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Gargantua, François Rabelais, l’invention du torche-cul (1534) : Comment le dialogue mêle-t-il comique et réflexion sur le savoir ?

Dissertation : Gargantua, François Rabelais, l’invention du torche-cul (1534) : Comment le dialogue mêle-t-il comique et réflexion sur le savoir ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Mai 2023  •  Dissertation  •  1 647 Mots (7 Pages)  •  618 Vues

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E.L n°16 : Gargantua, François Rabelais, l’invention du torche-cul (1534)

Intro :

Né certainement en 1483, moine puis médecin réputé, Rabelais a de nombreux déplacements et plusieurs séjours en Italie. C’est un érudit passionné de culture antique. Il est notamment connu pour Pentagruel en 1532 et Gargantua en 1534 qui ont été censurés par la Sorbonne et critiqués par les autres philosophes. Ces œuvres sont satiriques et comiques mais derrière l’exubérance et le rire de ces ouvres se cache une réflexion humaniste de l’homme.

Cet épisode se déroule au début du roman, pendant l'enfance de Gargantua. Ce dernier mène une vie paisible et débridée au milieu de ses parents et de ses nourrices, sans contraintes et sans véritable éducation. Malgré tout, lors de certaines occasions, il fait déjà preuve de malice et d'une grande intelligence. C'était déjà le cas dans le chapitre précédent, celui des chevaux factices. Ici, il va faire montre à son père de l'étendue de son esprit, dans une démonstration d'une grande efficacité sur un sujet assez inattendu. Au début du chapitre, l'enfant relate ses expériences pour être plus propre et trouver le meilleur torche-cul. Après une digression dans laquelle il fait preuve d' »esprit », Grandgousier l'encourage à terminer sa démonstration.

Comment le dialogue mêle-t-il comique et réflexion sur le savoir ?

Mouvement 1 : un raisonnement logique

Mouvement 2 : le recours à l'expérience

Mouvement 3 : les conclusions de Gargantua

Procédés :

- un raisonnement logique

« — Il n'est pas besoin, dit Gargantua, de se torcher le cul sauf s'il est sale. La saleté ne peut s'y trouver si on n'a pas chié. II faut donc chier avant de se torcher le cul. »

G commence son propos par un syllogisme, modèle du raisonnement mathématique et philosophique. La déduction se fait en trois étapes : l'enfant présente d'abord les prémisses et poursuit par la conclusion. Le comique naît ici du décalage entre le sérieux et la rigueur du raisonnement et la trivialité du sujet scatologique, renforcée par la grossièreté du langage (« torcehr le cul », et « chier » répétés), ainsi que la vérité découverte, qui relève de l'évidence.

« — Oh, dit Grandgousier, que tu as de l'esprit mon petit garçonnet. Par Dieu, je te ferai rapidement passer docteur en gaie science , car tu as plus d'intelligence que d'âge. Mais pour suis donc ce propos torche-culatif, je te prie. Et, par ma barbe, pour un tonneau tu auras soixante fûts, je veux dire de ce bon vin breton, qui d'ailleurs n'existe pas en Bretagne mais en notre belle région du Véron . »

L'intervention de Grandgousier souligne les qualités de réflexion de Gargantua (« esprit », « docteur », « intelligence »), en opposant et en associant l'étendue de son esprit et son jeune âge (l'apostrophe hypocoristique « mon petit garçonnet » et la comparaison méliorative « plus d'intelligence que d'âge » le relèvent). Les interjections (« oh », « Par Dieu ») confirment l'admiration du père, et le recours au futur engage une promesse de promotion dans le monde du savoir. La récompense promise est autant professionnelle que culinaire et rappelle de manière amusante que l'on a affaire à des géants (soixante fûts »). Grandgousier invite son fils à continuer son raisonnement, grâce à l'impératif (« poursuis donc ») et le verbe « prier ». Le registre héroï-comique est à nouveau employé avec l'adjectif « torche-culatif » qui présente le sujet comme scientifique et parodie le jargon des savants.

- le recours à l'expérience

« — Je me torchai ensuite, dit Gargantua, d'un couvre-chef, d'un oreiller, d'une pantoufle, d'une gibecière, d'un panier (mais oh le mal plaisant torche-cul !), puis d'un chapeau. Et notez que, parmi les chapeaux, certains sont faits d'un poil ras, d'autres de fourrure, de velours, de taffetas, de satin. Le meilleur de tous est celui qui est couvert de poils. Car il permet une très bonne absorption de la matière fécale. Puis je me torchai d'une poule, d'un coq, d'un poulet, de la peau d'un veau, d'un lièvre, d'un pigeon, d'un cormoran, du sac d'un avocat, d'une barbute , d'une coiffure, d'un leurre . »

A partir de là, Gargantua reprend le compte-rendu de ses expériences, qu'il avait déjà entamé précédemment. Ce compte-rendu se fait au passé simple pour restituer les diverses tentatives, et il est constitué d'une énumération d'objets et d'éléments disparates. Le comique vient de la variété des supports employés, du caractère hétéroclite de ces éléments et de l'aspect inapproprié de certains (une barbute, un sac d'avocat).

On peut remarquer que l'expérience sollicite les sens et que le torche-cul doit être non seulement efficace mais aussi plaisant (le panier est rejeté comme étant « mal plaisant »).

Cette liste est le fruit d'une expérimentation scientifique, qui se base sur des observations (impératif « notez que », qui permet aussi d'associer Gg et le lecteur au raisonnement) et des conclusions (« le meilleur

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