Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde
Commentaire de texte : Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lisa Faure • 5 Juin 2023 • Commentaire de texte • 2 722 Mots (11 Pages) • 212 Vues
Texte bac 18 - JLFDM Prologue
Introduction:
La pièce de théâtre "Juste la fin du monde" de Jean Luc Lagarce fait partie de l'objet d'étude le théâtre du XVII au XXIe siècle. Le parcours associé est "Crise personnelle, Crise familiale". Jean Luc Lagarce est un auteur contemporain, on perçoit dans son œuvre l'influence du théâtre de l'absurde (à expliquer !!) . En 1988, il apprend qu'il est atteint du sida et se sait condamné. En 1990, il part a Berlin pour écrire "Juste la fin du monde". Malgré sa mort prématurée en 1995, à l'âge de 38 ans, Jean Luc Lagarce laisse derrière lui plusieurs dizaines de pièces qui rencontreront un succès posthume. "Juste la fin du monde" raconte l'histoire d'un écrivain de retour dans sa famille après 12 ans d'absence, pour annoncer sa mort prochaine due à la maladie. (expliquer que Louis est un double de JLL !!) Il est accueilli par tous les membres de sa famille. Hélas, il repartira de la maison familiale sans l'avoir révélée. Dans cet extrait, qui est le prologue, hérité de la poésie antique, Louis personnage principal est le seul à parler. D'une façon tragique, c'est sa propre mort que Louis annonce. En quoi ce prologue ,à la fois héritier d'une tradition antique et résolument contemporain, est-il caractéristique d'une tragédie modernisée et renouvelée ? Nous étudierons dans une première partie l'annonce de la tragédie à venir, puis dans une seconde partie le portrait moral du protagoniste tragique.
I. Annonce de la tragédie à venir (vers 1 à 17). Enzo, Mathys, Gabin, Maxence
tout le début du prologue est encadré par l'antépiphore "l'année d'après" qui est reprise par des anaphores.
-L1 "Plus tard, l'année d'après" -> début CL tps + CC de tps précisent le temps qu'il reste à Louis de vivre. Surprenant : le début de la pièce s'ouvre sur le futur.
-L2 "- j'allais mourir " -> "allais" -> vb imparfait + début CL mort ("mourir") = brouillage des repères temporels car on attendrait plutôt un verbe au futur -> où et quand Louis est-il ? Début d'une pièce de théâtre = 'in medias res' (on rentre dans le vif du sujet) mais ici s'ajoute un effet de surprise : fatalité de sa mort -> tragédie
Ici, dans cette pièce contemporaine, le prologue est inspiré de la tragédie grecque, où le chœur venait présenter personnages et intrigue mais aussi annoncer le dénouement => compassion du lecteur / spectateur pour Louis.
"à mon tour" (imprécis, non dit) C'est au tour de Louis de mourir, mais il ne nous dit pas qui est déjà mort. Grâce à la biographie de JLL et à sa pièce postérieure Le pays lointain, on sait qu'il va mourir après son amoureux. Peut être aussi que la mort de son père plusieurs années auparavant l'a affecté.
-L3 "j'ai près de trente-quatre ans maintenant et c'est à cet âge que je mourrai" -> "maintenant" CL tps + "trente-quatre ans", "cet âge" -> épanorthose + vb futur simple "mourrai" -> Encore brouillage temporel : Louis alterne entre passé et futur. Très jeune âge qu'aura Louis à sa mort -> Sentiment d'injustice + polyptote : "mourir"/ "mourrai" --> cri du cœur. Opposition entre "maintenant" et "plus tard" (L1) : distorsion temporel, relativité du temps : il ne lui reste plus bcp à vivre.
-L4 "l'année d''après" -> anaphore -> Louis ressasse la date de sa future mort, plus proche qu'on ne le croit, qui l'affecte au plus profond
-L5 et 6 " de nombreux mois déjà que j'attendais" -> épanorthose -> Cela fait de nombreux mois qu'il se sait condamné : agonie, il ne peut plus rien faire contre sa maladie -> appréhension, angoisse -> Fatalité moderne (ici, imposée non par les Dieux mais par la maladie -> Louis = double de JLL : SIDA (maladie et sujet tabou dans les années 90 qui touche surtout la communauté homosexuelle) -> Dans un 1er temps, Louis subit son destin. se laisse mourir : "j'attendais" x2 = début chap lexical de l'immobilisme.
-"à ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir" = parallélisme avec préposition + 2 nég° + vb infinitif -> épanorthose -> Louis, impuissant face à son terrible destin, il se laisse donc mourir -> Inactivité physique et comportementale ("ne rien faire"), sociale et morale ("à tricher"), intellectuelle et cognitive ("ne plus savoir").
-L6 "d'en avoir fini" = euphémisme : il attendait la mort. => période de dépression où il s'est laissé mourir.
-L7 "l'année d'après" -> anaphore -> il se répète cette échéance, il ressasse (compte à rebours)
Puis, après une période d'apathie, il s'est "repris en main" lentement, doucement, de façon progressive -> Détermination/ élan d'espoir de la part de Louis.
-L8 "comme on ose bouger parfois" -> "on" pronom personnel indéfini : généralité, comportement humain - Début CL mouvement "bouger" + comparaison ("comme") + début d'une métaphore filée d'une réaction physique timide face au danger + "oser" = volonté timide + "bouger" + "parfois" = CC tps -> il avait peur du moindre geste qu'il faisait, d'accélérer le processus, la progression de la maladie
-L9 "à peine", "imperceptiblement", "sans vouloir faire du bruit" = CC Manière du verbe "bouger" -> Il retourne dans l'action et le mouvement mais comme au ralenti, avec des précautions dues à la maladie, qui a donc changé sa vie, son quotidien.
-L10, 11 "devant un danger extrême", "un geste trop violent", "qui réveillerait l'ennemi" -> suite métaphore filée commencée L8 + CL dangerosité, péril + "danger extrême" = hyperbole -> il a peur de souffrir de nouveau à cause de la maladie = épée de Damoclès -> comportement que l'ê humain adopte lorsqu'il se trouve en danger par instinct de survie + allégorie de la maladie ("l'Ennemi") - -> Cf Baudelaire chez qui Ennemi = Temps (il reste peu de temps à Louis avant de mourir : lien maladie / temps)
-L11 "et vous détruirait aussitôt" -> vb conditionnel présent + "aussitôt" = cc tps (immédiateté) + hyperbole "détruire" + fin de la métaphore filée -> l'hyperbolisation des capacités à tuer de "l'ennemi" dévoile la peur de Louis face à sa maladie
-L13 "malgré tout" -> locution adverbiale, connecteur logique d'opposition -> malgré les "dangers" cités plus tôt par Louis, il prend le risque de continuer sa progression dans le mouvement
-L14 "la peur" : aveu de faiblesse -> isolé dans un vers, ce GN décrit l'état d'esprit de Louis à l'idée de mourir mais peut-être aussi de retrouver sa famille, qu'il a laissée des années avant, à la mort de son père.
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