La rencontre entre Des Grieux et Manon Lescaut

ANALYSE LINEAIRE 1 La rencontre entre Des Grieux et Manon Lescaut

De « Elle me parut si charmante… qui ne pouvait être d’un grand secours ni pour elle ni pour moi »

[pic 1]

P1 / L’abbé Antoine François Prévost d'Exiles, dit l'abbé Prévost, né le 1er avril 1697 à Hesdin (France) et décédé le 25 novembre 1763 à Courteuil (France), est un romancier, historien, journaliste, traducteur et homme d'Église français. L’œuvre s’inscrit à la fois dans un récit d’aventures romanesques et d’apprentissage dont le registre est tiraillé entre le tragique et le comique, la moralité et l’immoralité. On pourrait dire aussi que le mouvement littéraire n’est pas très défini il oscille entre le classicisme (pour la condamnation des passions et le tragique), le romantisme pour l’exaltation des sentiments et le mouvement des Lumières pour l’aspect didactique de l’apprentissage, comment la raison rattrape les emportements de la passion.) Le texte, est L’Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut fait partie d’un ensemble plus vaste, Mémoires et aventures d’un homme de qualité. Des Grieux raconte comment la rencontre de Manon Lescaut a brisé son existence. Alors qu’il se destinait à devenir prêtre, un coup de foudre lui fait renoncer à tout : honneur, fortune, rang social. Pour elle, il va désobéir à son père, renier ses amis et connaître une totale déchéance. Manon est déportée en Louisiane pour ses mauvaises mœurs. Des Grieux va la suivre dans le Nouveau Monde… Ce roman est jugé immoral et frappé par la censure. Les deux jeunes héros, dont la passion amoureuse enfreint toutes les conventions et ruine leurs vies, apparaissent comme les victimes d’une société corrompue.

Situation du passage : Le Chevalier Des Grieux a rencontré deux ans auparavant un certain Renoncour. Ce dernier lui était venu en aide alors qu’il souhaitait s’embarquer pour l’Amérique pour suivre sa maîtresse. Les deux hommes se retrouve par hasard à Calais. Des Grieux raconte alors à son bienfaiteur les mésaventures qui l’ont conduit dans l’état misérable où il est, en commençant pas sa première rencontre avec Manon.

P2 / Nous verrons donc quelle est l’originalité de cette première rencontre

P3 / 1) l 1 à 6 Un coup de foudre au lyrisme retenu 2) L 7 à 31  Un début de récit annonciateur d’une fin malheureuse 3) L 32 à 38 Un pacte à la vie à la mort

1)L 1 à 6 Un coup de foudre au lyrisme retenu.

a) L 1 à 4 Un coup de foudre définit par la négative la soudaineté : A l’hyperbole « si charmante » répond une série de négations : « que moi qui n’avais jamais pensé à la différence des sexes » l 1/2 « ni regardé une fille » Le charme, l’envoûtement qui opère le prend au dépourvu. Après la négative, c’est l’affirmative qui prend le relais : «moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue ». Le tout crée une antithèse qui préside à la métaphore du feu : l 3 « je me trouvai enflammé » ; la soudaineté est marquée par l’expression « tout d’un coup » et cette inflammation le « transporte » l 4 : C’est-à-dire qu’elle lui donne la force de ce qu’il ne faisait pas habituellement. L’expression des sentiments intimes par ce jeu d’antithèse se trouve diminuée. La force du coup de foudre vient du fait que notre héros est vraiment pris au dépourvu quant à son tempérament modéré (sagesse/retenue) et la soudaineté de la chose.

b) L 4 à 6  Un coup de foudre révélateur de personnalité

La fin du paragraphe est construit sur autre antithèse : « loin d’être arrêté » l 5 s’oppose à l 6 « je m’avançai vers » ; l’opposition s’établit entre son comportement qui nous est décrit comme peu intéressé par les filles l 2 ; sage et tout en « retenue » l3 ; très « timide » et « facile à déconcerter » l5 et la force de « l’amour » qui a sublimé ce caractère timoré : « Je m’avançai vers la maîtresse de mon cœur » l 6 Le portrait de Manon n’est qu’à peine évoqué. Si ce n’est pas le « charme » qu’elle diffuse et de ce fait « envoûte » Des Grieux.

Conclusion partielle : La rencontre amoureuse et le coup de foudre sont des topoï en littérature, ils sont des moments révélateurs clés pour le récit. Ici c’est l’élément déclencheur de l’histoire et révélateur pour le héros qui malgré sa timidité se transcende et se montre audacieux. Nous avons ici la naissance de la passion traduite par les termes « enflammé » et « transport » = extase qui s’oppose à « sagesse » et « retenue ».

2)  L 7 à 31 Un début de récit annonciateur d’une fin malheureuse (tragique) : est-ce que le suspense (registre dramatique) en sera diminué ?

a)Le premier obstacle sur la route du héros  (7 à 12) : le désir des parents de mettre Manon au couvent : « elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse. » l 10

Toutefois, « l’amour » l 11 on remarquera la personnification le rend plus fort : « me rendait déjà si éclairé » l 12 et il est désigné comme la force qui va transcender le héros pour accomplir ses « desseins » et ses « désirs » l 12 ; d’ailleurs il n’hésite pas à « lui faire comprendre (ses) sentiments » l 13

b)Un récit  qui annonce une fin malheureuse : le tragique (12 à 16)

Le héros bien qu’il nous ait dit que Manon était plus jeune que lui, il sait qu’elle « était bien plus expérimentée que (lui) » l 14 ; mais il connaît également les raisons qui ont décidés les parents de Manon à la mettre au couvent : elle a un « penchant au plaisir » l 15 un euphémisme sans doute, car ce « penchant au plaisir » va « causer » les malheurs de Manon et ceux du chevalier Des Grieux.

La fin de cette histoire est annoncée dès le début du récit comme dans les tragédies antiques, on sait qu’Antigone va mourir ou même Œdipe, le destin est déjà scellé dans les présages divins. Et comme dans les tragédies on assiste au dérèglement des passions. Comme nous avons pu le constater, la naissance de l’amour pour Manon va donner une audace incroyable à Des Grieux.

...