation
- vocabulaire scientifique et technique v.1 « les yeux cassés de leurs fenêtres » - v.2 « l’eau
de poix / et de salpêtre », qui riment ensemble - v.8 « granit… briques ».
- Références à la technologie moderne récente de la sidérurgie (production d’acier ou de
fonte à partir de minerais de fer dans de hauts fourneaux) : « briques » (v.8) réfractaires
pour préchauffer les gaz de combustion, très hautes « cheminées » (v.13), l’élément
essentiel dans le processus de fonte de l’acier, est d’ailleurs mis en valeur par un vers
irrégulier, de quatre syllabes (un tétrasyllabe), en fin de strophe. Pour affiner la fonte en
fusion, il faut ajouter une terre oxydante, comme le « salpêtre » v. 2.
- La chaleur nécessaire est telle (350°C) que les fours ne sont pas éteints et que les usines
produisent donc de « jour » comme de « nuit » : « Ronflent le jour, / la nuit, » v.16. Le
poète insiste également sur le bruit que font les ouvriers, qui doivent pilonner le métal
pour le débarrasser de ses « scories » v.21 : ce bruit est personnifié par des « ronflements
», évoqués v.7 et 16, et par harmonie imitative, avec par exemple des allitérations en [k]
et [p] : « …avec … cassés …poix …salpêtre… canal … marquant … quais… Par …pleurs
… fabriques »
- Enfin, la présence d’un « canal » (v.3) et de « quais » (v.4) rappellent que les produits de
la fonte sont ensuite acheminés dans d’autres usines ou dans des commerces par
bateaux ou par trains de marchandises, moyens de transport très récents
...