Les Misérables un roman réaliste sur les classes populaires ou bien plutôt un texte visionnaire où les personnages sont de vrais héros et où les enjeux sont moraux et symboliques plus que sociaux?
Dissertation : Les Misérables un roman réaliste sur les classes populaires ou bien plutôt un texte visionnaire où les personnages sont de vrais héros et où les enjeux sont moraux et symboliques plus que sociaux?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bigmd • 2 Janvier 2025 • Dissertation • 3 648 Mots (15 Pages) • 41 Vues
INTRODUCTION
"Les Misérables", l'un des romans les plus célèbres et lus au monde, représente l'œuvre de toute une vie pour Victor Hugo. Il a consacré 17 ans de sa vie à cet ouvrage, y mettant toute son âme. Commencé en 1845 sous le titre initial de "Les Misères", Hugo a travaillé avec frénésie pendant trois ans jusqu'à ce que la Révolution de 1848 l'interrompe, le détournant vers la politique. Ce n'est qu'en 1860 qu'il reprend l'écriture de son livre, après les événements qui l'ont poussé à l'exil, et l'ont mûri. Durant cette période, il révise presque entièrement son manuscrit, lui donnant le titre définitif de "Les Misérables" et doublant presque sa taille initiale pour créer cette œuvre monumentale. L’ambition de Hugo avec Les Misérables est considérable et il pose les enjeux de son livre en une seule phrase sans sa préface. « […] tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. »
Dès sa parution en 1862, les lecteurs s’arrachent le livre, il connait un grand succès populaire. Cependant de nombreux auteurs expriment leur déception et jugent le roman trop peu réaliste : « Je ne trouve dans ce livre ni vérité, ni grandeur. » -Flaubert « Le manque d’observation éclate et blesse partout. » - Goncourt
Nous nous demanderons donc si Les Misérables est un roman réaliste sur les classes populaires ou bien plutôt un texte visionnaire où les personnages sont de vrais héros et où les enjeux sont moraux et symboliques plus que sociaux ? Dans un premier temps nous allons voir en quoi les misérables est un roman réaliste et social puis nous verrons qu’il y a néanmoins des aspects surréalistes, pour enfin voir les misérables comme un roman éducatif, qui transcende les frontières littéraires traditionnelles pour devenir une épopée du Bien contre le Mal.
En effet, Les misérables est un roman réaliste et social, Hugo dépeint de manière fidèle l’ensemble de la société française du 19e siècle et ancre bien le récit dans la réalité avec des longues digressions historiques et des lieux auxquels nous pouvons nous rattacher. Ces derbieres, notamment, participent grandement au réalisme de l’œuvre qui vient donc s’inscrire dans l’histoire de son temps. Tout le récit est encré dans une échelle chronologique bien réelle, il nous fournit des dates qui sont proportionnelles par rapport à la vie des personnages et qui collent avec des évènements historiques en lien avec le récit. Nous allons bien évidemment parler de la très longue digression sur la bataille de Waterloo. Pour cette analepse, il s’était longuement rendu sur le champ de bataille pour l’explorer, méditer, dessiner les lieux avec une grande précision. Nous ressentons l’importance pour Hugo de cet élément historique absolument partout à commencer par sa longueur, dix-huit chapitres, un livre entier des Misérables, sans aucun rapport apparent avec ce qui précède, uniquement consacré à cette bataille. Par ailleurs cette bataille est présente dans le récit. C’est une partie tellement importante pour lui que Hugo dit à son fils François-Victor : « J’ai fini les Misérables sur le champ de bataille de Waterloo et dans le mois de Waterloo aujourd’hui 30 juin 1861 à 8h ½ du matin. ». Mais ce n’est pas la seule digression historique qu’il fait, nous pouvons également citer les 8 chapitres pour le couvent du Petit Picpus. Mais encore « L’année 1817 » qui compte d’innombrables digressions secondaires, Hugo a dans celle-ci poussé très loin son souci de vérité historique, a tel point que ces détails désormais oubliés sont incompréhensible pour aujourd’hui.
Nous pouvons dans un second temps souligner le réalisme dont Hugo fait preuve en décrivant toutes les classes sociales. Des plus basses aux plus hautes. Hugo, dépeint la réalité d’un bagnard : les fers, le dortoir, les matraques des matons, le tirage au sort des tentatives d’évasion., Hugo s’attarde, décrit le quotidien de la classe ouvrière et montre ce que peut être la vie pour les plus pauvres à travers de nombreux exemples. A commencer par Valjean qui naît dans une famille de paysans pauvres. Son père, émondeur, meurt en tombant d'un arbre. Sa sœur est veuve, avec sept enfants. Valjean doit subvenir au besoin de tous. Hugo montre que ces métiers pénibles, dangereux donnent à peine de quoi subsister. Fantine est bien évidement un autre exemple à travers lequel Hugo décrit les dures conditions de vies des classes les plus basses : après s’être fait licencier de l’atelier où elle travaillait parce qu’elle avait un enfant illégitime, elle apprend « l’art de vivre dans la misère » (p.266), elle passe de « vivre de peu à vivre de rien ». Hugo décrit cet art, décrit comment les heures de travail s’accumulent empiétant sur le sommeil, comment les maladies s’installent et ne peuvent être soignées, comment les ouvrières travaillent au rabais et comment les hivers sont difficiles. Hugo décrit également les classes les plus hautes à travers le sénateur qui est censé représenter « l’élite de la société ». Ce sénateur nous présente sa philosophie lors d’un repas avec l’évêque de Dignes. C'est un être content de lui, repus, ne voyant dans la religion qu'un moyen de soumettre les classes populaires. Ce sénateur représente l’individualisme et le matérialisme caractéristique de cette élite dominante. Les étudiants, issus de cette classe bourgeoise, ne sont "bohêmes " que le temps de leurs études. Ensuite ils rentrent dans le rang. Hugo les décrit tellement précisément que l'on pourrait les dessiner : "son (il s'agit de Tholomyes)ornement principal était un pantalon jambes d'éléphant"… Victor, un étudiant parisien d’une trentaine d’années vit de sa rente, il est joyeux, frivole et égoïste. Tholomyès incarne l'irresponsabilité et l'insouciance de la classe aisée envers les conséquences de ses actions sur les vies des autres. Après avoir séduit Fantine, il l'abandonne brutalement lorsqu'elle lui annonce sa grossesse, c’est cet abandon qui entraine la chute de Fantine dans la misère. Le réalisme dont Hugo fait preuve dans les misérables va jusqu’à décrire le langage des individus dans chaque classe sociale. Il représente l’argot avec le personnage de Chenildieu, ancien bagnard : « Pardine ! si je le reconnais ! nous avons été cinq ans attachés à la même chaine. Tu boudes donc, mon vieux ? ». il transcris aussi des usages populaires plus rependus et connus comme faire utiliser la construction du complément d’attribution avec « à » par exemple par Fauchelevent : « c’est la faute au père Mestienne ».
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