Gargantua de François Rabelais
Commentaire de texte : Gargantua de François Rabelais. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Laurent Florentin • 1 Avril 2022 • Commentaire de texte • 3 974 Mots (16 Pages) • 991 Vues
François Rabelais, écrivain français du XVI ème siècle, est un humaniste pendant la période de la Renaissance. Ses œuvres principales sont Pantagruel (1532) et Gargantua (1534). Ce dernier est un roman, une fiction qui parle d’un jeune homme nommé Gargantua né de l’oreille de sa mère. Durant les premières années de sa vie il ne fait que ce qu’il lui plaît jusqu’à ce que son père décide de lui donner une bonne éducation afin de ne pas gâcher son intelligence. Dans cette œuvre l’auteur utilise différents types de comique afin d’amuser ses lecteurs. On retrouve dans Gargantua le comique de mots. Il sert principalement à faire rire en déformant les mots, en utilisant des prononciations inhabituelles, une façon de parler qui est exagérée ou encore un langage inventé. Le comique lié au bas corporel est également utilisé on y retrouve les besoins primaires des hommes comme la déglutition, la digestion, la défécation et la sexualité. Ces mots sont principalement utilisés pour mettre en scène le rabaissement de l’autre et de soi par le biais de la matière. Pour finir, la démesure est omniprésente dans Gargantua. Cela se montre par une attitude exagérée, l'excès d’une situation, les sentiments qui sont multipliés. En utilisant l’humour, Rabelais essaye de faire réfléchir les lecteurs sur certains sujets sérieux. L’éducation, la religion et les conséquences de la guerre sont les principaux thèmes abordés. Ce sont des sujets sociétaux omniprésents dans le contexte où a été Gargantua. Dans quelle mesure Gargantua, un récit humoristique, donne-t-il à réfléchir? Dans un premier temps nous verrons que Gargantua est une œuvre comique puis, qu'elle développe l'accès des personnages à différents savoirs. Finalement nous analyserons l’aspect de l’accession au savoir par le rire.
Tout d’abord nous verrons que ce roman de Rabelais est une œuvre comique. Le langage est source de comique destiné à faire rire à travers différents types d’humour.
Dans Gargantua on retrouve le comique de mots, de caractère comme avec la stupidité des savants, de situations, le comique lié au bas corporel et également la démesure présente dans l'œuvre. « [...] je comprends que son intelligence participe de quelque puissance divine tant je la trouve aiguë, subtile, profonde et sereine[...] » L’analyse de l’intellect de Gargantua par son père trouve son comique dans les mots car cela va à l'encontre des règles sociales. Il utilise des termes mélioratifs pour analyser un comportement qui serait honteux et irrespectueux dans le monde réel. Les prénoms sont aussi source de rires dans Gargantua. Les jeux de mots et autres calembours composent les patronymes des personnages du roman. Le prénom de Gargantua par exemple, veut dire gros mangeur, goinfre, ogre ce qui a donné l’expression “manger comme un Gargantua”. L’explication que donne Rabelais dans l'œuvre est similaire.”[...] son fils avait poussé en entrant dans la lumière de ce monde, quand il braillait pour demander : « À boire ! à boire ! à boire ! » Ce qui lui fit dire : « Que grand tu as ! » (sous-entendez le gosier). À ces mots, les assistants dirent qu'assurément il devait, pour cette raison, recevoir le nom de Gargantua, [...]”. On retrouve un autre comique de mots lorsque Gargantua arrose la ville de Paris avec son urine. « Carymary, caramara ! Par sainte Mamie, nous voilà arrosés par ris ! » Il urine sans gêne ici sur la ville car cela le fait rire. Ce passage grotesque a pour but d’amuser le lecteur d’autant plus que les mots par ris 'il donnera le nom a la ville. C’est une manière encore farfelue de déformé la vérité pour amuser la galerie.
