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Analyse méthodique : L'ancienne gare de Cahors - Valery Larbaud

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Par   •  7 Décembre 2024  •  Analyse sectorielle  •  1 270 Mots (6 Pages)  •  28 Vues

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Analyse méthodique : « L’ancienne gare de Cahors », V. Larbaud

I – Exploiter le paratexte

Auteur

Valéry Larbaud (1881-1957) : grand voyageur, riche héritier, rentier, qui a profité de sa fortune pour voyager, en train

Epoque / contexte historique / mouvements littéraires

1913 : Attention, il est trop tôt pour évoquer le surréalisme (et le poème ne relève clairement pas de l’écriture surréaliste). On peut cependant évoquer l’Esprit nouveau. Le recueil est contemporain d’Apollinaire, de Cendrars (Prose du Transsibérien).

Titre(s)

2 titres :

  • Titre du recueil : Les Poésies de A.O. Barnabooth
  • Titre du poème : « L’ancienne gare de Cahors »  ce n’est plus la gare de Cahors ; le titre annonce que le poème fait référence à une époque révolue ; « gare » évoque le thème du départ, du voyage, mais aussi (nous sommes en 1913), la modernité.

Chapeau

Thème du voyage

Genre

Poésie

Type de texte

Poème en vers, hétérométrique, sans rimes  modernité de la forme

II – Premiers éléments accessibles dès les premières lectures du texte

1° La personnification de la gare : Cette gare abandonnée est présentée comme une vieille dame délaissée.

  • Enonciation : le poète s’adresse directement à la gare (utilisation de la P2 tout au long du poème, soit avec le pronoms personnel « tu », soit avec les déterminants possessifs : « ta marquise », « ton quai vide », « ton quai silencieux », « ton seul visiteur, etc. + apostrophes : « Voyageuse ! ô cosmopolite ! », « Ô gare ») bien que ce soit un inanimé, comme s’il s’agissait d’un être humain.
  • Polysémie de l’adjectif « ancienne » dans le titre du poème : 1° qui n’est plus en fonction, 2° vieille, âgée
  • « Vieille et rose », v.4
  • Choix d’un lexique habituellement réservé aux êtres humains : « Voyageuse », « cosmopolite », « retirée des affaires » (expression où point une douce dérision, comme si la gare était un travailleur poussé vers la retraite), « tu reposes », « tu goûtes les saisons », « tranquille ». Elle est dotée de sensations : vue (« gare qui as vu tant d’adieux »), toucher (« ne te caresse plus », « chatouillement »).
  • Être féminisé (le substantif « gare » est déjà féminin) : les noms « marquise » et « robe », même s’ils ne s’appliquent pas directement à la gare dans le texte, dessinent l’image d’une femme.

2° Un hommage à la gare

  • Enonciation : apostrophes + utilisation de la P2
  • Ton oratoire et déférent :
  • Utilisation à plusieurs reprises de l’interjection « ô » servant à introduire une apostrophe de façon emphatique : « ô cosmopolite », « Ô gare », « ô double porte » …
  • Rythmes ternaires : v.2, v12-13
  • Phrases exclamatives : v.1
  • Polysémie de « cœur » dans le dernier vers : à la fois « ce qui est au milieu » et ce qui est dans le cœur, i.e. ce qui nous est cher
  • Tonalité également lyrique (abondance du champ lexical de la nature), voire élégiaque et pathétique : nostalgie d’un âge d’or révolu, tristesse, mélancolie (« adieux »)

III – Eléments dégagés après une analyse plus approfondie

Procédés

Citations

Interprétations / intentions

Adverbes de temps

« à présent », v.1

« autrefois », v.7

« désormais », v.17

« enfin », v.25

Opposition (antithèse) entre un passé vivant, glorieux, et un présent éteint et figé, entre ce que la gare est devenue et ce qu’elle n’est plus.

Ce contraste entre hier et aujourd’hui permet d’accentuer le sentiment de nostalgie qu’inspire ce passé révolu.

Au fil du poème, le champ lexical du monde ferroviaire, symbole de la modernité (« express »), est peu à peu supplanté par la champ lexical de la nature. Cela illustre qu’au fil du temps, la nature a repris ses droits.

Temps verbaux : présent vs passé (imparfait + passé composé)

Présent : « tu étends », « tu reposes », « tu goûtes », , « ne te caresse plus », « ils passent », « te laissent »

Imparfait : « balayait »

Passé composé ;

« Ô gare qui as vu tant d’adieux »

Expression de la négation

« Dés-affectée »

« in-utile »

« ne te caresse plus »

« sans s’arrêter »

Champ lexical du voyage et du monde ferroviaire, modernité

« gare » (titre + poème)

« voyageuse », v.1

« cosmopolite », v.1

« voie », « quai », « express », « salles d’attente », « départs », « rails », « trains »

Champ lexical de la nature

« soleil », « collines », « prairie », « été », « saisons », « brise », « soleil », « pierres », « lézards », « vent », « herbe », « pelouse », « bucolique »

Champ lexical du repos vs champ lexical du mouvement (  antithèse)

Repos : « rangée, retirée des affaires », « vide », « silencieux », « tu reposes », « paix », « tranquille »

Mouvement : « Voyageuse », « tourbillonnant », « express », « départs », « ébranlement des trains »

Isotopie de l’abandon

« ancienne »

« désaffectée », « retirée des affaires », « en retrait », « inutile », « vide », « les portes toujours fermées », « rouille », « ton seul visiteur », « ne te caresse plus », « loin de toi », « te laissent »

Contribue à renforcer l’idée que la gare est désormais comparable à une personne abandonnée, délaissée

Enchaînement de 3 participes passés (mis en valeur par le rythme ternaire) en apposition avec le sujet « tu », exprimant tous la même idée, mis en relief en étant placés au début de la phrase (le sujet n’apparaît qu’au vers 6 : tu)

« Désaffectée, rangée, retirée »

Anaphore + rythme ternaire

« tant d’adieux, tant de départs et tant de retours », v.12-13

Amplification, ton oratoire, exprime l’intensité, l’effervescence de l’activité passée, mais aussi les regrets

Antithèse

« les portes toujours fermées » (v.10) vs « ô double porte ouverte », v.14

Même si elle est devenue un lieu inutile sur le plan pratique en tant que gare, elle reste un lieu privilégié pour s’évader dans la rêverie.

Lexique mélioratif

« Charmante », « joie », « éblouissante »

Lieu déserté par l’activité humaine mais qui échappe à la déchéance ; où la cyclicité du voyage (« tant de départs et tant de retours ») a été remplacée par une autre cyclicité d’ordre supérieur, cosmique (cf. « cosmopolite », v.1) : celle des « saisons qui reviennent » (v.18). Ainsi, quoiqu’abandonné, la gare n’a pas perdu toute valeur, au contraire : c’est un lieu transcendé et transcendant. Le spectacle de ce lieu abandonné invite à une contemplation presque mystique (« immensité », « Dieu »).

Isotopie du temps cyclique

« tant de départs et tant de retours »

« saisons qui reviennent »

...

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