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Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde

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Par   •  22 Juin 2023  •  Commentaire de texte  •  1 505 Mots (7 Pages)  •  159 Vues

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LE PROLOGUE

Introduction

Jean-Luc Lagarce est un dramaturge, écrivain contemporain auteur de la pièce Juste la fin du monde écrite en 1990, deux ans après avoir appris qu’il était atteint du sida et condamné. Il décédera à l’âge de 38 ans.

Cette pièce est un huis-clos formé de cinq personnages, la mère, Louis, sa sœur Suzanne, son frère Antoine et sa femme Catherine, la scène se passe dans la maison de la mère, un dimanche. Louis, personnage principal revient dans sa famille après 12 ans d’absence pour annoncer sa mort prochaine, il est malade du sida. L’allusion autobiographique se double d’une référence tragique car rien ne se dit facilement dans le cercle familial, la parole se cherche, se perd pour finalement ne révéler que les crises.

Cette pièce composée de deux parties s’ouvre sur un prologue telles les tragédies grecques de Sophocle. Ce prologue est une tirade en une seule phrase avec une forme atypique avec des retours à la ligne. Il ressemble à un poème en vers libres.

Problématiques possibles :

En quoi ce prologue annonciateur d’un destin fait-il basculer l’intrigue théâtrale aux enjeux de la parole ?

Quelle est la finalité de ce prologue ?

Mouvements :

Mouvement 1 : « De plus tard… je mourrai » lignes 1 à 3. L’annonce tragique de la mort du héros

Mouvement 2 : «L’année d’après… survivre » lignes 4 à 15. L’immobilité funeste. Le langage prend le pas sur l’action

Mouvement 3 : « Malgré tout… mort prochaine et irrémédiable » lignes 16 à 27. Basculement vers la parole

Mouvement 4 : « L’annoncer moi-même » à la fin. Rester maître de son destin

Mouvement 1 : « De plus tard… je mourrai » lignes 1 à 3. L’annonce tragique de la mort du héros

Ce premier mouvement s’ouvre sur une voix qui fait parler un mort, une prosopopée à l’aide d’adverbes révélant des indications temporelles « plus tard », « l’année d’après », « l’année d’après, /- j’allais mourir à mon tour –« Il s’agit d’une prolepse, les faits évoqués sont ceux qui se produiront bientôt rappelant ainsi la tragédie grecque avec le chœur annonçant les évènements à venir. Ici, c’est sa propre mort qu’annonce Louis et pourtant, il parle comme s’il était déjà mort, cette idée est soulignée par le futur proche « je vais mourir » transposée dans le passé « j’allais mourir ». Le présent est ensuite rattrapé par le futur, « j’ai près de 34 ans maintenant et c’est à cet âge que je mourrai ». La répétition du verbe mourir appartient au registre tragique. Les temps verbaux de ce premier mouvement créé une certaine confusion, nous avons de l’imparfait, « j’allais », signe d’une époque passée, du présent « j’ai », évocateur de l’immédiateté de l’action puis du futur « je mourrai » suggérant l’avenir sombre du personnage. La temporalité est floue accentuant ainsi l’attente de la mort. La récurrence du vers de 4 syllabes « l’année d’après en anaphore dans la tirade est évocatrice du destin. La fatalité domine, la maladie est là et Louis est déjà condamné. Il ne peut pas ne pas mourir. La ponctuation est particulière, les virgules sont nombreuses et les tirets donnent un rythme haché. A la fin de ce premier mouvement, le lecteur reste sur l’impression étrange de ce personnage qui se dévoile comme un spectre à travers lequel Jean-Luc Lagarce recréé le cycle de la vie par l’usage des temps passés, futurs et présents.

Mouvement 2 : «L’année d’après… survivre » lignes 4 à 15. L’immobilité funeste. Le langage prend le pas sur l’action

Mouvement 2 :

Le deuxième mouvement reprend l’expression « l’année d’après » comme un refrain lancinant du memento mori (souviens-toi que tu vas mourir) traduisant l’obsession de la mort imminente. Face à cette annonce, Louis est gagné par l’immobilité « j’attendais », « ne rien faire », « à peine », « imperceptible ». Le champ lexical de la négation domine « ne rien faire », « à tricher », « ne plus savoir », « sans espoir jamais ». L’anaphore « l’année d’après » crée une rupture syntaxique dans la tirade, les phrases se transforment en anacoluthe faisant ainsi écho à une difficulté de dire. La maladie et la mort rendent la parole difficile, voire inefficace. Elle est empêchée.

L’anaphore « de nombreux mois déjà que j’attendais »

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