Ayant vu que le langage est un moyen de faire rire avec des calembours et les jeux de mots sur les prénoms, nous allons voir que d’autres types de comiques sont utilisés. Rabelais est très friand des situations comiques et invraisemblables
Pour amuser ses lecteurs, Rabelais utilise des situations comiques. Ces moments loufoques parsèment le récit et donnent son aspect humoristique à l’œuvre. Dans certains passages c’est la démesure qui sera utilisée comme ici : « ensuite on lui apporta , pour l’allaiter 10900 vaches de Pautille et de Brehemand ». La quantité de vaches dans cet extrait peut montrer une volonté d’être comique à travers l’excès. La disproportion continue jusque dans les tailles reliées à Gargantua. Par exemple les détails de ses vêtements « Pour sa chemise furent utilisées neuf cents aumes de toile de Charelleraut, et deux cents pour les goussets en forme de carreaux qu’on disposa sous les aisselles ». Plus les situations sont farfelues, gigantesques et improbables, plus cela devient comique. Les scènes les plus comiques se trouvent principalement durant le début du livre puisqu’il parle de l’enfance de Gargantua comme les différents jeux du géant qui sont plus bizarres les uns que les autres (p 142, 143) «à la brandelle , au tréseau , au bouleau , à la mouche...». On retrouve également une situation comique lorsque Gargantua invente le torche cul considéré comme intelligent par Grandgousier. L’auteur utilise des termes vulgaires et grossiers ( dans chapitre 13 Gargantua fait un inventaire de toutes ses expériences qui se sont soldées par un échec pour déterminer le meilleur torchecul « J’ai essayé la coiffure en velours de cette demoiselle et j’en ai éprouvé également bien du plaisir » « puis je me torchais avec de la sauge , du fenouil , de l’aneth, de la marjolaine , des roses , des feuilles de courges, de choux , de blettes, ... »
Nous avons vu que la recette de Rabelais pour accrocher ses lecteurs était d’utiliser l’humour ainsi que des situations comiques pour intriguer le lecteur et lui donner envie de poursuivre la lecture. Cependant il utilise également un langage pour le moins choquant avec l’emploie de mots grossiers, vulgaires pour interpeller le lecteur.
Rabelais utilise le comique lié à la scatologie lors de la diarrhée de Gargamelle « En la tâtant vers le bas, elles trouvèrent quelques membranes d’assez mauvais goût et pensèrent que c’était l’enfant. En réalité c’était le fondement qui s'échappait». Dès le début, pour la naissance de Gargantua, Rabelais donne le La avec les détails de l’accouchement qui se trouve être, aussi dégoûtant que non conventionnel. Les passages comiques liés aux excréments continus tout le long du récit comme par exemple au Chapitre 13. “J'ai découvert, répondit Gargantua, à la suite de longues et minutieuses recherches, un moyen de me torcher le cul. C'est le plus seigneurial, le plus excellent et le plus efficace qu'on ait jamais vu.” Ici le personnage principal s'adresse à son père avec une fierté exubérante. dans ce même chapitre Gargantua s’amuse en faisant des rimes sur les excréments: “ Chieur [...] Merdeux [...] Péteur [...] Couvert d’excréments [...] Ton lard [...]Qui s’échappe [...] Se disperse [...] Sur nous sale [...] Crotteux … “. L’auteur utilise également le comique qui relève de la farce. Gargantua vole les cloches de Notre-Dame parce qu’il veut la mettre sur son cheval. Le maître de Francio fait un discours incompréhensible pour qu’il rende les cloches « l 122 Ehen, hen, hen , Mna dies Monsieur, Mna dies . Et vobis messieurs » « ce ne serait que très bien que vous nous rendissiez nos cloches » que ce soit les actes de gargantua ou le discours de maître de Francio la farce et l’absurde se mélange. Rabelais utilise les parties génitales pour tourner en ridicule certain personnages comme Janotus de Bragmardo qui fait référence au pénis « ce fut notre Maître Janotus de Bragmardo qu’on envoya » la signification du prénom Maître Janotus de Bragmardo est subtil néanmoins il est grossier.
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