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Les Pâques à New York , Blaise Cendrars , du monde entier, 1912

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Par   •  12 Juin 2023  •  Cours  •  2 155 Mots (9 Pages)  •  173 Vues

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Les Pâques à New York   , Blaise Cendrars , du monde entier, 1912

Ce poème présente un voyage nocturne, spirituel et réel, du poète dans New York pendant la célébration de la Passion du Christ. Le « je » du poète s'adresse directement à Jésus. Les principales thématiques sont le rapport entre le poète et le Seigneur, la vision de la ville moderne de New York, la réécriture de la Passion, la condition des émigrants. La structure suit un mouvement de descente aux enfers du poète, d'une lecture d'un évangile à la maladie du poète  , souffrant et seul dans une chambre où il se sent triste et abandonné de Dieu. Ces thèmes de la religion et de la ville , où déambule   le poète,  sont  à rapprocher d’Apollinaire et plus particulièrement du poème ZONE .

Problématique : Comment le poète confronte-t-il le Seigneur à la réalité, parfois violente et crue, de la vie urbaine moderne ? Comment New York est-elle décrite, perçue par l'auteur ?  

Premier mouvement, Vers 1 à 6 :  Le poète apostrophe  le Christ   et lui adresse une prière , en ce jour  de Pâques

  • Ouverture par une apostrophe qui va rythmer en anaphores tout le poème pour lui donner un aspect de prière « Seigneur »
  • Repères temporels : c’est    le dimanche de Pâques, comme les périphrases l’indiquent

              « Le jour de votre nom » = dimanche  

               « La geste de votre Passion » = récit du dernier jour du Christ, des souffrances       endurées par le Christ avant sa crucifixion .

               La mention de l’adv de temps « aujourd’hui » permet de situer l’écriture du poème comme   contemporaine de ce jour de Pâques.

  • La référence à la Bible et à l’Evangile est présente dans la périphrase « un vieux livre »    mentionné d’abord de façon indéfinie par l’article indéfini « un » puis  au vers 4  par l’article défini « le vieux livre » . Le poète se remémore, par la mention de ce livre les paroles du Christ lues dans l’Evangile   «  vos bonnes paroles » ainsi que la souffrance endurée avant sa mort . L’accumulation des groupes coordonnés par « et » au vers 3 « Et votre angoisse et vos efforts et vos bonnes paroles »  crée un effet d’insistance et renforce   l’idée de pénibilité  et de souffrance lors du chemin de croix.
  • Les mots « pleurent », « monotones », appliqués aux paroles du Christ soulignent le pathétique de la Passion du Christ

      -      La présence du « vieux moine » d’un « vieux temps » qui semble « parler » au poète   insiste sur le message ancien et universel contenu dans les Ecritures : le récit de la Passion du Christ a été laborieusement transmis par des moines qui recopiaient les textes sacrés en lettres d’or (allusion probable aux enluminures présentes dans les textes sacrés)

   Deuxième mouvement Vers 7 à 16 :  le poète confronte les promesses de l’Evangile, le message du Christ à la réalité de la misère humaine, à New York.

  • La supplique se poursuit par le retour en anaphore de l’apostrophe « Seigneur ». Le poète se rappelle ici que le Christ s’est sacrifié pour les Hommes « la foule des Pauvres pour qui vous fîtes le  sacrifice » . Mais ce que voit le poète de l’humanité à New York n’est que désespérance :
  •  Les pauvres sont nombreux et indifférenciés dans une « foule » mais en plus  ,animalisés par une comparaison, qui les assimile à du bétail, la foule est « parquée, tassée dans les hospices »
  •  Les vers 9 et 10 expliquent la provenance de cette foule de miséreux : il s’agit des émigrants déversés par des « bateaux noirs » sur les pontons. Le vers 11 énumère les origines de ces émigrants  (Italiens , Grecs, Espagnols, Russes, Bulgares etc. …) rappelant ainsi que New York est une ville cosmopolite, qui a attiré en ce début de XXème siècle toute une population de voyageurs portée par le rêve américain. Mais les vers 13 et 14 brisent le rêve : cette population, est maltraitée, réduite à la condition d’animaux dont on se joue,  comme les métaphores l’indiquent  « bêtes de cirque qui sautent les méridiens »   La misère de leur ration  «  un morceau de viande noire »   jeté par un « on » anonyme et inquiétant insiste sur une politique migratoire peu respectueuse de l’humain.
  • Les vers 15 et 16   soulignent la misère d’une condition qui réduit  les espérances  de « bonheur »  à une « sale pitance ». L’antithèse  qui oppose la notion de   « bonheur » ( mot abstrait et positif )  à la  « Sale pitance » ( mot concret et péjoratif) crée un choc chez le lecteur  à qui on laisse entendre que cette population est affamée . Le poète finit par exprimer son émotion «  Seigneur ayez pitié des peuples en souffrance » en intensifiant sa prière  et nous associe à  sa peine par la formule qui invite à la compassion « ayez pitié » .

  Troisième mouvement Vers 17 à 28   : Le poète  présente une vision apocalyptique de New York :  la modernité  semble avoir étouffé tout souffle spirituel

  •  Le poète au vers 17 « J’aurais voulu, Seigneur entrer dans une église », exprime son regret d’une religion que ne semble plus éclairer les hommes. L’absence d’églises et de cloches désigne métaphoriquement l’absence de repères spirituels. Les vers 19 et 20 « Je pense aux cloches tues   -où sont les cloches anciennes ? » sont empreints d’une douloureuse nostalgie , accentuée par la formulation interrogative en anaphore « Où sont … ? Où sont … »  Litanies (= prières)  et antiennes (refrains chantés)   font partie d’un passé  heureux mais révolu   : la paronymie « ancienne », « antienne »   permet une rime très riche, qui amplifie la musicalité .

 Pour la seconde fois le poète emploie le registre de la douceur «  douces antiennes »  , ce qui nous renvoie   aux « paroles doucement monotones » du vers 4   . Le poète semble regretter la douceur d’un monde passé, une harmonie faite de paroles et chants réconfortants. Ce qu’il entend et voit à New York est tout le contraire .

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