Explication du texte 1 (extrait de l’Acte I, scène 2) : L’exposition d’un stratagème
Commentaire de texte : Explication du texte 1 (extrait de l’Acte I, scène 2) : L’exposition d’un stratagème. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Marie Novella • 6 Juin 2023 • Commentaire de texte • 2 135 Mots (9 Pages) • 203 Vues
Les Fausses Confidences, Marivaux, 1738.
Explication du texte 1 (extrait de l’Acte I, scène 2) : L’exposition d’un stratagème
mise en scène : Jean-Louis Thamin, filmé en mars 2005 au Théâtre Silvia Monfort
Introduction :
Le XVIIIe siècle est particulièrement marqué par l’esprit philosophique des Lumières. C’est un
siècle de contestation et de remise en question des préjugés et de l’autorité de la tradition.
Par ailleurs, la prospérité du commerce et des premières industries entraîne une modification des
rapports de force dans la société. Cette dernière se compose de trois ordres : la noblesse, le clergé et le
Tiers-État. D’un côté, la noblesse s’appauvrit, certains sont victimes de la banqueroute de Law tout comme
Marivaux ; de l’autre, la bourgeoisie s’enrichit par le commerce et acquiert des titres de noblesse, soit par
l’achat de charges, soit par d’habiles alliances.
Dans le genre de la comédie, apparaissent, sous la plume de Marivaux, des personnages aux prises avec les
difficultés de leur temps : argent et rang social. Dorante, pourtant issu d’une bonne famille, est contraint
de se mettre au service d’Araminte, une riche veuve, mais il est amoureux d’elle et espère l’épouser en
dépit de sa pauvreté. Au contraire, la mère d’Araminte, madame Argante, veut lui faire épouser le comte
Dorimont.
Dans cet extrait de la scène 2 de l’acte I, Dorante et Dubois, son ancien valet à présent au service
d’Araminte, élaborent le stratagème qui doit permettre à Dorante d’épouser Araminte. Dubois use de
son influence auprès de cette dernière afin de faire embaucher Dorante à son service.
LECTURE DU TEXTE
Ainsi, nous nous demanderons comment Dorante et Dubois échafaudent, dès le début de la pièce, le
stratagème qui doit permettre à Dorante d’épouser Araminte en faisant fi des obstacles que
représentent la classe sociale et l’argent.
Dans la première partie du texte (« Cette femme-ci » - « extrêmement raisonnable ? »), les deux hommes
confrontent la position sociale de Dorante et celle d’Araminte et Dorante se montre sceptique quand à la
réussite de son projet de mariage.
Dans la seconde partie du texte (« Tant mieux pour vous » - « nous ferons le reste »), Dubois explique en
détails son plan à Dorante.
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I - La différence de statut social comme obstacle au mariage
Tout d’abord, Dorante expose à Dubois la différence de statut social qui existe entre lui et
Araminte et la présente comme un obstacle à leur mariage : « Cette femme-ci a un rang dans le monde ».
Dès le début du texte, c’est par son statut social qu’Araminte est présentée et l’on devine alors que cette
question constituera l’un des enjeux principaux de la pièce. Le superlatif « elle est liée avec tout ce qu’il
y a de mieux » accentue la hauteur de la position d’Araminte et donc le contraste avec celle de Dorante.
Ensuite, Araminte est définie par son statut marital : « veuve d’un mari qui avait une grande charge
dans les finances ». La position d’Araminte, veuve encore jeune et héritière d’une position sociale et d’une
fortunes importantes, fait d’elle un parti convoité et qui peut prétendre à un mariage intéressant. C’est
pourquoi sa mère, madame Argante, souhaite lui faire épouser le comte Dorimont. Ce mariage permettrait au
comte de gagner une dot considérable et à Araminte d’acquérir un titre.
Ainsi, face à cette situation, Dorante se désole auprès de Dubois, indique qu’il ne croit pas à la
possibilité de réaliser son désir en épousant Araminte : « tu crois qu’elle fera quelque attention à moi, que je
l’épouserai ». Dans la mise en scène visionnée, le comédien dit cela d’un ton désolé, apitoyé. Il ne s’attend
pas à ce qu’elle lui accorde la plus petite attention, à ce qu’elle lui accorde le moindre regard en tant que
parti envisageable. Le futur sert ici à dénoncer l’illusion de Dubois qui croit pouvoir réaliser le rêve fou de
son ancien maître.
Avec la répétition du pronom personnel de forme tonique « moi » associé à la négation totale :
« moi qui ne suis rien, moi qui n’ai point de bien ? », Dorante crée un effet de contraste fort entre Araminte,
au sommet de l’échelle sociale et lui qui ne serait rien (il faut noter ici l’exagération de Dorante, dans les
deux sens d’ailleurs ; on peut formuler l’hypothèse qu’elle est due à l’amour qui le conduit à idéaliser l’être
aimé comme Ruy Blas, dans la pièce de Victor Hugo du même nom - 1838 -, amoureux de la reine, qui dit de
lui qu’il est un « ver de terre amoureux d’une étoile »). Ainsi présenté, l’écart de condition se donne à voir
immédiatement comme un obstacle infranchissable.
À cette attitude défaitiste, Dubois oppose un optimisme sans faille. Il oppose à la pauvreté
financière une dignité dans l’apparence physique
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